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Le garçon se réveilla en sursaut, la tête lourde, le corps douloureux et glacé jusqu'aux os. La pluie avait cessé, mais un brouillard humide et glacial flottait dans l'air, enveloppant le portail d'une brume dense. Son souffle formait de petits nuages blanchâtres dans l'air froid du matin, et il se sentit frissonner de la tête aux pieds, les muscles raides et engourdis par le froid de la nuit.

Avant même qu'il ne puisse comprendre ce qui se passait, il sentit une poigne brutale sur son épaule. Un homme masqué, vêtu de noir, se tenait devant lui, ses yeux invisibles derrière les ouvertures du masque. La voix rauque et moqueuse de l'homme retentit comme un coup de fouet dans l'air humide.

— Rookwood leur a vraiment ramené son gosse !? Les docs vont être contents !

L'homme émit un ricanement aigu, presque animal, tandis qu'un second homme, également masqué, se tenait à côté de lui, observant silencieusement. Avant que le garçon ne puisse réagir, le premier homme le saisit par le col de son t-shirt, le soulevant du sol avec une facilité effrayante. La corde qui le maintenait attaché au portail glissa de ses poignets douloureux, mais il n'eut pas le temps de sentir le soulagement.

D'un geste brusque, l'homme le remit sur ses pieds, puis le poussa violemment vers le chemin de l'autre côté du portail.

— Allez, si le petit prince veut bien avancer, dit-il avec une ironie mordante.

Le garçon trébucha, manquant de s'effondrer, mais parvint à retrouver son équilibre. Ses pieds nus s'enfonçaient dans la terre froide et humide, le brouillard s'enroulant autour de ses jambes comme une caresse glaciale. Il tourna la tête pour tenter de voir les visages des hommes, mais tout ce qu'il distingua fut le reflet métallique de leurs masques impassibles.

Ils le poussèrent de nouveau, plus fort cette fois, l'obligeant à avancer malgré ses jambes tremblantes. Le chemin devant lui semblait se perdre dans une brume opaque, et chaque pas qu'il faisait résonnait dans le silence du matin, brisé seulement par les rires étouffés de ses geôliers.

Le garçon avançait à petits pas hésitants, poussé par l'homme masqué dans son dos. Le chemin de terre, étroit et recouvert d'une fine couche de boue, serpentait à travers la végétation dense et sombre. Le brouillard humide s'accrochait aux branches basses des arbres tordus, créant des formes fantomatiques qui semblaient bouger dans la pénombre. À chaque pas, le froid mordait ses pieds nus, et sa respiration se faisait plus difficile dans l'air glacé du matin.

Au bout du chemin, une silhouette plus sombre se détachait dans la brume. D'abord floue, elle se précisait à mesure qu'il avançait, révélant les contours d'un bâtiment sinistre et délabré. C'était une structure grise, terne, qui se dressait comme un vestige oublié du temps. L'édifice semblait à moitié abandonné, avec ses murs écaillés par l'humidité et la moisissure qui rongeaient la pierre. Il avait un étage, mais certaines des fenêtres du niveau supérieur avaient été grossièrement remplacées par des briques, laissant deviner des chambres plongées dans l'obscurité permanente.

Les grandes baies vitrées en bas étaient en partie couvertes de planches clouées de travers, créant une impression de forteresse improvisée. Le bois de ces planches, taché et pourri par la pluie, pendait par endroits, comme une bouche béante, prête à avaler ceux qui osaient s'approcher. Des barres de métal rouillées protégeaient les fenêtres restantes, donnant à l'ensemble une allure de prison.

Le garçon se figea un instant, ses yeux écarquillés fixés sur l'imposante façade. Un frisson glacé courut le long de sa colonne vertébrale alors qu'il sentait une vague de peur monter en lui. Ce bâtiment, austère et silencieux, ne ressemblait à rien de ce qu'il avait connu auparavant. Il était comme un monstre endormi, tapi dans la brume, attendant son heure pour se réveiller.

Les OubliésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant