Wreck

𝙸𝚇 - 𝙱𝙰𝙲𝙷

IMPORTANT : LISEZ BIEN LA NDA DE FIN DE CHAPITRE.

S E P T E M B R E

⛈️

B A C H.

Dans la même journée.

Quand je suis arrivé sur les lieux du bus, je savais d'emblée que c'était une galère. En général, quand un bus tombe en panne en pleine tournée, c'est souvent parce qu'une pièce vitale a lâché. Et dans ce cas précis, ce n'était pas une surprise : le problème venait du groupe de régulation, un élément crucial du moteur. C'est le genre de pièce qui, quand elle tombe en panne, peut empêcher un moteur de redémarrer complètement.

Pour la remplacer, il me faudrait sortir tout le moteur, une tâche compliquée qui exige du temps et du matériel.

La compagnie d'assurance m'a appelé parce que j'étais le mécanicien de garde pendant la tempête. Je savais que ce genre de situation pouvait être lucratif, mais ça ne me réjouissait pas plus que ça. La voiture que m'a amené Zed la dernière fois m'a permis de remplir un peu mon compte en banque, mais je ne peux pas me reposer sur mes lauriers.

Les factures s'accumulent et il faut bien entretenir le garage.

Pendant que je travaillais sur le moteur, enfin, que je parlais avec le chauffeur, un détail inattendu a attiré mon attention. Cette fille du bus m'a vraiment perturbé. C'était la première fois que je voyais quelqu'un avec un regard aussi étrange. Ses yeux, d'une teinte vert-noisette et marron, avaient quelque chose de captivant. Même avec ses lunettes j'avais pu les voir.

Il y avait une profondeur dans son regard qui semblait trancher avec la grisaille ambiante.

Comme si elle portait le poids du monde sur ses épaules.

Aussi jeune.

Elle était la seule à avoir ce regard dans le bus, et je ne pouvais m'empêcher d'y voir quelque chose de plus que la simple curiosité.

Elle m'a laissé une impression troublante, et j'ai l'impression que ce n'était pas seulement à cause de la tempête.

Puis je l'ai vue sortir du bus, sans hésitation.

Qui fait ça, sérieusement ? Qui sort en pleine tempête comme si de rien n'était, alors qu'il suffit juste d'attendre tranquillement au sec ?

Toi pauvre con.

Je l'ai regardée, cette fille, marcher sous la pluie qui cognait le sol avec une telle violence que tout semblait se noyer. Le chauffeur avait tenté de l'arrêter, et même moi, de ma dépanneuse, je lui avais balancé un avertissement. Mais elle s'en foutait. Elle avait juste ce regard absent, résolu, qui la rendait encore plus agaçante.

Comme si cette tempête n'était rien, juste une autre épreuve à traverser.

Je soupire en sortant une cigarette de ma poche.

Rien qu'à y repenser ça me frustre.

La pluie fouette le toit de la dépanneuse, et je galère à l'allumer. Je finis par me réfugier sous le panneau du côté pour la protéger du déluge. Je dois encore aller accrocher le bus, mais j'ai besoin d'une clope et de sortir de cette dépanneuse. Les premières bouffées me calment un peu, mais je ne peux pas m'empêcher de repenser à cette fille.

Franchement, qu'est-ce qui tourne pas rond chez toi ?

Elle marchait comme si elle avait déjà traversé des enfers bien pires que ça. Peut-être qu'elle avait raison, que sa vie était déjà un chaos et que cette tempête n'était qu'une broutille en comparaison. Mais quand même... ça m'agace. Cette attitude de « rien ne peut m'atteindre », comme si elle n'avait plus rien à perdre.