I'll score for you - Hector Fort

El mensaje

Barcelone, Espagne, Mars 2024
Hanna Torres

En entrant dans la salle de classe, je remarquai immédiatement Hector, assis à sa place habituelle, un peu trop détendu à mon goût. Il ne chercha pas à me parler, et je n'avais pas non plus envie de faire le premier pas. Pourtant, son regard insistant me fit comprendre qu'il n'avait pas oublié notre conversation.

Le cours d'anglais commença sans accroc. Mme Dupuis distribua des copies d'un texte à analyser, et comme d'habitude, je m'y plongeai avec intérêt, prenant des notes et soulignant les passages importants. Mais ma concentration fut perturbée par un léger raclement de gorge provenant du siège derrière moi.

Hector.

Je me retournai légèrement pour le voir penché sur sa feuille, visiblement en difficulté. Il fronçait les sourcils, son stylo à peine utilisé. Un soupir discret m'échappa. Peut-être que ce n'était pas juste de le laisser galérer comme ça.

Mais un instant plus tard, je me redressai, décidée à me concentrer sur mon propre travail. Après tout, ce n'était plus mon problème. Hector et moi avions arrêté les cours de soutien en anglais il y a quelques semaines. C'était une décision mutuelle, du moins en apparence. La vérité, c'était qu'on avait tous les deux trouvé des excuses pour mettre fin à ces sessions qui, au fond, étaient devenues trop compliquées à gérer.

Depuis, c'était comme si un mur s'était dressé entre nous. Il n'y avait plus de conversations légères pendant les pauses, plus de sourires échangés dans les couloirs. Juste un silence pesant, accentué par une indifférence que je tentais de maintenir, même si ça me coûtait.

Ma fierté me dictait de ne rien montrer. Après tout, si Hector avait choisi de prendre ses distances, pourquoi est-ce que ça devrait me toucher ? S'il avait décidé de me tourner le dos, je pouvais très bien faire de même. Pourtant, chaque fois que je le voyais, comme maintenant, en train de lutter avec un exercice qui semblait pourtant simple, je sentais ce petit pincement de frustration. Pas contre lui, mais contre moi-même, pour être encore affectée par sa présence.

D'un autre côté, il y avait cette part de moi qui se demandait si quelque chose lui échappait. Hector n'était pas du genre à abandonner facilement, et son comportement récent, cette distance soudaine et inexplicable, ne lui ressemblait pas. J'avais bien tenté de lui envoyer un ou deux messages après notre dernière session, mais ses réponses avaient été courtes, formelles. Rien de la chaleur habituelle qu'il y avait entre nous.

Peut-être qu'il avait ses raisons. Peut-être qu'il s'était passé quelque chose dont j'ignorais tout. Mais chaque fois que cette pensée me traversait l'esprit, je la chassais aussitôt. Je refusais de me laisser aller à des suppositions. Si Hector voulait m'exclure de sa vie, très bien. Moi aussi, je pouvais avancer sans lui.

Un coup d'œil rapide vers l'horloge de la salle me rappela que le cours touchait bientôt à sa fin. Je soupirai, soulagée à l'idée de quitter cette ambiance oppressante. Mais avant que je puisse me plonger à nouveau dans ma feuille, je sentis un léger frôlement à ma droite. Mon cœur manqua un battement.

Hector avait levé la main, demandant de l'aide à la prof. C'était si rare de le voir demander de l'aide que ça m'en déconcerta. La prof s'approcha, jetant un coup d'œil à sa feuille avant de lui murmurer des instructions que je ne parvins pas à saisir. Mais je remarquai les traits de son visage se détendre légèrement, signe qu'il avait compris.

Je me sentis stupide d'avoir pensé que je devais lui proposer mon aide. Hector n'avait jamais eu besoin de moi, pas vraiment. C'était toujours l'inverse, n'est-ce pas ? C'est moi qui avais compté sur lui, pour bien plus que de simples cours d'anglais. Et maintenant que cette dynamique avait changé, je ne savais plus vraiment comment agir.