Chapitre 6 - Implications

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Le bruit constant de la jambe de Nikolas qui tressaute sous la table, me tend au plus haut point. Les vibrations remontent jusque dans la table puis dans ma colonne vertébrale par l'intermédiaire de mes mains croisées sur le métal froid. Un frisson me parcourt.

Je fixe le colonel absorbé dans sa lecture qu'il ponctue de froncement de sourcils ici et là. Faisant attention à chaque changement sur le visage de ce dernier, j'essaie tant bien que mal de calmer l'angoisse qui me ronge. Les minutes défilent mais ressemblent plutôt à des heures.

Je soupire malgré moi. Le militaire relève la tête dans ma direction avant de fermer le dossier bruyamment.

- Bon, s'exclame t-il en soupirant.

Mon ventre se serre et mon cerveau s'imagine les pires scénarios plausibles. Je mordille les peaux autour de mon pouce pour calmer les battements frénétiques de mon coeur.

- Comme je m'y attendais, il n'y a rien ici qui puisse vous aider. Je suis désolé.

Mon cerveau arrête de fonctionner lorsque je le vois se lever.
C'est tout? Il ne cache même pas son  total désintérêt. Quel enflure !
La lassitude vient pointer le bout de son nez et pendant quelques instants, je considère réellement de laisser tomber.
Tu baisses les bras au premier obstacle ?! Tu t'attendais à quoi hein?  Qu'on te fournisse les réponses sur un plateau d'argent ?
Je serre les mâchoires et dans un bond, viens barrer la route du militaire.

- Comment ça, il n'y a rien?

- Comme je l'ai dis...

- Non, le coupais-je. Arrêtez de me prendre pour une idiote. Tout ce cirque est ridicule ! Mon frère faisait partis d'une compagnie entière ! Vous savez combien d'hommes cela fait, pas besoin de vous apprendre votre métier. Environ 150. Et combien de son unité est arrivée à l'improviste ici? 15.

Je reprends mon souffle tandis que Nikolas me foudroie du regard. Toujours posté entre la porte et lui, il me domine de sa grande taille. Je peux voir sa veine pulser et d'un coup je me demande ce que je fais ici. Si cet homme essaie de me cacher la vérité, il y a bien une raison. Il sait des choses. Même peut-être est-il impliqué. Dans quel cas, il est très dangereux pour moi de rester ici. Je me suis exposée, j'ai montré à cet homme les informations qui étaient en ma possession. Je m'en rends compte, maintenant que ses traits se déforment de colère. Grave erreur Sasha.

Je recule jusqu'a sentir le métal de la poignet. Cosmos a mes pieds, est sur le qui-vive prêt à bondir sur l'ennemi au moindre mouvement. Ce dernier fait un pas dans ma direction et cela sonne le signal d'alarme. Cosmos se met à grogner tandis que j'empoigne à toute force la clinche et avec mon poids, la porte s'ouvre sur le couloir. Je manque de perdre l'équilibre mais me rattrape in extremis.

Mon coeur continue de tambouriner dans ma poitrine et je regarde autour de moi, cherchant une personne pour venir à mon secours. Mais le couloir est vide... Nikolas me rejoint, ses yeux sombres braqués sur moi. Il ne m'en faut pas plus pour foncer vers la porte menant à la sortie. Derrière moi, ses pas résonnent comme le tic tac d'une horloge. En l'occurrence, annonçant l'heure de la mort. Il se rapproche bien trop rapidement, je n'aurais jamais le temps d'atteindre le bout du couloir.

Tandis que je pense tout espoir disparu, cette même porte que je fixe intensément depuis quelques secondes maintenant, s'ouvre brusquement. Cosmos se met à aboyer, mais le son est différent. Plus doux, plus jovial. Ma confusion est totale lorsqu'apparaît un séduisant brun au yeux noisettes. Alek nous regarde à tour de rôle, l'incompréhension incrustée sur son visage.

- Alek, je ne te savais pas ici, s'étonne Nikolas en forçant les aiguës.

Tout chez lui respire l'hypocrisie et les faux semblants. Il me répugne avec son sourire de travers. Heureusement son attention n'est plus fixée sur moi. Alek me jette un coup d'œil furtif et l'espace d'un instant, j'ai l'impression qu'il lis en moi comme dans un livre ouvert. Cet inconnu que je ne connais ni d'Adam ni d'Eve, se tient en face de moi comme si il avait tout deviné. Je ne sais pas quoi en penser.
Et puis d'abord qu'est-ce qu'il fout là ?? Il me suit?
À cette simple idée, mon corps frémit.

L'ombre des vaguesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant