𝙸𝙽𝚃𝙴𝚁𝙻𝚄𝙳𝙴

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Ecosse.
Environs 18h.

🌧️


Je sors de la maison, me réfugiant sous mon manteau contre le vent glacé et la pluie incessante. La température est si basse que l'humidité semble pénétrer jusqu'aux os, transformant chaque goutte en une caresse froide. La pluie tombe en trombes, battant contre mon visage comme des aiguilles gelées, et le ciel, sombre et menaçant, semble s'abaisser jusqu'à toucher les cimes des arbres.

Quel temps merdique...

Il est dix heures du soir et il pleut averse.

Dans une semaine c'est la rentrée et j'ai déjà envie que l'année soit terminée.

Dobby, frétillant d'impatience à mes pieds, renifle l'air avec une excitation palpable. Ses yeux, brillants dans l'obscurité, ne laissent aucun doute sur son désir de courir librement.

Oui mon grand, lui dis-je en détachant sa laisse quand j'arrive à la lisière de la forêt.

Sans attendre, le chien se précipite dans la forêt, s'enfonçant dans la noirceur ambiante avec une vitesse qu'on ne pourrait pas attendre d'un animal aussi vivace.

Dobby ! Pas trop loin ! J'hurle, Comme si, il comprenait ce que je lui disais, je pousse un soupire et je regarde devant moi.

Le bois se présente comme un dédale de silhouettes noires et sinistres. Les arbres, dénudés de leurs feuilles ou recouverts d'une pellicule de mousse sombre, forment un enchevêtrement de branches qui semblent tendues vers moi, comme pour me retenir.

Dobby !

Le rappel n'est pas la chose qu'il comprends le mieux malheureusement.

La lumière est rare, filtrée par les nuages épais et lourds. La pluie, qui s'écrase avec force contre le sol, génère un bruit sourd et continu, tandis que les rafales de vent projettent des éclaboussures d'eau sale et rendent l'atmosphère encore plus oppressante.

Je m'avance lentement, chaque pas demandant une concentration pour éviter de glisser.

L'air est saturé d'odeurs de terre humide et de décomposition, mélangées à un parfum métallique qui semble s'infiltrer à travers la pluie. Le bruit du vent, accompagné du craquement sporadique des branches, me donne quelques sursauts.

Les battements de mon coeur commencent à s'accélérer quand je le perds complètement de vue.

DOBBY !! Reviens !! Allez mon grand ! J'hurle cet ordre.

Je continue à avancer, chaque pas m'enfonçant davantage dans la boue. Les arbres, massifs et menaçants, semblent se resserrer autour de moi.

J'appelle Dobby encore et encore, mais la tempête engloutit mes cris.

Dobby ! Où es-tu ? Ma voix tremble, déformée par le vent et l'inquiétude.

Ce n'est pas vrai, je ne peux pas l'avoir perdu lui aussi...

Dobby est plus qu'un simple chien pour moi. Il est le lien tangible avec mon père, le seul vestige de ce qu'était notre famille avant que tout ne bascule.

Son absence me rappelle douloureusement l'absence de mon père, dont il a été le fidèle compagnon jusqu'au dernier jour. La pensée de le perdre me fait paniquer davantage, alors que chaque seconde semble s'étirer dans cette obscurité tourmentée.

Non... non... non...

Je distingue à peine les contours des arbres dans la noirceur et la pluie. Les branches se balancent sauvagement, comme des mains osseuses qui tenteraient de me saisir. L'obscurité semble se resserrer, rendant chaque mouvement dans les buissons plus inquiétant.

Soudain, je trébuche sur une racine cachée sous la boue et je tombe lourdement, les mains s'enfonçant dans le sol humide. Je reste là un instant, haletante, le souffle court, le cœur battant la chamade. La pluie continue de s'abattre, et je tente de me redresser en me grattant la boue du visage.

Dobby ! Je crie de nouveau, cette fois avec une voix pleine de désespoir.

Mes appels semblent se perdre dans le vacarme incessant. Je me redresse péniblement, les vêtements collés à ma peau, la boue éclaboussant mes jambes.

Je continue d'avancer, le sol de plus en plus difficile à parcourir. Les branches basses me griffent le visage, et je m'arrête un instant pour essayer de comprendre où je suis. Le vent hurle, et je n'ai plus aucun repère. Mon cœur se serre de plus en plus, et la panique commence à me gagner.

Dobby, s'il te plaît, reviens ! Mes mots sont maintenant un murmure désespéré, à peine audible au-dessus du tumulte environnant.

La pensée de perdre Dobby, ce chien qui a été le seul réconfort pendant les moments les plus sombres après la perte de mon père, rend tout cela insupportable. C'est le seul véritable ami que j'ai...

Je sens un frisson glacé le long de ma colonne vertébrale alors que je perds pied de nouveau, m'effondrant dans un amas de boue. Mon cœur se serre dans une angoisse croissante alors que je me redresse péniblement, pleins d'éraflures et couvert de boue. Mes larmes commencent à couler telle la pluie qui s'abat sur mes joues.

Dobby, où es-tu ? Ma voix est maintenant brisée, presque un murmure.

La pluie tombe sans relâche, et je réalise que je dois me calmer pour trouver une solution. Je prends une profonde inspiration, essayant de repousser la panique qui m'envahit, et je reprends ma recherche, chaque pas dans la forêt devenant une lutte contre l'obscurité et le désespoir croissant.

Dobby...  Je murmure faiblement, les larmes mêlées à la pluie qui coule sur mon visage.

Je réalise avec une douleur sourde que je ne peux plus continuer à chercher dans cette obscurité croissante. La panique m'étreint alors que je me rends compte que le temps passe, et que Dobby est toujours absent.

Je ne peux pas... je ne peux pas rentrer sans lui...

Je reste là, accroupie dans la boue, le désespoir prenant le dessus. Dobby n'est pas là, et je commence à comprendre l'ampleur de ma perte. La forêt, maintenant silencieuse à l'exception du murmure de la pluie, semble se refermer sur moi, je me retrouve seule.

Je viens de perdre mon seul et unique ami.

Maintenant je n'ai plus rien.




🌧️

WreckOù les histoires vivent. Découvrez maintenant