I'll score for you - Hector Fort

Pero ya me has perdido Hector

Barcelone, Espagne, Mars 2024
Hanna Torres

Le sol sembla se dérober sous mes pieds. Ses mots, acérés comme des lames, me frappèrent de plein fouet, et pendant un instant, je ne pus rien dire, rien penser. Mon cœur s'emballa, et une vague de nausée monta en moi. Comment... comment pouvait-il dire ça ? Hector n'était même pas censé connaître Mateo. Il ne savait rien de cette partie de mon passé, de ce que j'avais vécu.

Les larmes montèrent, brûlant mes yeux, mais je refusai de les laisser couler. Pas devant lui. Pas après tout ça.

« Quoi ? » soufflai-je. « Qu'est-ce que tu sais sur Mateo ? »

Hector me regarda, et dans son silence, je sentis quelque chose d'autre, quelque chose de plus profond que la colère brute qu'il affichait. Il ne répondit pas tout de suite, se contentant de me fixer, les mâchoires toujours aussi serrées. Je sentis mon cœur s'emballer encore plus, l'angoisse m'envahissant. Comment savait-il ? J'avais à peine évoqué le harcèlement, et je ne lui avais jamais donné de détails, encore moins mentionné Mateo par son nom.

« Comment tu... comment tu sais ça ? » répétai-je, ma voix à peine audible, vacillant entre choc et incrédulité.

Hector passa une main nerveuse sur son visage, comme pour effacer ce qu'il venait de dire. Mais il était trop tard. Il ne pouvait pas revenir en arrière.

Je voyais bien qu'Hector se mordait l'intérieur des joues, comme s'il cherchait les mots justes, mais je n'en avais plus rien à faire de ses excuses ou de ses explications. C'était trop tard. Le mal était fait. Mon esprit revenait encore et encore à ce qu'il avait dit. « Tu méritais ce qui t'est arrivé avec Mateo. » Comment pouvait-il penser ça ? Comment pouvait-il oser prononcer ces mots alors qu'il ne savait rien de cette histoire, de la souffrance que j'avais endurée ? Je sentais la colère bouillonner en moi, se mêlant à cette tristesse écrasante qui pesait sur ma poitrine.

Les souvenirs que j'avais soigneusement enfouis refaisaient surface brutalement, comme une claque en plein visage. Les jours où Mateo me traquait dans les couloirs, me susurrant des horreurs à l'oreille, me touchant contre ma volonté. Les ricanements de ses amis. L'isolement que je ressentais, la peur constante de croiser son regard. J'avais tenté de tout oublier, de tirer un trait sur cette partie de ma vie, mais les mots d'Hector avaient tout ravivé en un instant, comme si ces blessures n'avaient jamais vraiment cicatrisé.

Et là, devant moi, Hector restait planté, toujours aussi en colère, mais son expression vacillait légèrement, comme s'il réalisait qu'il était allé trop loin. Pourtant, il ne disait rien. Rien pour réparer ce qu'il venait de détruire.

« Dis quelque chose ! » Ma voix éclata dans l'air, brisant le silence pesant. « Dis quelque chose, Hector ! » J'avais besoin d'une explication, de quelque chose qui pourrait, d'une manière ou d'une autre, justifier ce qu'il venait de dire. Mais il restait muet, le regard fuyant, comme s'il ne savait plus comment réagir. Cela ne fit qu'alimenter ma colère.

Je fis un pas vers lui, mon corps entier tremblant de rage. « Tu crois que tu sais tout, hein ? » Je riais, un rire amer, empli de désespoir. « T'es là, tu joues les grands protecteurs, tu décides de revenir avec ton ex sans même m'en parler, et maintenant tu oses... tu oses me dire que j'ai mérité ça ? »

Ma voix se brisait sous le poids de l'émotion, mais je continuais, incapable de m'arrêter. « Tu sais rien de moi. Rien du tout. Tu sais pas ce que c'est que de se sentir... impuissante, incapable de se défendre. » Mes mains se crispaient, serrant les poings avec force, comme pour contenir la douleur qui m'envahissait. « Et tu ne sais rien de Mateo. Rien. »

Hector fit un pas en arrière, ses yeux brillant d'une émotion que je n'arrivais pas à identifier. Peut-être était-ce du regret, peut-être pas. Mais ça n'avait plus d'importance. J'avais l'impression que tout ce que je pensais connaître de lui, de nous, s'effondrait sous mes yeux.