Chapitre 17 : Enlisé dans l'Obscurité

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Le temps semblait suspendu dans cet appartement délabré. Kayla fixait le plafond, allongée sur le canapé inconfortable. Ses pensées tournaient en boucle, la maintenant éveillée malgré l'épuisement qui pesait sur ses paupières. Alejandro s'était retiré dans la petite chambre, probablement en train de planifier leur prochain mouvement, mais Kayla n'arrivait pas à échapper à cette angoisse sourde qui lui broyait l'esprit.

Elle repensa à ses derniers mois, à cette relation étrange et intense qu'elle avait tissée avec Alejandro. Elle ne savait plus si elle pouvait vraiment lui faire confiance, mais une part d'elle, une part irrationnelle, voulait croire en ses promesses, en cette lueur de protection qu'il lui avait offerte depuis le début.

Le bruit d'un craquement de plancher la fit sursauter. Alejandro se tenait à l'entrée de la pièce, silencieux, ses yeux sombres et indéchiffrables. Il portait toujours les mêmes vêtements froissés, et une fatigue visible marquait son visage.

— Tu ne dors pas, constata-t-il en s'asseyant sur la chaise face à elle.

Kayla haussa les épaules, se redressant légèrement.

— Comment veux-tu que je dorme après tout ça ? murmura-t-elle. Mon esprit ne me laisse aucun répit.

Alejandro la fixa un instant, comme s'il pesait ses mots avant de répondre.

— Je sais. C'est dur de tout assimiler d'un coup. Mais il faut que tu me fasses confiance, Kayla. On s'en sortira. Je ne laisserai pas Diego et les autres t'atteindre.

Kayla serra les dents, hésitant à laisser éclater la frustration qui montait en elle depuis plusieurs jours.

— Et toi ? Tu continues à me parler de protection, mais qu'est-ce qui te fait croire qu'on va y arriver ? Tu te rends compte qu'ils sont prêts à tout pour t'avoir, Alejandro. Pourquoi t'obstines-tu à fuir au lieu de leur faire face ? C'est quoi ton vrai plan ?

Alejandro détourna brièvement les yeux, l'ombre d'une hésitation passant sur son visage. Puis, il se leva, commençant à faire les cent pas dans la pièce exiguë.

— J'ai fait des erreurs, Kayla. Des erreurs que je paie aujourd'hui. Mais je ne peux pas te donner de fausses assurances. Il n'y a pas de plan parfait, juste des solutions temporaires pour gagner du temps. Et chaque minute que je gagne me permet de les affaiblir un peu plus, de mieux comprendre leurs failles.

Il se tourna vers elle, ses yeux brillants d'une détermination farouche.

— J'ai un contact. Quelqu'un que j'ai connu autrefois, quelqu'un qui pourrait nous aider à passer à l'étape suivante. Si tout se passe bien, on aura un moyen de faire basculer la situation en notre faveur.

Kayla fronça les sourcils, méfiante.

— Et pourquoi ce contact t'aiderait-il ? Comment peux-tu être sûr qu'il ne te trahira pas comme les autres ?

Alejandro s'arrêta devant elle, son regard plongé dans le sien.

— Parce qu'il me doit une dette. Et dans ce monde, Kayla, les dettes valent plus que la loyauté.

Un silence lourd s'installa entre eux. Kayla sentait la méfiance grandir en elle, mais elle n'avait plus d'autre choix que de suivre Alejandro. La réalité de la situation était qu'elle était trop impliquée maintenant. Ses options s'étaient réduites à une seule : survivre.

— Très bien, souffla-t-elle finalement. On fait comme tu dis. Mais je veux être impliquée dans ce qui se passe, Alejandro. Je ne veux plus rester dans le noir, à attendre que les choses se passent. Si je suis mêlée à tout ça, alors je veux savoir ce qui m'attend.

Alejandro l'observa en silence, semblant peser la sincérité de ses paroles. Puis, il hocha lentement la tête.

— D'accord. Tu sauras tout ce que je sais à partir de maintenant. Mais promets-moi une chose, Kayla. Ne fais rien sans m'en parler d'abord. Chaque décision que tu prendras pourrait avoir des conséquences que tu ne peux pas imaginer.

Kayla hocha la tête, bien que le doute continuait de lui ronger l'esprit. Elle ne voulait plus être cette fille passive qui attendait dans l'ombre. Elle voulait agir, comprendre, et surtout reprendre un semblant de contrôle sur sa propre vie.

Alejandro se dirigea alors vers la table basse, ouvrant un vieux téléphone à clapet qu'il avait récupéré plus tôt. Il composa un numéro et attendit. Kayla observa, nerveuse, alors qu'il écoutait la sonnerie résonner dans le silence de la pièce.

— C'est moi, dit-il enfin en baissant la voix. J'ai besoin de te voir. C'est urgent.

Kayla ne pouvait entendre que des murmures indistincts en retour, mais le ton d'Alejandro était tendu, presque pressant.

— Oui, je sais que c'est risqué, mais je n'ai plus le choix. On doit se rencontrer.

Il raccrocha sans un mot de plus, ses traits encore plus tirés qu'avant.

— Il va venir ? demanda Kayla.

Alejandro hocha la tête.

— Oui. Mais on va devoir se déplacer. Cet endroit n'est plus sûr.

— Où est-ce qu'on va ?

— Un peu plus loin dans la ville. Un endroit où je suis certain qu'on pourra rester hors de vue pour la nuit.

Kayla inspira profondément. Elle avait à peine eu le temps de s'habituer à ce lieu qu'il fallait déjà repartir. C'était leur vie maintenant : des trajets, des cachettes, des ombres qui les suivaient sans relâche.

Ils sortirent en silence de l'appartement, Alejandro jetant des coups d'œil furtifs autour d'eux. Il était toujours en alerte, prêt à réagir à la moindre menace. Ils montèrent dans la voiture et Alejandro démarra sans un mot, les entraînant dans les rues encore plongées dans l'obscurité.

Le trajet fut court, mais chaque seconde semblait s'étirer. Kayla, toujours assise à côté de lui, n'avait pas la moindre idée de ce qui les attendait à la prochaine étape. Une part d'elle voulait encore fuir, se détacher de cette spirale infernale, mais elle savait que c'était impossible.

Finalement, Alejandro gara la voiture dans une ruelle discrète, près d'un vieux bâtiment industriel abandonné. Il coupa le moteur, mais laissa la clé dans le contact, prêt à redémarrer au moindre signe de danger.

— On y est, dit-il en se tournant vers elle. C'est ici que je dois rencontrer mon contact.

Kayla regarda autour d'elle, mal à l'aise.

— Et tu es sûr qu'on peut lui faire confiance ?

Alejandro resta silencieux un moment avant de répondre.

— Non. Mais c'est notre seule chance.

Il sortit de la voiture, et Kayla le suivit, l'estomac noué. L'air autour d'eux était lourd de tension, comme si quelque chose de dangereux rôdait dans l'ombre. Ils marchèrent vers l'entrée de l'entrepôt, où une silhouette attendait, presque invisible dans l'obscurité.

— Alejandro, murmura la voix grave de l'homme. Ça faisait longtemps.

Kayla sentit une boule d'angoisse se former dans sa gorge. Elle savait que ce moment allait changer leur destin, d'une manière ou d'une autre. Et elle n'était pas sûre d'être prête à en affronter les conséquences.

Kayla: Sous son emprise Où les histoires vivent. Découvrez maintenant