Chapitre 5 - Militaires

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Pour rejoindre la caserne, je dois m'enfoncer dans les terres. Les environs sont déserts, seuls les arbres et les cailloux sous mes semelles me tiennent compagnie.

Si quelqu'un cherchais une manière de me tuer, je viens de le lui fournir sur un plateau.

Je regarde Cosmos du coin de l'oeil. Heureusement qu'il est là, lui. Nous avons bravé des tempêtes, brûlé dans la chaleur infernale de la cabine en plein été, pleuré notre être le plus cher. Toujours ensemble. Et maintenant, nous nous apprêtons à découvrir la vérité.

Après encore une vingtaine de minutes, j'aperçois un bâtiment en briques claires, encerclés d'arbres. Seul un espace à gauche a été dégagé pour laisser place à un parking rempli. La caserne ne possède que deux étages, mais s'étend sur les cotés et en profondeur en forme de U, ne laissant peu entre-apercevoir l'intérieur. Seules des fenêtres, telles deux gardes du corps, encadrent la porte principale. Je la pousse avec difficulté, venant à user de mon poids pour atteindre l'intérieur.

Un comptoir vide me fait maintenant face. Des chaises longent le bord droit du mur et se finissent par un distributeur de nourriture. À ma gauche, j'aperçois deux portes. L'une donne directement sur une petite pièce, mais la porte teintée m'empêche d'y distinguer plus. Par contre la deuxième m'attire à elle. La porte y est transparente, donnant sur un couloir qui s'ouvre sur plusieurs accès. Des militaires s'infiltrent quelques secondes dans mon champ de vision avant de rejoindre leur occupation.

Je m'avance vers le fond, prête à rejoindre l'animation de la fourmilière lorsqu'un homme apparaît dans l'embrasure d'une porte à ma droite. Je sursaute, surprise par cet accès à moitié caché par le distributeur.

- Je peux vous aider ? Demande-t-il en grec.

Devant mon incompréhension, il réitère sa question en anglais. Comme seule réponse je hoche la tête, hésitante quant-a la marche à suivre. Devant son regard interrogateur, je me racle la gorge et décide de me lancer.

- Je cherche des informations sur une unité française qui a séjourné ici il y a un an.

- Je suis désolé, je ne suis pas habilité à fournir ce genre d'informations.

- Alors trouvez moi quelqu'un qui est habilité à le faire, dis-je froidement.

- Madame... souffle-t-il manifestement agacé de cette conversation.

- Que se passe-t-il Yan?

Ce dernier se crispe en entendant cette voix autoritaire dans son dos. Il se tourne d'un coup vers l'homme d'une cinquantaine d'années qui vient d'apparaître dans l'entre-baillure de la porte en verre. Il reste en salut quelques instants avant d'oser répondre :

- Monsieur, cette dame s'apprêtait à partir.

Il me lance un regard entendu. Une forte envie de lui faire ravaler son arrogance me picote les doigts mais je me contiens. A la place, je me tourne vers l'homme aux cheveux poivre et sel. Vu comment l'autre bouffon à peur, il doit s'agir d'un haut grade. Parfait pour moi.

- Monsieur, pourrions-nous nous entretenir seul?

L'intéressé hausse un sourcil, visiblement étonnée de mon assurance. Mais je vois bien que ses yeux sont durs, il ne va pas me laisser approcher.

- Et vous êtes ? il demande lentement, écorchant chaque syllabe de son accent prononcé.

- Sasha Tessier, Monsieur.

Je lui tends une main assurée qu'il inspecte quelques secondes. Son étonnement laisse place maintenant à de l'hésitation. En tout cas, s'il connaît Noah, il n'en laisse rien paraître.

L'ombre des vaguesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant