Cinquième Année
Souffrance Commune
"Tu es amoureuse de moi ? Tu me dégoûte."
Bien entendu, même si Violett avait été soulagée de pouvoir aller dormir hier soir, cela ne l'avait pas empêché de redouter ce qu'Ombrage allait leur faire subir le lendemain matin. D'ailleurs, aujourd'hui, donc le jour de l'heure de sa mort, comme elle l'avait appelé, un hibou chanteur était arrivé dans sa chambre à six heures pile, lui indiquant de venir à sept heures tapantes à la Salle sur Demande, ce qui avait malheureusement réveillée ses copines de dortoir, le seul jour ou elles pouvaient dormir tard.
Et par peur de mourir, elle s'était dépêchée de s'habiller, se maquiller et déjeuner, ce qui la fit arriver à l'endroit du rendez-vous cinq minutes en avance, à son grand bonheur. A sa grande surprise, Harry Potter et ses amis n'étaient pas présents, ce qui faisait qu'ils n'étaient qu'une dizaine arrivés, et sans surprise, la garde personnelle se tenait devant la porte, un sourire méchant sur le visage. Draco était ici aussi, mais lui avait l'air plus énervé que heureux de leur malheur, et il évitait soigneusement le regard de sa meilleure amie.
– Bon, vous pouvez entrer.
Ombrage était soudainement arrivée, faisant claquer ses talons roses sur le sol lorsqu'elle passa trois fois devant la salle sur demande. Violett et les autres entrèrent sans attendre une seconde, voulant fini au plus vite cette colle de torture.
Devant eux étaient posés plus d'une vingtaines de bassines, toutes luisant d'un liquide bleuté qui lui était inconnu. Instinctivement, la jeune fille brune tourna son visage vers Draco, étant beaucoup plus fort qu'elle en potion, mais il resta muet, et Violett fut obligée d'écouter les explications d'Ombrage.
– Je vois que nous sommes tous là, fit-elle, sans noter l'absence du groupe d'Harry. Vous allez vous placer devant une bassine chacun, elle fit une pause, attendant que nous exécutons ses dires. Bien. Ensuite, vous allez vous mettre votre visage dans le liquide, et vous ne ressortez la tête que lorsque le membre de votre équipe qui est chargé de vous surveillez vous le fera.
Elle sourit, et Violett remit sa cravate de manière anxieuse, ne sachant pas ce qui allait se passer lorsqu'elle allait exécuter ses ordres. Cela ne l'empêche pas de pousser un soupir de soulagement lorsque elle sent l'odeur de Draco derrière elle, signifiant que c'était lui qui devait "la garder" - même si la jeune fille doutait fortement de fuir, ne voulant pas mourir. Plusieurs halètement et cris se firent entendre, et Violett se tourna vivement autour d'elle, observant les gardes plonger le visage de leurs victimes dans l'eau, sans les prévenir. Alors, la jeune fille se tourna vers Draco d'un air interrogateur, attendant qu'il fasse pareil, mais il se contenta de faire un signe de tête vers la bassine, sans lever son regard vers sa meilleure amie. Violett ne se fait pas prier, et après une longue inspiration, plonge son visage dans le liquide étrange.
–
J'ouvre les yeux dans ce qu'il me semble être un dortoir, plus précisément un lit. Puis, je me tourne, l'air toujours perdue, et ouvre grand les yeux, lorsque je reconnais la personne allongée à côté de moi. Torse-nu, les yeux fermés, se tenaient Draco Malfoy.
Je me lève avec précipitation, faisant bouger le lit, et me place devant le miroir, observant ma tenue avec appréhension. J'ai troqué mon pyjama Victoria's Secret rose contre un haut à Draco, et mon bas habituel. Par la barbe de Merlin.
– Qu'est-ce qu'il se passe ? marmonne Draco, sûrement réveillé par le petit cri que j'ai fait en m'observant dans le miroir.
– Rien, t'inquiète pas.
Mais au contraire, le garçon se redresse sur son lit, se frottant les yeux plusieurs fois avant de m'observer, ses yeux passant de mon t-shirt à son torse. J'aurais préféré mille fois le voir sourire malicieusement, ou me faire une remarque désobligeante qui m'aurait fait rire, mais non, ses yeux sont remplis d'autre chose. De dégoût.
– Ne me dit pas que...
Je baisse les yeux, honteuse. J'ai bien compris ce qu'il voulait dire, et j'ai bien peur que si.
– Sérieux ? Comment ais-je pu faire une chose pareille ? J'ai du te confondre avec Pansy, jamais je ne pourrais consciemment faire des choses avec toi.
Je relève mes yeux brillants vers lui, ne trouvant rien à répondre, ce qui semble l'énerver encore plus.
– Tu es amoureuse de moi ? Tu me dégoûte.
Ma vue se brouille soudainement à cette phrase, mais je suppose que ce sont les larmes.
– Pansy est mille fois mieux que toi, me crache-t-il. Tu le sais, hein ? Elle est belle, gentille, drôle, intelligente... Tout le contraire de toi.
Je pleure désormais, mais silencieusement, hochant la tête à ce qu'il dit. Ça me blesse, mais il a raison, alors je ne sais même pas pourquoi j'en suis triste. Ce n'est que la réalité, même si je me la cache trop souvent. Mais cette-fois, lorsque mes yeux s'habituent aux larmes, je distingue un sourire agrandir ses traits, et même s'il est méchant, je me calme un peu.
– Parfait, nous sommes d'accord sur ce point. Alors, si tu veux que je t'apprécie d'autant plus, fait ce que je te demande, d'accord ?
J'arrive à dire un petit oui, mais il semble s'en contenter. Son sourire s'agrandit, et il s'approche de mon côté du lit pour prendre ma baguette, jusque-là posée sur la table de chevet. Il me la tend, et me dit, d'une voix mi-méchante, mi-mielleuse.
– Fait plaisir à tout le monde, et jette toi un Avada Kedavra.
Je le regarde un instant. J'observe ses iris rien, cherchant rien qu'un grain de "c'est faux", "je rigole", à l'intérieur d'eux. Mais non, je ne vois rien de tout cela. Je ne vois que de la haine, que du dégoût, tandis qu'il me regarde pour la première fois de la journée dans les yeux. Alors, d'une main devenue tremblante, je tends la main et attrape ma baguette. Je le vois sourire, je le vois me sourire d'un air heureux, alors je ferme les yeux, tout en dirigeant ma baguette vers mon visage.
– Avada Kedavra.
Et je m'effondre au sol, avec comme dernière image, le visage heureux du garçon que j'aime.
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