𝚇𝙸𝙸𝙸 - 𝙱𝙰𝙲𝙷

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ACTE II








« Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent. »
Victor Hugo.








O C T O B R E



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B A C H.



1 er Octobre 2024
Loft de Bach





Je m'enfonce un peu plus dans le canapé, une clope coincée entre les lèvres, le regard fixé sur l'écran. Autour de moi, c'est calme, presque trop calme. Le chien dort paisiblement entre mes jambes, sa tête reposant sur mes pieds.

Il a trouvé ses marques assez facilement.

L'appart n'est pas bien grand. Les rideaux sont tirés, la lumière du jour éclate à travers les fenêtres, mais je ne fais pas gaffe. Je suis absorbé, comme hypnotisé par les couleurs vives du jeu.

Il n'y a que ce foutu casque sur ma tête et Zed qui braille dans mes oreilles qui me ramènent à la réalité. Il est là, dans son élément, à gueuler dans son micro comme si sa vie en dépendait.

Ça fait maintenant environ deux semaines que tout s'est enchaîné, et pour être honnête, j'ai fait comme si rien n'était arrivé.

C'est vraiment le mieux à faire.

Le corps de cet homme a été retrouvé récemment, avec une balle logée dans le crâne. Quand j'ai entendu la nouvelle au garage, j'ai eu la nausée. Je ne suis pas du genre faire dans mon froc, mais il faut avouer que voir un meurtre, même de loin, ça laisse des séquelles.

J'ai donc continué mon travail comme si de rien n'était. Comme si tout ce bordel n'avait jamais eu lieu. J'ai pris le parti de faire comme si je n'avais rien vu, rien entendu. En réalité, je n'ai pas vu grand-chose. Juste ce qu'il fallait pour me mettre dans une merde encore plus grosse. Je n'ai même pas mentionné l'affaire à Zed, et je n'en ai pas l'intention. J'ai suffisamment de problèmes sans rajouter cette merde à la liste.

Moins de gens sont au courant, mieux je me porte.

Il m'arrive parfois de me demander si je devrais pas être plus prudent. J'essaie de ne pas trop y penser, de rester concentré sur mon boulot et d'éviter les ennuis.

Le garage tourne encore, et c'est ce qui compte. Même si c'est pas facile tous les jours. Les problèmes de thune qui reviennent chaque mois comme une marée noire, tout ça s'efface. Quand je me concentre sur autre chose. Et Call of Duty est un bon moyen de tout oublier.

Pour quelques heures, je suis juste Bach, le joueur qui domine les parties en ligne avec son meilleur pote.

Une échappatoire.

Un putain de bon moyen de faire taire le reste du monde.

Mais pour combien de temps ?

Sur l'écran, on se balade dans une carte désertique. Un décor à moitié défoncé par les bombardements, des bâtiments à peine debout et des ruelles étroites. On est en pleine partie. Le bruit des armes, les explosions, le fracas métallique des balles qui ricochent contre les murs tout ça devient un fond sonore.

Comme ce coup de feu.

Ça me prend aux tripes, mais en même temps, ça me vide la tête.

Ici, pas de factures, pas de clients relous qui se pointent avec leurs bagnoles pourries, pas de bagnole volée qui traîne sous une bâche en attendant de disparaître dans un trou noir.

WreckOù les histoires vivent. Découvrez maintenant