Chapitre 49

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Dolce.

Maman vient m'enlacer, complètement en larmes. Je suis désolée pour elle, désolée qu'elle ait compris de manière aussi brutale. Néanmoins, je ne regrette pas de l'avoir fait, non.

-Ne pleures plus maman, ça va.

-Je suis tellement désolée, Dolce... pardonne moi, ma fille.

Mon cœur se brise en mille morceaux. Les larmes perlent sur mes joues, j'étreins plus fort ma mère. Je ne pleure pas de tristesse mais de soulagement. Ma mère est enfin libérée de s'être sorcière. Je n'arrive pas à croire que ce soit enfin terminé, j'ai réussi à me défaire de Graciela.

-Je suis fier de toi, ma championne, tu as su démasquer cette femme, dit papa avec un peu de tristesse dans les yeux.

-Papa, que se passe-t-il ?

Je me détache de maman qui pleure encore à cause du choc.

-Nous sommes ceux qui vous ont élevés Dolce. Je me dis que j'ai échoué dans l'éducation de Graciela, j'ignore où j'ai vraiment manqué de vigilance.

-Maman et toi avez donné le meilleur de vous-même. Mais n'oubliez pas qu'avant vous, elle avait d'autres parents. Ce manque l'a conduit à faire de mauvais choix. Ne vous sentez pas coupable, je vous en supplie.

Ils me regardent tous les deux, la culpabilité ne les quitte pas. Je ne peux pas comprendre leur douleur, je ne suis pas parent. J'espère juste qu'avec le temps, ils se rendront compte qu'ils ont fait de leur mieux, que ce n'est pas de leur faute si Graciela a choisi ce chemin.

Après que nous ayons quitté le mariage, mes parents sont restés à l'église pour tenter de donner une explication aux invités. Graciela et Harry se sont enfuis chacun de leur côté. J'ignore où ils sont allés, tant qu'ils restent tous les deux loin de moi, je suis d'accord.

Un sentiment de béatitude, de sérénité m'engloutit en ce moment. Je me sens enfin libre. Même si je garde mon étiquette de criminelle, les gens savent maintenant que je n'ai pas agi par jalousie mais par colère, une colère qui es survenu après avoir été trahie par ceux que j'aimais. Certains auraient pleuré, d'autres les auraient confrontés dans cette situation. Cependant, il y a les gens comme moi, ceux qui sont tellement blessés que seul leur corps devient une arme, ceux qui veulent tout détruire en se vengeant, ceux qui ont la rage. Je suis comme ça, j'en ai payé le prix et ça m'a servi de leçon. Je ferai attention dorénavant, j'éviterai de vouloir étriper tout le monde dès que je suis énervée.

Mes parents sont au bout du rouleau. Ils partent donc se coucher même s'il est encore relativement tôt. Damian et moi nous installons dans mon ancienne chambre pour passer la nuit. Nous rentrerons demain matin chez nous.

En sortant de la salle de bain adjacente à ma chambre d'enfance, je trouve Damian qui observe mon « mur de prix ». Il attrape une de mes écharpes de meilleure élève et l'observe avec un petit sourire. Je me racle la gorge pour attirer son attention. Quand il se retourne, son sourire s'élargit.

-Tu ne m'avais pas dit que tu étais une vraie intello, tu as gagné énormément de prix quand tu étais jeune.

-Mes parents tenaient à ce que Graciela et moi soyons fortes en tout. Elle était la sportive et moi l'intello, lui avoue-je avec un sourire triste.

Repenser à la famille qu'on a été me fait un mal au cœur, on était tous si heureux et pourtant, ce n'était qu'une façade. Parfois, il m'est arrivé de regretter, je me suis dit que c'était entièrement de ma faute si j'ai fini enfermer. Graciela pensait qu'elle était dans mon ombre, je me suis dit que j'aurais pu faire quelque chose pour qu'elle ne se sente pas ainsi, que c'était moi le problème et pas elle. Je l'ai prise en pitié toute ma vie, lui cédant ma place pour qu'elle se sente à l'aise, après tout elle avait perdu sa famille. J'ai payé le prix fort, je regrette de ne pas avoir réfléchi. J'avais dix-sept ans, le monde venait de me tomber sur la tête, je suis devenue complètement folle.

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