15.

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Salam aleykoum











Une vie non examinée ne vaut pas la peine d'être vécue- Socrate-










Je me redressai du fauteuil, face au docteur, assis là, calme, sur la table basse. La gêne me bouffait de l'intérieur. Comme si j'étais au bord du gouffre, je sentais mes mains trembler sans pouvoir les contrôler.

— Tu vas bien ? demanda-t-il doucement en prenant ma main.

Je laissai mon regard suivre ses doigts sur la mienne avant de plonger mes yeux dans les siens, comme une folle, incapable de détourner le regard.

— Asma ? Ça va ? répéta-t-il, l'inquiétude commençant à percer sa voix.

— On sait que le docteur est beau, ma chérie, mais dose un peu, lança Maïssane en rigolant, me ramenant brutalement à la réalité.

— Ce... c'est pas ça, bafouillai-je en retirant ma main tout doucement.

— Je voulais juste prendre ta fréquence cardiaque, avoua-t-il, le visage un peu rouge, toujours fixé sur moi.

Je baissai les yeux et soufflai doucement. Je savais très bien ce que ça voulait dire, ce que je ressentais. Parfois, quand tu croises une belle personne, t'es juste attirée. Pas par amour, non. Juste... une réaction. Ça m'arrivait tout le temps, en vrai. Je poussai un soupir pour chasser cette pensée idiote de ma tête.

— Bon, est-ce que ton pied a tapé quelque chose ou tu... ?

Il voulut tendre la main vers mon pied, mais je bondis soudainement sur mes jambes. Lui aussi se leva, surpris par mon mouvement brusque. Mais à peine debout, une douleur fulgurante me transperça, et je m'écroulai en criant. Il s'approcha doucement, mais je levai la main, comme pour le repousser, comme s'il allait me faire mal.

— Qu'est-ce qui se passe ? demanda Rassoul, encore en conversation avec Kira.

— Je... je comprends pas non plus, murmura Bachir, perplexe, en prenant place face à moi. « Asma, t'as pas besoin de te sentir aussi mal à l'aise avec moi. Crois-moi, je te juge pas, je te vois comme ma sœur. »

Il me regardait avec une intensité qui en disait long, presque blessé par ma froideur.

— Peut-être que je parais un peu distant, mais c'est pas contre toi. Détends-toi, c'est juste moi.

— Ndeyssane... souffla Maïssane, impressionnée, sous le regard glacial de Rassoul.

— Asma, dit Rassoul en prenant mes deux mains dans les siennes, « de mon côté, je te jugerai jamais pour ta façon de vivre. Ni toi, ni Kira, ni Maïssane. Je veux juste un avenir meilleur pour vous, des empreintes dont vous serez fières. Je crois en toi, je t'ai donné le nom de ma fille parce que je sais que tu es la meilleure parmi nous. Tu ne nous dégoûteras jamais, d'accord ? »

ASMA AIDARAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant