Prologue (Corrigé)

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Russie, 1910 - Saint-Pétersbourg

La lumière éclatante des lustres en cristal se reflète sur les murs dorés du Palais de Peterhof, créant une ambiance presque féerique. Les rires et les conversations joyeuses résonnent dans les grandes salles, et les robes de soie glissent gracieusement sur les parquets polis.

À travers les fenêtres entourées d'épais rideaux de soie se dessinent les jardins impériaux et, plus loin, l'immensité de notre Russie bien-aimée, recouverte d'un épais manteau blanc. La neige ne cesse de tomber depuis des jours, mais ce mois de novembre ne me paraît pas plus froid pour autant.

Ma longue robe blanche caresse le bois verni du couloir, et mes cheveux bruns indomptables, retenus par un simple ruban de soie, virevoltent au rythme de mes pas.

Mon esprit mutin s'éveille lorsque j'arrive devant les grandes portes des cuisines royales. À l'intérieur, c'est l'effervescence. Tout le monde s'active pour le dîner de ce soir. Je me perds dans ce tourbillon et zigzague entre les cuisiniers.

Devant le grand plan de travail en marbre dressé au centre de l'imposante pièce, la multitude de desserts éparpillés me met l'eau à la bouche. Je m'empare d'une tartelette au citron reposant sur l'un des plateaux à mignardises et l'apporte à ma bouche.

Des yeux noisette me scrute et je m'arrête dans mon geste, la tartelette à moitié dans la bouche. Un garçon, à peine plus âgé que moi, me dévisage d'un regard réprobateur, les bras croisés comme s'il avait déjà jugé tout ce que je représente. Ses mèches brunes, aussi désordonnées que les miennes, lui tombent dans les yeux, et, malgré sa bouille d'ange, quelque chose me dit qu'il n'est pas si sage qu'il en a l'air.

- Tu n'es pas censée être ici, me dit-il avec un sourire en coin, son ton un curieux mélange d'accusation et de d'amusement.

Je hausse un sourcil, mordant dans la tartelette avec défi.

- Et toi ? Qui t'a donné la permission de me surveiller ?

- Surveiller ? Moi ? Jamais, réplique-t-il avec un froncement de sourcils, bras croisés comme si cette idée le rendait malade. Je...protège juste la nourriture des voleurs, comme toi.

- Oh, vraiment ? Je prends une autre bouchée, lente et exagérée, le fixant droit dans les yeux. Dans ce cas, permets-moi de te dire que tu fais un travail... médiocre.

Il tente de froncer les sourcils pour m'intimider, un sourire menaçant s'étirant sur ses lèvres.

- Tu es insupportable, princesse, murmure-t-il en jetant un regard dédaigneux à mon fin pendentif qui pend à mon cou. Une clé en argent avec de petits diamants autour. Un cadeau de papa pour mes 10 ans.

- Je sais, répliqué-je, un sourire triomphant au coin des lèvres, décidée à ignorer le sarcasme dans sa voix.

Mais son sourire s'élargit encore plus lorsqu'il fixe un point derrière moi. Mon cœur rate un battement.

- Anastasia Nikolaïevna, qu'est-ce que tu fais dans cette cuisine ?

Et mince !

Je tourne lentement la tête pour voir Pavel, le maître des lieux, se tenant les mains sur les hanches, une fausse sévérité dans les yeux. Le garçon devant moi m'adresse un regard narquois, attendant de voir comment je vais me tirer de cette situation.

Je lui lance un sourire goguenard avant d'afficher une bouille angélique qui ne colle absolument pas à mon personnage en me retournant vers le cuisinier.

Anastasia (En Réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant