𝚇𝚅𝙸 - 𝙱𝙰𝙲𝙷

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O C T O B R E





🌦️




B A C H.



Hôpital de Glasgow
4  jours plus tard.











Le bruit des machines agresse mes oreilles.

Ce putain de bip régulier, mécanique, qui t'indique que quelqu'un est encore en vie.

Zed est là, étendu, immobile.

Une carcasse branchée à une dizaine de câbles et tuyaux. Le visage couvert de bleus et d'égratignures, il est méconnaissable. C'est comme si ce n'était même plus lui. Je m'assois à côté de lui, une clope éteinte coincée entre mes lèvres. Je la mâchouille nerveusement, incapable de la fumer ici.

Je suis là depuis combien de temps ?

Trois jours ?

Quatre ?

Tout se brouille dans ma tête.

Les bips réguliers des machines qui monitorent ses signes vitaux me rappellent chaque seconde qui passe. L'odeur aseptisée des produits de nettoyage et des médicaments flotte dans l'air, couvrant tout le reste.

Ça me fout la gerbe.

Je baisse les yeux sur lui, ses paupières fermées, ses poings relâchés. Coma, c'est ce qu'ils m'ont dit. Il est là, coincé dans cette putain de bulle, ni mort ni vivant. Juste là. À attendre que le sort décide s'il a une chance ou non.

Le médecin a été clair : « C'est pas gagné, mais c'est pas perdu non plus. Faut attendre. »

Putain d'attente.

Je soupire, mon pied tapant le sol doucement. Ça a mal tourné. Trop mal. Je me repasse la scène en boucle dans la tête, les bribes d'images qui surgissent comme des coups de poing. Le bruit des coups de feu, le cri de Zed, le chaos total dans cette putain de maison.

On n'aurait jamais dû y aller. Je le savais dès le début. Quelque chose clochait avec ce plan, c'était trop facile. Quand ces mecs armés sont arrivés, j'ai compris qu'on s'était fait avoir. C'était pas nous qu'ils cherchaient, mais on était là au mauvais moment, au mauvais endroit. Zed a pris une balle, je sais pas où ni comment exactement, mais il s'est effondré sous mes yeux.

La panique, l'adrénaline. Je l'ai tiré sur quelques mètres, mais ils étaient trop nombreux. J'ai fait ce que j'avais à faire. J'ai pris la première bagnole que j'ai vue et j'ai foutu le camp. Le bruit des balles résonne encore dans ma tête. Ce cliquetis métallique, le même que dans mes jeux ou que celui du parking. Je revois encore le sang qui coulait sur le pavé, ce rouge vif qui se mêlait à la pluie.

Je resserre les doigts sur l'accoudoir du fauteuil en plastique de l'hôpital. J'aurais pas dû le laisser là. J'aurais dû faire quelque chose, mais... bordel, je pouvais rien faire. J'étais en mode survie. Ça, c'est ce que je me dis pour me rassurer, pour pas sombrer dans la culpabilité.

Je le fixe, espérant un signe, un putain de mouvement, un truc qui me dirait qu'il va s'en sortir. Mais rien. Juste ce bip monotone, ce bip qui me rend fou à chaque seconde. Je tourne en rond mentalement. Mes pensées s'entrechoquent, et j'ai pas de réponses.

C'est la première fois que je me retrouve dans cette situation. D'habitude, on s'en sort toujours, Zed et moi.

On fait les cons, mais on gère.

WreckOù les histoires vivent. Découvrez maintenant