𝚅𝙸 - 𝙱𝙰𝙲𝙷

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S E P T E M B R E






☁️





B A C H




Garage.




Le reste de la journée s'étire lentement, comme un chewing-gum trop tiré.

Celui que je mange quand je n'ai pas la cigarette aux lèvres.

Après avoir nourri Dobby et bossé sur la Renault, je me suis laissé tomber sur une vieille chaise dans le coin du garage, cette fameuse clope aux lèvres, fixant le plafond de tôle qui, heureusement, ne résonnait plus sous la pluie.

L'accalmie avait finalement eu raison du temps. Maintenant, la nuit tombait doucement, et je pouvais déjà sentir l'humidité dans l'air. Mais ce silence-là, ce n'était qu'un calme avant une autre tempête.

Ce soir, c'était Zed qui ramenait ses emmerdes en Audi.

Comme à chaque fois.

Je regarde l'horloge suspendue au mur. 21h45. Encore quinze minutes avant que Zed ne débarque. Je me lève, enfile une veste pour me protéger du froid qui commence à tomber, et sors à l'extérieur. Le garage est étrangement paisible sous la lueur des lampadaires qui clignotent de loin, éclairant vaguement la rue désertée.

Une vieille ambiance à la Hitchcock.

La nuit est claire, malgré tout, avec juste quelques nuages effilochés qui traînent dans le ciel. Pas une seule goutte de pluie. Je tire une nouvelle clope de mon paquet et l'allume, aspirant la fumée.

Deux.

Une partie de moi espère toujours que Zed va annuler, qu'il ne viendra pas ce soir. Mais je sais que je peux me fourrer des doigts dans le cul. Il viendra toujours.

Dobby se tient près de moi, assis sagement, le regard tourné vers la route, comme s'il attendait aussi. Il semble apaisé, comme s'il avait trouvé sa place ici.

Un drôle de duo, nous deux.

Un bruit de moteur au loin attire mon attention.

Je jette un coup d'œil à l'horizon de la route, et là, au loin, je vois des phares se faufiler doucement. Pas besoin de deviner qui c'est. L'Audi RS6 approche comme un prédateur, silencieuse et rapide, les pneus mordants à peine l'asphalte. Zed arrive pile à l'heure, comme d'habitude.

Et voilà les ennuies qui commence mon grand, dis-je au chien qui me regarde.

Je jette mon mégot par terre et l'écrase en soupirant, tandis que la voiture glisse jusqu'à l'entrée du garage. Elle est magnifique, faut le reconnaître. Une vraie bête. Les lignes épurées, la peinture noire qui brille sous la faible lumière des lampadaires. Zed sort du véhicule avec son habituelle nonchalance, un sourire éclatant accroché à ses lèvres, comme s'il était venu me montrer un jouet flambant neuf.

Hé, Bach ! Regarde-moi cette beauté, hein ? T'as déjà vu un truc pareil ? demande-t-il, d'une voix bien trop enthousiaste pour cette heure.

Je le fixe, sans répondre tout de suite, une autre clope déjà coincée entre mes lèvres.

Trois.

Zed, toujours le même, capable de s'extasier sur n'importe quelle bagnole volée comme si c'était la dernière merveille du monde.

Une caisse volée, c'est toujours une caisse volée, Zed, répliqué-je en allumant ma cigarette.

WreckOù les histoires vivent. Découvrez maintenant