El sueño de esta noche

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Marrakech, Maroc, Avril 2024
Hanna Torres

La dernière journée de notre voyage s'annonçait tranquille. Après les émotions intenses de la veille, nous avions décidé de ralentir le rythme, de simplement profiter de la ville à notre manière. On passa la matinée à flâner dans les ruelles, à chercher des souvenirs un peu kitsch et à goûter aux dernières spécialités locales qu'on n'avait pas encore essayées. Hector, dans sa démesure habituelle, décida d'acheter un énorme tapis berbère, et je le taquinais en imaginant le calvaire que ce serait de le ramener en avion.

L'après-midi, on se perdit dans un jardin, profitant de la fraîcheur sous les palmiers, et de cette douce sensation d'avoir tout le temps devant nous. Assis sur un banc, nos épaules se touchaient, et même sans parler, je sentais que cette complicité que nous avions construite en si peu de temps n'avait fait que se renforcer. On s'amusait de tout et de rien, et chaque moment devenait plus précieux.

La nuit tombait, et alors que nous marchions vers notre hôtel, un son de musique nous attira. Des tambours, des chants, des rires s'échappaient d'une cour voisine, remplissant la rue de cette ambiance festive unique aux soirées marocaines traditionnelles. Curieux, Hector me lança un regard, son sourire en coin trahissant ses intentions.

« On s'incruste ? » proposa-t-il en haussant les sourcils.

Avant que je n'aie le temps de répondre, il m'entraînait déjà, prenant ma main pour me guider jusqu'à l'entrée. On passa discrètement la porte, et la scène qui s'offrait à nous était digne d'un film. Des familles, des amis, tous dansaient et chantaient autour de grandes tables couvertes de mets locaux, des lampes colorées éclairaient la cour d'une lumière douce, et tout le monde semblait plongé dans la fête.

Évidemment, on se fit vite repérer. Mais au lieu de se faire jeter, on fut accueillis avec des sourires chaleureux. Une femme d'un certain âge nous offrit des dattes, un homme nous tendit des petits verres de thé, et avant même de comprendre ce qui nous arrivait, nous étions intégrés à cette fête.

La soirée battait son plein, et l'énergie de la fête semblait gagner tout le monde autour de nous. Les lanternes suspendues diffusaient une lumière douce et chaleureuse, et les musiciens jouaient avec une intensité qui traversait chaque recoin de la cour. Des danseurs vêtus de costumes traditionnels exécutaient des mouvements fluides et captivants, chacun de leurs pas marqué par le rythme envoûtant de la musique marocaine.

Hector, à peine arrivé, ne résista pas une seconde avant de se lancer dans l'ambiance. En un clin d'œil, il s'était mis à danser, avec une aisance et un enthousiasme presque enfantin, imitant avec exagération les gestes des danseurs. Il semblait prendre un plaisir fou à parodier la gestuelle locale, ses bras et ses jambes bougeant de manière théâtrale, mais sincère, comme s'il s'efforçait d'être le plus marocain possible en quelques mouvements. Des éclats de rire s'élevèrent de la foule autour de lui, et même les danseurs lui lançaient des regards amusés, encouragés par ses maladresses et son énergie débordante.

Je restai un instant en retrait, les bras croisés, un sourire en coin. Hector était totalement dans son élément, décomplexé, heureux, riant aux éclats sans une once de gêne. Il m'adressa un clin d'œil, m'invitant du regard à le rejoindre sur la piste. Mais cette invitation me rendit plus nerveuse qu'autre chose ; l'idée de me lancer dans une danse aussi spontanée devant tant de monde, même entourée par l'atmosphère détendue de la fête, me déstabilisait.

Il me fit signe à nouveau, levant les bras dans un mouvement exagéré pour m'inciter à le rejoindre, et les yeux de quelques personnes se tournèrent vers moi, curieuses. Malgré moi, je sentis mes joues s'empourprer. Avec sa maladresse attachante, il ne faisait pas seulement rire les autres, il attirait aussi un regard d'admiration. Je restai plantée là, incapable de le rejoindre, mais pas indifférente. En fait, même si je ne bougeais pas, j'avais l'impression de participer à sa danse rien qu'en le regardant.

I'll score for you - Hector FortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant