les trois petit cochons 2

Chapitre 19

Le matin se lève, baignant la clairière d'une lumière dorée, mais cette fois, l'aube ne parvient pas à dissiper la tension qui pèse sur nous. Nous savons tous que ce jour pourrait être celui où tout basculera. Scorn est là, quelque part, planifiant son attaque, et il ne viendra pas seul. Nous avons rassemblé nos forces, renforcé nos défenses, mais malgré tout, une part de moi ne peut s'empêcher de ressentir une peur sourde, celle de tout perdre.

Le Loup est déjà debout, veillant sur les louveteaux qui dorment encore. Il a passé la nuit à patrouiller, incapable de trouver le sommeil. Chaperon, elle aussi, est réveillée, ses yeux scrutant l'horizon, à l'affût du moindre signe de mouvement dans les bois. Les cochons, plus silencieux que d'habitude, s'activent à mettre en place les derniers détails des pièges que le Petit Poucet a conçus.

Je m'approche du Loup, sentant que l'heure approche.

- Comment te sens-tu ? demandai-je doucement, posant une main sur son épaule.

Il tourne vers moi un regard fatigué mais déterminé.

- Prêt, dit-il simplement. Mais aussi inquiet. Scorn est implacable. Il ne reculera devant rien pour nous détruire.

Je hoche la tête, comprenant parfaitement sa crainte. Scorn est un adversaire redoutable, non seulement par sa force physique, mais aussi par la haine qu'il nourrit depuis si longtemps.

- Nous devons rester unis, dis-je en essayant de lui donner un peu de réconfort. C'est notre meilleure chance. S'il voit que nous ne sommes pas divisés, cela pourrait l'affaiblir.

Le Loup acquiesce, puis jette un coup d'œil vers ses enfants qui commencent à s'éveiller. Leur présence semble lui donner la force dont il a besoin pour affronter ce qui nous attend.

Le reste de la matinée est consacré aux derniers préparatifs. Les pièges sont en place, les défenses prêtes, et chacun sait ce qu'il doit faire. Mais l'attente est la plus difficile. Le silence de la forêt est presque assourdissant, chaque craquement de branche nous faisant sursauter.

C'est au milieu de l'après-midi que la tempête éclate.

Un cri strident retentit soudainement dans la forêt, suivi par un rugissement guttural. C'est le signal. Scorn et ses alliés sont là. Le Loup se redresse immédiatement, ses muscles tendus, prêt à défendre ce qui lui est cher. Les cochons se regroupent autour de Chaperon et des louveteaux, formant un cercle de protection. Le Petit Poucet, armé de son intelligence aiguisée, se positionne pour diriger nos défenses.

Les bruits de pas lourds résonnent à travers les arbres, et je sens la terre vibrer sous mes pieds. Une silhouette émerge des bois, puis une autre, et encore une autre. Scorn est là, en tête, suivi par une meute de loups aussi grands et redoutables que lui. Leur regard est empli de malveillance, et je sais qu'ils ne reculeront devant rien pour accomplir leur sombre dessein.

- Scorn, crie le Loup en s'avançant, ses yeux rivés sur son frère. Tu n'as pas à faire cela. Nous pouvons encore trouver une autre solution.

Mais Scorn éclate de rire, un rire froid et cruel.

- Tu parles comme un faible, réplique-t-il en s'approchant. Il n'y a pas de place pour la faiblesse dans ce monde. Si tu es trop aveugle pour le comprendre, alors tu périras avec eux.

Sans plus attendre, Scorn lance l'assaut. Les loups de sa meute se précipitent vers nous, leurs crocs étincelant à la lumière du jour. Le Loup se jette en avant pour les arrêter, son souffle puissant les repoussant un instant, mais ils reviennent à la charge, plus féroces encore.

C'est le chaos. La bataille s'engage dans la clairière, chacun luttant pour protéger ce qu'il a de plus cher. Les cochons, armés de bâtons et de pierres, se défendent avec une détermination nouvelle, leur peur ayant laissé place à une rage de survie. Chaperon, agile et rapide, parvient à éviter les assauts des loups, utilisant sa cape rouge pour les désorienter.

Le Petit Poucet, quant à lui, dirige les pièges avec une précision impressionnante. Un loup s'élance vers lui, mais il actionne un mécanisme, et le loup se retrouve pris au piège, immobilisé. Les lutins, bien que petits, utilisent leur agilité pour semer la confusion parmi les assaillants, les piégeant dans des filets ou les attirant dans des fossés dissimulés.

Mais Scorn reste impitoyable. Il semble inépuisable, repoussant chaque tentative de son frère de le raisonner. Leur combat est d'une intensité effrayante, un mélange de haine et de fraternité brisée. Le Loup, bien qu'épuisé, refuse de céder, luttant avec tout ce qu'il a pour protéger sa famille et ses amis.

Je me bats du mieux que je peux, utilisant les quelques compétences que j'ai acquises depuis mon arrivée dans ce monde. Mais je sens que nos forces commencent à faiblir. Les loups sont nombreux, et bien qu'ils tombent les uns après les autres, ceux qui restent continuent de se battre avec une férocité redoublée.

C'est alors qu'un cri retentit derrière moi. Je me retourne pour voir un loup s'élancer vers les louveteaux, profitant d'un moment de distraction de notre part. Mon cœur se serre, et sans réfléchir, je cours vers eux, déterminée à les protéger.

Le loup est rapide, mais je parviens à m'interposer juste à temps, brandissant une branche épaisse pour le repousser. Il grogne, prêt à m'attaquer, mais avant qu'il ne puisse faire un pas de plus, un hurlement puissant retentit dans la clairière.

C'est le Loup. Il a vu ce qui se passe, et la vue de ses enfants en danger réveille en lui une force nouvelle. Il se précipite vers nous, sa colère et sa détermination le poussant à se battre avec une vigueur renouvelée. Il bondit sur le loup qui me menaçait, le repoussant violemment.

- Personne ne touche à mes enfants ! gronde-t-il, sa voix résonnant avec une autorité indéniable.

Le loup s'éloigne, effrayé par cette démonstration de force. Le Loup se tourne alors vers Scorn, le défiant une dernière fois.

- Cela suffit, Scorn, crie-t-il. Regarde ce que tu fais ! Regarde ce que tu es devenu !

Mais Scorn, aveuglé par sa haine, refuse d'écouter. Il se prépare à porter un coup final, mais c'est alors que quelque chose d'inattendu se produit. Les loups qui entouraient Scorn, voyant la détermination du Loup et la manière dont il protège les siens, commencent à hésiter. Ils se regardent, incertains, puis certains d'entre eux reculent, refusant de continuer le combat.

Scorn, furieux, tente de les rassembler, mais c'est trop tard. La loyauté de ses alliés vacille, et un à un, ils abandonnent le combat, refusant de suivre un chef qui les mène à la destruction. Scorn, désormais isolé, comprend enfin qu'il a perdu, non seulement la bataille, mais aussi l'emprise qu'il avait sur ses semblables.

Le Loup s'avance vers lui, son souffle court, mais son regard est empli de tristesse.

- Il n'est pas trop tard, murmure-t-il. Tu peux encore changer, Scorn. Tout comme moi.

Mais Scorn ne veut rien entendre. Il grogne une dernière fois, un son rempli de dépit et de frustration, avant de se retourner et de disparaître dans la forêt, emportant avec lui ce qui reste de sa meute.

La bataille est terminée. Nous avons gagné, mais le prix à payer a été lourd. Je m'effondre, épuisée, tandis que les autres se regroupent autour du Loup, le remerciant de leur avoir sauvé la vie. Chaperon, toujours calme malgré les événements, s'assure que tout le monde va bien, offrant des paroles réconfortantes à ceux qui en ont besoin.

Le Loup, malgré sa victoire, reste pensif. Il sait que ce n'est pas la fin. Scorn reviendra peut-être un jour, et d'autres dangers nous guettent encore. Mais pour l'instant, nous avons réussi à protéger ce qui compte le plus : notre espoir d'un avenir meilleur.

Alors que le soleil se couche, nous nous rassemblons une dernière fois autour du feu. Il y a un sentiment de soulagement dans l'air, mais aussi une reconnaissance mutuelle. Nous avons combattu ensemble, et nous avons prouvé que, malgré nos différences, nous sommes plus forts unis que divisés.

Je m'endors cette nuit-là avec une pensée réconfortante.

Nous avons survécu à cette tempête, et bien que d'autres épreuves nous attendent probablement, je sais que nous avons la force de les surmonter. Parce que maintenant, nous sommes une véritable famille, liée par une cause commune, prête à affronter ce que l'avenir nous réserve.