𝚇 - 𝙻𝚄𝙲𝚈

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S E P T E M B R E











☀️











L U C Y.



Maison de Lucy


La tempête a duré trois jours. Juste assez pour transformer la ville en une flaque géante, comme si tout allait sombrer sous l'eau. On a repris les cours juste après, sans fanfare ni explication. Et, étonnamment, personne ne m'a reproché d'avoir quitté le bus avant mon arrêt.

Ils ont sûrement d'autres chats à fouetter, en ce moment.

Aujourd'hui, c'est le premier jour de l'automne. Ironie du sort, le ciel est d'un bleu éclatant, un soleil radieux brûle les pavés. Pourtant, il y a à peine quelques jours, c'était l'apocalypse dehors. Le vent a chassé les nuages, mais il est toujours là, glacial et violent. Il fouette les visages, tord les branches des arbres, et me rappelle à quel point cette saison peut être trompeuse.

Et pourtant, c'est ma saison préférée.

Quand j'habitais près d'Édimbourg, je prenais souvent le bus pour aller me promener le long des berges du port. C'était comme une sorte de rituel, une façon de m'évader. Il y avait quelque chose de profondément réconfortant à observer la mer, à écouter le bruit des vagues s'écraser contre les rochers. L'air frais, les odeurs salines, tout ça m'apaisait. Peut-être que c'est pour ça que j'aime tant l'automne. C'est une saison qui me rappelle ces moments, cette tranquillité, ce temps suspendu où tout semble plus calme et à sa place.

Cette semaine je me fixe un objectif : trouver une entreprise pour mon stage. Peut-être que ce sera plus facile que je le pense ? Un petit coup de fil, deux rendez-vous et ce sera plié ? Enfin, ça, c'est dans mes rêves. La réalité sera probablement plus fastidieuse... Je devrais me préparer à arpenter la ville, à essuyer des refus.

Enfilant mon pantalon, je m'acharne sur cette fermeture éclair récalcitrante. La jupe ou la robe, très peu pour moi aujourd'hui. Avec ce vent qui s'infiltre partout et mon rhume qui traîne depuis cette satanée marche sous la pluie, mieux vaut rester au chaud.

Un pantalon noir, un pull gris en laine par-dessus mon t-shirt, et mes cheveux, pour une fois, laissés détachés... Mais je sais déjà qu'ils ne feront pas long feu. Quelques seconds dehors, et ils seront attachés à la va-vite.

Je jette un coup d'œil vers le bureau encombré en face de moi. Tout ce que j'ai à faire cette semaine me pèse, surtout parce que la Physique m'épuise. Pas le mien, même si cela fait un moment que je n'ai pas osée me mettre en sous vêtements devant un miroir, mais celui avec des formules. La matière que je déteste le plus. La physique, c'est un autre langage. Et moi, je n'ai pas encore trouvé le mode d'emploi.

Je ne le trouverai jamais.

On a passé un test à la rentrée, et ce cher professeur a eu l'excellente idée de classer nos notes de la meilleure à la pire. L'humiliation collective, orchestrée avec un brin de sadisme. Quand il a commencé à distribuer les copies, en fredonnant "un corbillard s'enfonçait dans le brouillard", j'ai su que ça allait être ma fête. Pourtant, j'ai eu 10, ce qui n'est pas catastrophique, mais la manière dont il m'a tendu cette fiche, comme un prêtre présentant le dernier sacrement... Je me suis sentie disparaître sous terre. Et avec Luna qui me boycotte ouvertement, autant dire que tout le monde s'est tourné vers moi comme si j'avais la peste.

Je soupire en y repensant, tout en enfilant mes chaussettes.

Foutu test, foutue chanson.

Je range un peu le bazar qui traîne sur mon lit, enfile mes chaussons et descends les escaliers. Mais en arrivant en bas, quelque chose me frappe immédiatement.

WreckOù les histoires vivent. Découvrez maintenant