Dimanche 25 mai 2025, Dourney, Modros, Californie, États-Unis d'Amérique.
Quand Maria poussa la porte de la chambre d'hôpital, sa fille avait disparu.
— Thalia est aux toilettes ?
Ethan leva le nez de son téléphone puis quitta l'une des deux chaises en plastique qui meublaient la pièce.
— Non, elle est partie prendre l'air. Ça commençait à lui peser.
Maria soupira en confiant à Ethan le gobelet de thé qu'elle lui avait pris en même temps que son café. Quant au chocolat chaud de Thalia, il était bon pour refroidir.
— Je lui ai pourtant dit qu'elle pouvait rester à la maison. Elle est déjà venue tous les jours à l'hôpital avec nous.
Comme Maria se laissait tomber sur une chaise, Ethan finit par la rejoindre. Il avait les jambes engourdies à force de rester assis pendant des heures, sans trop savoir que faire de cette attente.
Maria lui glissa un regard, un pli au milieu du front. Ethan, quand il n'avait pas été occupé à gérer la situation avec l'École, la Ghost Society et sa propre famille, avait passé la majorité de son temps libre à veiller sur leur fils. Hospitalisé depuis trois jours en unité de soins intensifs à la clinique de S.U.I, Jeremy était toujours inconscient.
— J'ai fait pareil que toi, au début, souffla Maria au bout d'un moment. Quand il a été hospitalisé après l'incendie. Venir le voir tous les jours. Rester pendant des heures. J'ai fini par me rendre compte que c'était inutile. Il était trop médicamenté pour se réveiller. Et puis, il y avait tout le reste. Toi. Thalia. Trouver un logement, penser à la suite.
Ethan s'arracha à la silhouette immobile de Jim pour la considérer avec peine. Maria lui adressa un sourire attristé dans la buée de son expresso.
— Je sais ce que tu ressens, Ethan. L'impuissance, la culpabilité, la colère. L'envie de massacrer toutes les personnes qui ont mené à cette situation. (Elle décolla l'une de ses mains du gobelet chaud pour serrer les doigts de l'homme.) Ce que je vais te dire est pas très sympa, mais Jeremy ne s'en remettra pas plus vite si tu restes scotché à son chevet. Et puis, t'es en train de te tuer à petit feu. Tu sors plus, tu vois plus tes amis, tu prends plus soin de toi...
Elle lâcha sa main pour lui caresser la nuque. Ethan ferma les yeux en expirant un souffle fébrile. Les doigts tièdes de Maria sur sa peau étaient aussi convaincants que les mots, même déplaisants, qui coulaient de ses lèvres.
— Je lui ai fait défaut tellement de fois, murmura-t-il en récupérant la main de Maria dans la sienne. Ça soulage ma conscience d'être auprès de lui.
— Et que dit ta conscience à propos de ta fille ? De tes élèves ? De ton frère ?
Maria avait visé douloureusement juste. Une flot acide de culpabilité lui noua la gorge, envoya des pulsations nerveuses dans sa cage thoracique. Ethan observa leurs mains liées, enroula son autre paume par-dessus.
— Comment tu fais, Maria ? J'ai envie de pleurer à chaque fois que je le vois dans ce lit, branché à ces machines, avec tous ces bandages et ces cicatrices...
— Je pleure, répondit-elle sans détour. Quand ça devient trop dur. J'en parle. À Grace, à Mike, à ma mère, à toi. Et puis, c'est pas comme si c'était la première fois.
Avec un sourire, Maria tendit le bras pour serrer le pied de Jim qui pointait sous la mince couverture.
— Et c'est une tête-de-mule celui-là. Alors, notre petit montre, toi et moi, on va s'en sortir, Ethan.
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S.U.I - Tome 2 : Black & White
ActionAprès un an et demi aux côtés de son oncle à la Ghost Society, une porte de sortie s'ouvre enfin pour Jeremy. Lors de sa première présentation officielle en tant qu'Elias Sybaris, une collègue de son père parvient à l'extirper de cette soirée symbol...