Chapitre 14

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Dolce.

S'il y a une tradition dans j'ignorais l'existence dans la famille Spencer, c'est la soirée cinéma qu'ils font tous les trois dans leur jardin. J'en ai pris connaissance que quand Martha me l'a joyeusement annoncée ce matin en me levant. Je ne me sens pas vraiment légitime pour prendre part à cette tradition familiale, je n'en fais pas partie même si je loge sous leur toit. Entre la préparation des encas et l'installation du projecteur dans le jardin, Martha a décidé que la boutique ne serait ouverte que pour la matinée.

Aux alentours de dix-huit heures, Laura nous rejoint. Elle semble un peu ailleurs et triste, je vais donc la voir pour lui parler.

- Salut, me dit-elle avec un faible sourire en me voyant arrivé.

- Tu vas bien ? Tu m'as l'air un peu ailleurs.

Elle tapote la place vide à côté d'elle sur le perron. Je m'y installe et regroupe mes genoux contre ma poitrine.

- Que t'arrive-t-il ? C'est à cause de la journée cinéma ?

Elle hoche la tête, le regard perdu dans le vide.

- C'est l'anniversaire de mariage de mes parents et depuis le décès de mon père, nous faisons une soirée cinéma pour ne pas laisser maman seule, me confie-t-elle.

Mon cœur s'alourdit considérablement, je n'avais pas pensé que cette journée était si importante pour eux et en particulier pour Martha. Je comprends pourquoi elle est tant investie dans l'organisation de cette journée.

J'enroule mon bras autour des épaules de mon amie pour la soutenir, perdre un parent est juste horrible. Les miens sont toujours vivants et vivent à quelques kilomètres d'ici seulement. Je ne peux pas les voir pour des raisons évidentes, ils ne veulent plus de moi.

- Je suis désolée pour ton père, je suis certaine que de là où il est, il est très fier de vous car vous êtes les personnes les plus incroyables que je connaisse.

- Mis à part mon frère, glousse-t-elle.

- Ton frère est surement bien aussi, à sa manière.

- Il est chiant, surtout avec toi.

- J'ai connu pire, tu le sais. Je peux supporter le comportement odieux de ton frère.

Elle me prend dans ses bras et nous restons assises sur le perron pendant une demi-heure durant laquelle elle me parle de l'homme qu'était son père. Elle ne dit que du bien de lui.

- Laura, je peux te poser une question ?

- Oui, bien sûr.

- Le soir où je suis arrivée chez vous, je vous ai entendu vous disputer, Damian et toi. Durant votre dispute, tu as dit que je n'avais rien à avoir avec ce qui est arrivé à votre père, que voulais-tu dire par là ?

Ses yeux bleus s'assombrissent, elle évite mon regard et regarde droit devant elle.

- Mon père a été assassiné par un de ses amis, il sortait de prison à l'époque, m'avoue-t-elle à voix basse.

Le temps semble se figer autour de moi, je déglutis bruyamment. Toutes les pièces du puzzle se mettent en place dans ma tête, tout s'éclaircit maintenant. Damian ne me déteste pas pour rien, je suis assez futée pour le comprendre.

- C'est pour cette raison que Damian me déteste tant, je ris sans joie.

- Ne le prends pas mal, Dolce. Il a eu beaucoup de mal à accepter la mort de notre père, ce n'est que sa colère qui parle.

A cet instant, je regarde mon amie pour déchiffrer les expressions de son visage. Une impression bizarre fait tambouriner mon cœur. Je me pose alors une question.

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