Après avoir raccroché, il n'a fallu qu'une vingtaine de minutes à Helena pour débarquer devant la maison. Aucune de nous n'a prononcé un mot depuis ce moment là et je lui en suis gré. J'ai bien vu la curiosité se faufiler à travers ses iris lorsqu'elle a compris qui était le propriétaire des lieux. Mais je pense que ma mine déconfite l'a poussé à garder ses questions pour plus tard.
J'observe le paysage à travers la fenêtre se transformer. La ville et les rues pavées sont remplacés par des champs et des prés. Au coin d'une ruelle, la voiture bifurque à droite avant d'atterrir dans un cul-de-sac. Un grillage noire imposant nous bloque la vue, mais je perçois des volets bleus trônant sur une façade grisâtre. Helena laisse la voiture garée devant et m'invite à la suivre. Cosmos semble tout excité et gesticule dans tout les sens à tel point que je manque de lui marcher sur la queue. Je le réprimande tout en suivant de près la militaire.
Nous empruntons une petite porte à notre gauche à moitié cachée entre les feuillages. Après quelques arbres, j'aperçois enfin la maison. Elle est de plein pied avec une petite porte en son centre. Du lierre grimpe ici et là et apporte du charme à la demeure, tandis qu'autour, de grands oliviers emplissent le jardin. L'air est doux et les oiseaux qui sifflotent au dessus de nos têtes, calment mes nerfs encore à vifs.
- C'est calme ici, fais-je remarquer.
- À mon plus grand bonheur, répond-t-elle le sourire aux lèvres.
L'intérieur de la maison est à l'image de la maitresse des lieux. Coloré et accueillant. Cosmos, à l'aise, vient renifler chaque pièce comme si des croquettes pouvaient s'y cacher. Je le laisse découvrir les lieux et suit Helena.
- La chambre d'amis se trouve au fond du couloir, m'indique-t-elle. Installe toi tranquillement, moi je vais préparer un peu de thé. Tu peux me rejoindre lorsque tu es prête.
Je la remercie avant de prendre congé. Je dépose mon sac sur le lit et inspecte la chambre. Elle est plus modeste que chez Alek. Une armoire en bois habille la partie droite de la pièce tandis qu'à gauche, une grande fenêtre vient baigner la chambre de lumière. D'ici, je distingue des champs de colza colorer le paysage de jaune. C'est vraiment magnifique.
Une atmosphère paisible règne dans cet espace. Je ne peux m'empêcher de me demander si c'était la chambre que Noah occupait. Rien qu'à cette idée, mon cœur se gonfle de bonheur. Je suis certaine qu'il était bien ici. Et marcher dans ses pas me donne un petit peu l'impression qu'il est près de moi.
Ces montagnes russes d'émotion m'ont vidé de mon énergie. Je m'allonge en me promettant que ce n'est que pour cinq minutes, mais rapidement le temps défile et le soleil décline dans le ciel. Il doit être maintenant seize heures lorsque je ré-ouvre les yeux.
Le bruit de conversations au-delà de la porte attire ma curiosité. Je trouve sur la table ronde, Helena assise en face d'un homme. Il doit avoir le même age qu'elle, bien que son crâne chauve ne le vieillisse. De petites fossettes se dessinent aux commissures de ses lèvres lorsqu'il sourit à la blague d'Helena. Cette dernière, satisfaite, porte une tasse de thé à ses lèvres.
Elle me sourit lorsque ses yeux se posent sur moi. D'un geste de la main, elle m'invite à les rejoindre.
- Sasha voici mon mari Andros.
L'homme me sourit à son tour et m'indique que la chaise à ses cotés est libre. Alors je m'y installe tandis qu'Helena s'excuse.
- Il ne parle pas très bien anglais.
- Il n'y a aucun soucis, je peux toujours essayer de travailler un peu mon grec, mais pas sure qu'il me comprenne, fais-je remarquer en riant légèrement.
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L'ombre des vagues
RomanceSasha fuit depuis 68 jours sa ville natale à bord de son voilier, espérant tant bien que mal semer le démon à qui elle a ouvert sa porte. Mais plus que ça, elle cherche des réponses. La mort de son frère qui paraissait un simple accident dramatiqu...