Chapitre 13

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Damian.

Assis sur notre table habituelle, dans notre bar habituel, Carter et moi faisant trinquer nos bouteilles de bières. Je bois la mienne goulument mais elle n'atténue pas ma soif, c'est déjà ma deuxième pourtant.

- Donc si je comprends bien, elle a fait une crise d'angoisse ? Me questionne Carter.

- C'est exact, je ne l'ai pas reconnue, elle était totalement en transe.

La nuit dernière a été mouvementée. Je me suis fait réveillé par Dolce qui longeait le mur jusqu'à la salle de bain. Elle appelait une certaine Jade, sa voix traduisait son agonie. Je me suis levé parce qu'elle foutait trop de bruit et je voulais qu'elle se taise pour que je puisse enfin dormir. Je l'ai suivie jusqu'à la salle de bain où je l'ai trouvée en train de frotter ses mains jusqu'au sang. C'est à ce moment-là que je suis intervenu. En temps normal, je ne l'aurai pas aidé, elle n'était visiblement pas en danger. Mais j'ai compris qu'elle était en plein délire quand elle s'est tournée vers moi en m'appelant « Jade ». Dans ses yeux bruns, tout ce que j'ai vu, c'était de la terreur, elle était complètement terrorisée.

Elle m'a rappelé la personne que j'étais devenu après le décès de mon père. Une loque humaine qui errait sans but précis. Je me suis revu en elle, la pire version de moi, la version où mon père n'existait plus. J'ai fait des crises d'angoisse après ce qui lui est arrivé, je ne cessais de le voir mourir dans mes bras. Je tenais son corps inerte et raide. Il était mort dans mes bras. Et je n'ai pu rien faire pour sauver l'homme qui s'est toujours sacrifié pour moi.

- Et tu l'as aidé, sourit-il bêtement.

- Que voulais-tu que je fasse à ce moment-là ? Elle était hors d'elle. J'ai beau la détester, cela ne m'empêche pas de l'aider si elle est en danger. C'est mon devoir... en tant que policier.

Mon père m'a toujours dit d'aider son prochain, même s'il s'agit de la pire enflure qui puisse peupler la planète.

- Je vais te dire ce que je pense Damian.

- Fais-le donc, tu ne sais pas fermer ta gueule de toute façon.

Il rit avant de déposer sa bière sur la table. Le silence s'installe pendant qu'il cherche ses mots, des mots adéquats pour ne pas risquer que je lui colle mon poing dans la figure.

- Tu devrais apprendre à la connaître, commence-t-il.

- Non, le coupé-je, catégorique.

- Laisse-moi finir, roh. Je sais que tu la détestes car elle te rappelle l'homme qui a tué ton père.

Je lève les yeux pour le regarder, il me fixe avec un regard triste. Je secoue la tête, ses mots me frappent en plein cœur et je ne peux les nier même si je le voulais du plus profond de mon âme. C'est vrai, je n'aime pas Dolce car elle est le même type de personne que l'assassin de mon père.

- Mais, elle n'est pas lui. Les gens sont différents les uns des autres. Je n'essaie pas de justifier son acte, je ne la connais pas et aucun d'entre nous ne sais vraiment ce qui lui est arrivé. Tu ne sais rien mais tu la juge, bien trop durement à mon avis, et projettes toute la haine que tu as à l'encontre de l'assassin de ton père sur cette pauvre fille. Le bagage émotionnel que tu portes depuis des années est rempli et menace d'exploser. Malheureusement, cela se fera sur les mauvaises personnes et risque même d'affecter ta famille.

- Ma mère et ma sœur ne seront pas affectées si je réussis à les éloigner de cette fille.

- Tu ne peux pas décider pour elles. Si elles ont décidé de faire confiance à Dolce, c'est peut-être parce qu'elles essaient de guérir les blessures du passé, elles souhaitent peut-être être à nouveau capables de faire confiance à une personne avec un passé aussi lourd que celui de Dolce. Tu restes accroché au passé et elles vont de l'avant, sans toi.

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