Pour Dante, les semaines étaient devenues une routine infernale. Chaque jour du mardi au samedi, il trouvait suffisamment de force pour accomplir les corvées épuisantes, subir les classes ennuyeuses, et écouter les lectures du soir. Les tâches se succédaient inlassablement, ponctuées par les vaisselles après le dîner ou les inspections humiliantes. Mais le dimanche, la routine prenait un tournant encore plus sombre.
Chaque dimanche, malgré ses tentatives désespérées de fuir, de mordre, ou de se débattre, il finissait toujours dans le caisson pour subir le "traitement". Le liquide noir montait autour de lui, et il ressentait la brûlure familière de la substance s'infiltrant dans ses veines. À chaque fois, il s'évanouissait, moins vite au fil des semaines, mais toujours assez tôt pour échapper momentanément à la souffrance.
Après six heures dans le caisson, il était examiné par les médecins, puis conduit à l'infirmerie où Oméga lui administrait une potion pour calmer la fièvre. Là, il dormait jusqu'au repas du lundi soir. La même routine, semaine après semaine, lui faisait sentir comme s'il était piégé dans un cauchemar sans fin.
Mais ce mercredi, quelque chose changea. En se levant ce matin-là, Dante sentit la tension dans l'air. Les gardes semblaient plus nerveux, plus agités que d'habitude. Il les regarda emmener Peter, l'un des garçons Cracmols de douze ans, pour son injection de routine. Mais ce n'était pas tout. Les six plus âgés, ceux de treize ans et plus, furent également séparés du groupe et conduits au couloir des cellules. Leurs visages étaient marqués par la peur, et Dante devina ce que cela signifiait.
Ce soir, c'était la pleine lune.
Dante se rappela ce que Paul lui avait raconté, les murmures échangés à voix basse dans le dortoir, les histoires effrayantes des plus anciens. La nuit de la pleine lune était différente. Les enfants qui disparaissaient ne revenaient jamais. Paul avait parlé du labyrinthe, de loups-garous, et des paris que les gardes faisaient entre eux. Un "jeu", comme ils l'appelaient avec un sourire cruel aux lèvres.
Les plus jeunes ne pouvaient qu'imaginer ce qui se passait réellement ces nuits-là, à partir des fragments de conversations volées, des regards échangés, et des quelques mots que les gardes laissaient échapper. Personne ne savait vraiment, mais tout le monde savait que c'était un enfer.
Le soir venu, alors que Dante s'asseyait pour le dîner dans le réfectoire, l'atmosphère était plus lourde que jamais. Aucun des plus âgés n'était présent, et même les gardes paraissaient tendus. Dante avala sa soupe, mais son esprit était ailleurs, hanté par l'idée de ce qui allait se passer cette nuit.
Les portes du réfectoire restèrent fermées plus longtemps que d'habitude, et aucun des enfants ne fut autorisé à sortir. Ils savaient tous que quelque chose de terrible se déroulait quelque part dans ce bâtiment, hors de leur vue, mais bien réel. Dante sentit une sueur froide descendre le long de sa colonne vertébrale. Il ne pouvait que s'imaginer ce qui se passait, comme les autres, espérant ne jamais avoir à le découvrir de ses propres yeux.
Il échangea un regard avec Antony, qui tremblait légèrement, et murmura :
— Ce soir... le labyrinthe, chuchota Dante à voix basse, plus pour lui-même que pour les autres.
Antony hocha la tête, son visage blême de peur. Dante détourna les yeux et fixa le sol, se promettant de rester fort, de survivre, coûte que coûte. Parce qu'il savait que la nuit de pleine lune, même s'il ne la voyait pas, serait une nuit d'horreur pour ceux qui avaient été emmenés.
Les enfants attendaient, nerveux, assis sur les bancs du réfectoire. La tension était palpable, chaque respiration semblait suspendue dans l'air glacial de la salle. Puis, les portes s'ouvrirent d'un coup, et Alpha entra avec son pas lourd, suivi de deux autres gardes. Il balaya la salle de ses yeux perçants, comme un prédateur cherchant sa proie.

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Les Oubliés
FanfictionDante n'aurait jamais imaginé que faute de lettre pour Poudlard, il finirait dans un... Orphelinat bien particulier pour ces enfants que le monde magique préfère oublier. Là, entre les mains de deux Docteurs, Mr X et Mr Z, gardé par des hommes masq...