Chapitre 1

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Dolce.

La lumière passe à travers les barreaux de la fenêtre et vient tomber sur les pages jaunis de mon livre. Je le referme vigoureusement avant de râler. Mon corps s'enfonce dans le matelas très peu confortable. Le lit au-dessus ma tête grince, la tête de ma codétenue passe par-dessus la rambarde de son lit pour pouvoir m'observer. Ses cheveux châtains tombent sur son visage juvénile, ses yeux bleus sourient avant que ses lèvres ne le fassent. Sa joie de vivre à tendance à m'exaspérer mais elle me permet de supporter ma présence dans cette prison.

— Quoi ? je lui demande en déposant mon livre sur ma poitrine.

— C'est le grand jour ! Tu vas enfin sortir d'ici Dolce.

Je fixe Jade d'un air dubitatif. Je ne comprends pas pourquoi elle est plus excitée que moi pour ma sortie de prison. Contrairement à elle, je redoute ce moment depuis au moins un an. Dehors, je n'ai plus rien. Tout ce que j'ai connu, toutes les personnes de qui je me sentais proche, je n'ai plus rien de tout ça. Que ferais-je une fois dehors ? Je n'ai pas d'argent et encore moins un boulot qui m'attend à ma sortie. Putain de vie de merde.

— Tu n'es pas contente de sortir ? me demande Jade.

— Pas vraiment.

Elle descend de son lit situé au-dessus du mien en sautant. J'ai toujours eu peur qu'elle se casse une jambe en faisant ça, mais on dirait que ça ne lui fait pas peur. Elle me répète toujours qu'elle est solide comme un roc et qu'une petite chute ne lui ferait rien.

Elle s'assoit sur le rebord de mon lit, sa main sur mes tresses fraichement faites par mes soins. Ce geste me fait frissonner, sa douceur me rappelant parfois celle de ma mère.

— Ça fait sept ans que tu es là, Dolce. Tout le monde rêve de sortir de cet endroit, c'est ton moment.

— Je sais, mais personne ne m'attend dehors. Toi, tu as ta famille, tes amis qui viennent de rendre visite toutes les semaines. J'ai passé sept longues années en prison, combien de ceux qui disaient m'aimer sont venus me voir ? dis-je en me redressant légèrement, sentant mon cœur s'alourdir.

— Tu peux essayer de renouer avec eux, si ça se trouve, ils t'attendent et espèrent que tu les aimes toujours.

— Dans un monde parallèle oui, je ris faussement.

Je ne me rappelle pas de la dernière fois où j'ai vu ma famille ni même de la dernière fois où j'ai été positive. Je n'aime pas me sentir aussi vide, aussi fade. La prison m'a pris ma joie de vivre.

Ils m'ont pris ma joie de vivre.

C'est de ma faute, j'étais bien trop naïve pour me rendre compte du piège dans lequel je m'étais jetée comme une débile.

Tout cela a conduit à ma présence ici, dans cette cellule d'à peine dix mètres carrés, où les murs se remplissent de moisissures par endroits et commencent à nous rendre malade.

— Laura ! dit Jade avec enthousiasme. Laura t'attend elle.

— Mon avocate a mieux à faire que de m'aider à me réintégrer.

— T'es une rabat-joie, ça me file de l'urticaire, elle lève les yeux au ciel.

Je glousse doucement, elle se blottit contre moi. Nous nous retrouvons serrées sur le lit une place comme des sardines dans une boîte.

— Tu vas réellement me manquer.

— Tu viendras me voir toutes les semaines, elle dit d'une voix douce.

— Je t'apporterais un poster des One Direction.

— Hum, non merci.

Nous rigolons toutes les deux. Son aversion pour ce groupe m'a toujours fait rire. Jade et ses déboires vont fortement me manquer. Je n'arrive pas à croire que dans quelques heures, je quitterai la prison de Steven Jacobson. J'ai passé les sept dernières années de ma vie ici. Je ne pense pas que je sois prête à passer à autre chose. C'est surement la solitude qui m'attend dehors que je redoute le plus. J'aimais être entourée, avoir des gens sur qui m'appuyer. Je redoute aussi de découvrir ce que le monde est devenu, je n'aurai plus aucun repère.

Burning HeartsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant