O C T O B R E☁️
L U C Y.
Quatre jours après l'incident au gymnase je me retrouve ici, à marcher dans les rues, les mains enfouies dans mes poches pour me protéger du froid qui commence à se faire sentir en ce début d'octobre.
Diane a rejoint mon chemin sans même que je la voie venir. Depuis ces dernières semaines, elle est devenue une présence quasi quotidienne. Je l'ai repoussée au début, sans grand succès. Maintenant, je me surprends à répondre à ses messages, à échanger quelques mots avec elle, presque sans m'en rendre compte. Mais malgré tout, elle ne sait rien de moi. Rien de ce qui se passe chez moi, de mon quotidien. Elle n'est jamais venue chez moi, et moi je n'ai jamais été chez elle. On reste dans cette zone neutre, où on parle sans vraiment se connaître.
Et ça me va très bien.
Le soleil est déjà bas dans le ciel, baignant la rue d'une lumière orangée qui fait paraître tout plus calme qu'en pleine journée. Les cours sont enfin terminés, et il est environ 16h. Diane et moi venons de sortir du bâtiment, nos sacs sur les épaules, et comme souvent ces derniers jours, nous partons ensemble en quête de stage.
Le trottoir est humide sous mes pieds, l'air légèrement frais comme un signe que l'automne s'installe pour de bon. Diane marche à côté de moi, son habituelle énergie toujours présente malgré la journée longue et fatigante. Elle n'arrête pas de parler, comme pour combler le vide qui me pèse depuis plusieurs semaines.
— ... et du coup, elle a décroché son stage complètement par hasard en envoyant juste un mail la veille. J'hallucine. Genre, moi je galère et elle, elle obtient ça en un claquement de doigts. Franchement, j'aurais pu aller chez quelqu'un que ma mère connaît, mais je veux pas. J'veux prouver que je peux le faire seule.
Elle est pipelette quand même.
Je hoche la tête, écoutant d'une oreille distraite. Mon regard est rivé sur le sol, mes pensées vagabondant ailleurs.
Je déteste ça.
Cette sensation d'impuissance, cette peur de devoir me tourner vers quelqu'un, de devoir demander de l'aide. Et surtout pas à Callum.
— J'te jure, j'ai l'impression que c'est encore plus dur de trouver un stage que de réussir nos examens, dit-elle en soupirant légèrement. Ça devrait pas être aussi compliqué. On cherche toutes les deux depuis des semaines, et c'est pas comme si on était incapables, tu vois ? Sérieux, c'est juste... frustrant.
Je hoche la tête. Depuis cette fois où on s'est vus, je m'efforce de l'éviter. Demander son aide pour un stage ? Pas question.
Je refuse qu'il pense que je m'accroche à lui.
Je me tends légèrement. Elle sait que je galère, comme elle. Mais elle ne sait pas tout. Pas la pitié que j'ai l'impression de lire dans le regard des autres. Pas la proposition de Callum de me "donner un coup de main" que j'ai balayée du revers de la main aussi vite qu'elle est venue. Je n'ai pas besoin de son aide. Je n'ai pas envie de lui devoir quoi que ce soit.
— T'as trouvé des pistes, toi, ou toujours rien ? demande-t-elle, sa voix pleine de bienveillance.
Je prends une profonde inspiration avant de répondre, cherchant mes mots avec soin.
— Quelques trucs, mais rien de concret. J'essaie d'éviter de demander à... quelqu'un d'autre, dis-je en hésitant à peine.
Elle fronce les sourcils, un brin de curiosité dans le regard, mais elle n'insiste pas.
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Wreck
General FictionLucy, une jeune lycéenne entame sa dernière année au St. Andrews High School en Écosse, son troisième en trois ans. Depuis la mort de son père dans un accident, Lucy vit seule avec sa mère et son chien Dobby, qui peine à joindre les deux bouts. Ell...