Sur le chemin, nous repassons devant le fameux site de pêcheurs. Le monde s'est dissipé nous permettant de distinguer plus nettement le bleu de l'océan. La chaleur grimpe en flèche et mes vêtements collent comme une seconde peau. Je ne rêve que de rejoindre les personnes flottant dans l'eau turquoise.
- Et si on allait se baigner ? je demande subitement.
Alek se stoppe net et me regarde comme si j'étais folle à lier. Je croise les bras tout en le questionnant :
- Quoi ? Ce n'est pas comme si on risquait l'hypothermie, Alek.
- On a pas de serviettes ni de maillot, je te rappelle.
- On n'a qu'à en acheter, rétorqué-je comme si c'était une évidence.
Alek semble sidéré par ma proposition. Son froncement va bientôt permettre à ses deux sourcils de se côtoyer plus souvent.
- Mais c'est débile, j'en ai déjà pleins chez moi.
- Tu vis en Grèce chéri, ça sert toujours.
Il rouspète encore quelques minutes en alternant avec des roulements de yeux lorsque j'arrive à contrer ses plaintes. Mais je le trimballe déjà vers les rues commerçantes. Il se laisse faire, tentant de dissimuler un petit sourire face à ma bonne humeur.
Et oui, c'est plutôt contagieux paraît-il.
La rue est dense de touristes. Il y a ceux qui photographient tout ce qu'ils voient, ceux qui se baladent avec une carte en main et un sac-à-dos pleins à craquer et ceux qui se déplacent d'une démarche nonchalante comme si l'heure ne les touchait pas. Je ne sais pas vraiment si l'on peut me considérer comme une touriste, mais en tout cas, je ne me gêne pas de m'extasier devant tout ce que je vois. Une classe de touristes bien trop peu nombreuse à mon goût.
Nous nous arrêtons dans un premier magasin à la façade jaune claire. La vendeuse nous souhaite la bienvenue, laissant ses yeux se promener un peu plus longtemps sur le jeune grec. Il ne semble pas s'en apercevoir et scrute les étagères avec manifestement peu d'intérêt, le regard dans le vague. Je lui lance un petit coup de coude dans le flan pour le ramener à la réalité, puis pointe du doigt un maillot rayé blanc et rouge.
- Ça t'irait bien celui-là !
- Si tu le dis... me répond-t-il visiblement peu convaincu.
- Rohh allez, ne fais pas cette tête de déterré, je soupire en lui plaquant le maillot de bain contre le torse. File l'essayer.
Sa démarche me fait penser à un animal se préparant à l'abattoir. Ce n'est quand même pas si pénible de faire un peu de shopping. Les hommes, vraiment ! Des drama-queens dans toute son excellence.
Je m'attelle à chercher un maillot deux pièces dans le rayon femme. Mes yeux se posent sur un haut blanc et bleu, dont les motifs me rappellent un peu les vagues de la mer. L'armature remonte entre les deux bonnets, dans un sorte de V à l'envers. La culotte assortie est assez échancrée.
Parfaitement ce qu'il me faut pour faire tomber les défenses d'Alek.Je rejoins les cabines lorsque le grec sort de la sienne. Je tombe nez-à-nez avec ses pectoraux et lâche un cri de surprise.
- Tu cherches à m'étouffer avec, ou quoi ? je m'exclame non sans un petit sourire.
- Si ça peut me permettre de sortir de ce calvaire.
Je lève les yeux au ciel avant d'évaluer sa tenue. Ou du moins, le peu de vêtement qu'il porte. Le maillot lui va parfaitement, laissant visible ses cuisses musclées. Mes yeux remontent tentant désespérément de ne pas m'attarder sur les tablettes qui se dessinent légèrement sur son abdomen. Je n'avais jamais réalisé que sa carrure était aussi imposante. Une pulsion me donne envie de mettre un croc dans ses épaules bombées, me forçant à détourner le regard.
- Hum... Parfait ça, je confirme en regardant le plafond.
Alek me regarde avec son satané sourire moqueur collé au visage. Je vais me cacher dans la cabine d'essayage, honteuse d'être tombée dans le panneau.
Ne t'inquiètes pas coco, la partie ne fait que commencer.
J'enfile rapidement le maillot de bain et avise de ce que le reflet me renvoie. Le tenga tombe parfaitement, laissant mes fesses à la vue de tous. Je suis satisfaite, surtout du haut. L'armature fait vraiment un plus, mettant en valeur mes seins. Il ne pourra pas résister bien longtemps.
Je tire le rideau pour montrer le résultat à mon compagnon de shopping. Il est assis sur un siège au fond de la pièce, de nouveau habillé. Derrière lui un grand miroir reflète mon corps à moitié nu. Alek prend quelques secondes pour réaliser ma présence mais cela valait la patience. La surprise se peint sur ses traits tandis que ses yeux avides parcourent mon corps. Cette sensation est totalement grisante. Je marche vers lui, forçant sur le roulement de hanche. En arrivant à sa hauteur, je fais demi-tour sur moi même, révélant la touche finale.
- Qu'est-ce que t'en dis ? susurré-je.
Il avale bruyamment sa salive. Je peux percevoir la contraction de son masséter tandis qu'il baisse les yeux vers ses pieds.
- C'est... pas mal.
Son ton se veut désinvolte mais sa voix est plus rauque que d'habitude. J'aborde un sourire victorieux tout en claquant des mains.
- Je prends alors !
Je rejoins mes vêtements dans la cabine d'essayage. Une idée me traverse l'esprit mais je me demande si ce n'est pas de trop. J'ai déjà suscitée son intérêt, qui ne fera que grandir à mesure que mon popotin se dandinera devant ses yeux toute la journée. Mais vu sa réserve naturelle je dois miser haut.
À la guerre comme à la guerre Sasha.- Hum Alek, tu peux venir deux secondes ?
Le bruissement de fauteuil me parvient à travers la musique diffusée dans les enceintes. Il apparait dans la glace de la cabine. Ses yeux trahissent ses émotions. Je vois bien qu'il tente de se contenir mais son regard dévie vers mes fesses quelques secondes. Il se racle la gorge avant de fixer mes yeux dans le reflet.
- Tu t'es toujours pas rhabillée ?
- Le fermoir du maillot est coincé... Tu pourrais m'aider ? je demande mielleusement, engageant toute l'innocence que je possède.
Il souffle mais ne refuse pas. Je déplace mes cheveux sur le coté, penchant légèrement la tête, mon cou étant mis à nu lui aussi. Alek ne semble plus savoir où donner de la tête. Je dois me contenir pour ne pas rire face à sa détresse.
Il dépose ses doigts délicatement sur mon dos, ce qui me fait reprendre tout mon sérieux. Évidemment, mon corps me trahit et mes poils se dressent. Je perçois son souffle effleuré ma nuque tandis que sa pulpe digitale caresse mon épiderme.
- À quoi tu joues ? chuchote-t-il à mon oreille.
Son ton n'est pas dur, plutôt teinté d'une curiosité non feinte. Je me retourne et relève légèrement le menton pour lui tenir tête.
- De quoi tu parles ?
- Tout ça, dit-il en montrant l'environnement autour de nous de ses grandes mains.
Je fronce les sourcils, faisant semblant de ne pas comprendre. Il soupire et m'enlace de ses grand bras pour atteindre mon dos. J'arrête de respirer comme si le monde s'était mis sur pause. Ma tête se retrouve au creux de son cou et son odeur vient m'enivrer. Bon sang, c'est quoi son parfum ?
Il joue avec le fermoir de mon haut et il ne lui faut que quelques secondes pour y venir à bout.
Evidemment.- Si c'est un défi que tu me lances, sache que je gagne toujours.
Je me trouve face à lui, à tenir le haut de mon maillot pour ne pas dévoiler ma poitrine, un grand sourire sur le visage. Il avait bien raison de me regarder comme si j'étais folle.
- Ça promet d'être marrant, je lui susurre avant qu'il quitte la cabine.
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L'ombre des vagues
RomanceSasha fuit depuis 68 jours sa ville natale à bord de son voilier, espérant tant bien que mal semer le démon à qui elle a ouvert sa porte. Mais plus que ça, elle cherche des réponses. La mort de son frère qui paraissait un simple accident dramatiqu...