13.

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Les jours passaient, les mois, et Dante observait les autres tomber malade, les uns après les autres. Les visages devenaient pâles, les yeux se cernaient de noir, les corps s'affaissaient de fatigue et de douleur. Puis, un matin, Dante se réveilla pour constater qu'ils n'étaient plus que deux dans le dortoir : lui et Matheo.

Matheo, assis sur le bord de son lit, avait la moitié du visage déformée, une enflure qui semblait gonfler de jour en jour. Ses yeux étaient rougis, injectés de sang, et sa respiration était sifflante, laborieuse. Dante le fixa avec une inquiétude grandissante. Qu'est-ce qu'ils avaient fait à son camarade ?

Lui-même avait remarqué des changements. Un hématome constant sur sa nuque, sombre et enflé, s'était formé et ne disparaissait pas. Une marque similaire avait apparu sur son bras gauche. Mais il ne ressentait pas de douleur, juste une étrange sensation d'engourdissement.

— Les docs veulent voir Rookwood, annonça Eureka après avoir inspecté l'hématome sur la nuque de Dante. Désolé, gamin...

Dante tourna brusquement la tête vers Eureka, son cœur s'accélérant. Désolé ? Pourquoi "désolé" ? Une alarme se déclencha dans son esprit. Pourquoi Eureka était-il soudain désolé ?

Mais avant qu'il ne puisse poser la question, Gamma et Bêta l'attrapèrent et commencèrent à le tirer hors du dortoir.

— C'est bête... deux ans, murmura Eureka d'une voix grave. Et toi...

Les mots d'Eureka flottaient dans l'air alors que Dante était traîné à travers les couloirs. Mais il n'eut pas le temps de comprendre ce qu'ils signifiaient. Tout ce qui comptait maintenant, c'était l'urgence de la situation. Peu importe ce qui allait se passer. Il devait se battre. Comme au tout début.

Son cœur battait à tout rompre alors qu'il approchait de la salle d'examen. Il ne pouvait pas laisser cela se produire. Il se souvenait des visages de Peter, de Henry, de Antony... des visages qui avaient disparu, un par un. Non. Pas lui. Pas encore.

Quand ils arrivèrent dans la salle d'examen, il sentit les mains des gardes le soulever violemment, mais il ne céda pas. Il se débattit avec une force renouvelée, hurlant, ses cris résonnant contre les murs de pierre. Ses bras se balançaient, ses pieds frappaient l'air alors qu'il luttait contre leurs prises.

Ils le plaquèrent sur la table, essayant de l'immobiliser, mais Dante continua à se battre, sa volonté de vivre plus forte que jamais. Il cria, ses dents cherchant à mordre tout ce qui passait à sa portée. Il ne se laisserait pas faire. Pas cette fois.

Les voix des docteurs résonnaient dans la pièce, des ordres pressés et furieux. Il les entendait vaguement au-dessus de ses propres cris, mais il ne pouvait pas comprendre leurs mots. Sa vision commençait à se brouiller sous l'effort et la peur.

Et puis, soudain, quelque chose le frappa violemment à la tempe. Une douleur aiguë traversa son crâne, et tout devint noir.

Le silence. Une obscurité complète. Dante sentit son esprit flotter dans un néant paisible, loin de tout, loin de la douleur, loin de la peur... Mais quelque part, au fond de lui, une petite flamme de conscience continuait de brûler, refusant de s'éteindre.

Les docteurs et les gardes observaient avec une attention renouvelée les dégâts dans la salle d'examen. Des étagères avaient été renversées, des fioles brisées, et une partie du mobilier semblait avoir explosé sous une force invisible. La poussière retombait encore lentement, témoignant de la puissance soudaine qui s'était manifestée ici.

Z se tourna vers X, les yeux écarquillés.

— Il... Il a réussi, murmura Z, cette fois avec un mélange d'étonnement et d'admiration.

Les OubliésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant