Je me demande si tout cela valait le coup. Mourir sous les mains d'un inconnu, même pas deux jours après avoir commencé à fouiner. Le plus gros échec de ma vie. D'ailleurs surement le dernier, vu la tournure des événements.
L'homme m'agrippe par les cheveux pour me regarder. J'émets une grimace de douleur malgré moi, sentant mon cuir chevelu se décoller. Je vois nettement ses traits maintenant. Avec son visage digne d'un cours de géométrie et une balafre au milieu de sa joue droite, il fait drôlement peur. Je ferme les yeux, déterminée à ne pas en faire ma dernière image. Je me remémores à la place, le sourire lumineux de Noah. Ce qu'il me manque... Je viens te rejoindre frérot.
J'entends un « crac » et me prépare à recevoir le coup fatale. Au lieu de ça, la prise sur mes cheveux se dissipe et ma tête vient cogner de nouveau le sol. Trop de choc pour ce petit crâne alors mes oreilles se rebellent et se mettent à bourdonner. Je vois flou, ne distinguant quasiment plus le plafond de ma cabine. J'émets un grognement avant de m'appuyer sur les coudes pour comprendre ce qu'il se passe. L'homme saigne abondamment au niveau de l'abdomen sur lequel je distingue des morsures. Mon poursuivant titube vers le ponton en se tenant le ventre dans une grimace. Il ne lui faut que quelques secondes pour disparaître dans la pénombre.
Cosmos me fixe, les babines ensanglantées. Il vient me renifler et tente de me lécher le visage mais je dévie sa trajectoire.
Pas trop envie d'avoir le sang de l'autre sur la gueule...Après plusieurs minutes sans bouger, je me force à me lever. J'ai l'impression d'avoir un couteau enfoncé dans ma matière grise. Mon premier réflexe est de venir fermer à clé la cabine, non sans jeter des coups d'oeil à droite à gauche pour vérifier que l'homme a bien déguerpis. J'atteins avec difficulté la salle de douche, manquant plusieurs fois de rendre la nourriture de la journée.
Je frotte Cosmos avec le peu d'énergie qu'il me reste. Ce dernier ne bronche pas, prenant presque du plaisir comme si les évènements précédemment n'avaient pas eu lieu, tandis que je tremble encore. Je tâtonne l'arrière de mon crâne et à ma plus grande joie, mes doigts ne se couvrent pas d'un liquide rouge visqueux. Cela n'empêche pas de faire un mal de chien. Je cherche dans l'un des tiroirs de quoi me soulager avant de m'allonger sur le lit de camp.
La tête me tourne mais j'en fais abstraction, essayant de m'éclaircir les idées. Cet homme...J'en ai des frissons rien qu'en me remémorant son visage. Satané militaire ! J'imagine sans peine Nikolas demander à l'un de ses sbires de faire son sale boulot.
Putain de lâche! Cela dit c'est certainement grâce à l'incapacité de l'autre que je suis toujours en vie...Cela me confirme que j'ai touché une corde sensible. Mais je ne peux m'empêcher de me demander...Est-ce que Noah a subit le même sort? Est-ce le même sbire qui s'est salit les mains? Ça voudrait dire que Nikolas est le responsable? Si cela s'avère vrai... Je m'en fou des représailles, je vais lui montrer comment se salir les mains. Je sais que ce n'était pas là mon objectif de départ, mais je ne peux décidément pas laisser un connard pareil faire du mal à un autre innocent.
L'analgésique commence à faire effet et doucement je sombre dans le sommeil, Cosmos blotti à mes cotés.
Je me réveille, aveuglée par les rayons qui pénètrent dans l'habitacle. En tentant d'ouvrir les yeux vers la source de lumière, une vive douleur vient se loger à l'arrière de mon crâne.
- Putain de merde ! Ça fait un mal de chien...
Cosmos relève la tête vers moi.
Tu te sens concerné c'est ça ?
Je le caresse longuement encore ensommeillée. J'ai le droit à des coups de langues sur le visage comme rappel de réveil. Magnifique...
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L'ombre des vagues
RomanceSasha fuit depuis 68 jours sa ville natale à bord de son voilier, espérant tant bien que mal semer le démon à qui elle a ouvert sa porte. Mais plus que ça, elle cherche des réponses. La mort de son frère qui paraissait un simple accident dramatiqu...