16.

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Marius flottait dans un coin de la cellule, ses traits fantomatiques tendus, l'inquiétude marquée sur son visage translucide. Cela faisait plusieurs jours qu'il observait Dante sans qu'il bouge vraiment, sans qu'il montre le moindre signe de résistance. Le garçon mangeait rapidement dans son bol quand on lui apportait, mais c'était tout. Sa respiration était basse, trop calme, presque inaudible. Marius savait que c'était à cause de la nouvelle potion.

— Dante ! appela-t-il d'une voix pressante. S'il te plaît... bats-toi...

Mais Dante ne réagit pas tout de suite, ses yeux vides fixant un point invisible dans la cellule, comme s'il était ailleurs, très loin. Marius se rapprocha, son visage à quelques centimètres de celui de Dante.

— Dante, je t'en prie, ne les laisse pas gagner...

À ces mots, Dante ferma les yeux, et des larmes coulèrent silencieusement sur ses joues. Il gémit doucement, sa voix brisée, presque inaudible.

— Je... je peux p-plus... souffla-t-il entre deux sanglots, ses épaules secouées de spasmes.

Marius sentit une vague de tristesse l'envahir. Il avait vu trop d'enfants comme Dante sombrer, trop d'âmes brisées par cet endroit. Mais il avait espéré, espéré que ce garçon soit différent.

— Alors... ils ont gagné encore une fois ? demanda Marius, sa voix empreinte de tristesse et de désillusion. Je pensais que tu étais différent... Plus fort que... que Situs...

Dante renifla, son corps se crispant. Marius continua, sa voix tremblante.

— Lui aussi, il n'a pas eu d'effets secondaires, comme les autres survivants... Et regarde ce qu'ils en ont fait. S'il te plaît, Dante ! Ne deviens pas un nouveau Alpha ! Dante !

Les mots de Marius résonnèrent dans la cellule. Dante, recroquevillé sur lui-même, enroula ses bras autour de ses jambes, serrant ses genoux contre sa poitrine, son corps secoué de sanglots. Il était à bout. Tout son être semblait écrasé par le poids de la fatigue, du désespoir.

— Je vais mourir ici..., gémit-il, sa voix étranglée par la peur. Je veux pas... je veux pas mourir ici...

Marius s'approcha encore, ses yeux brillants d'une émotion profonde.

— Non, tu ne mourras pas ici, dit-il doucement, mais fermement. Pas si tu refuses de céder. Tu es toujours vivant, Dante. Tant que tu respires, tu es encore en vie. Tu as encore une chance. Ne les laisse pas te voler cette chance.

Dante secoua la tête, ses sanglots devenant des gémissements désespérés. Il voulait croire Marius, mais il était tellement fatigué, tellement épuisé...

— Écoute-moi, murmura Marius en se penchant vers lui, son visage déterminé. Tu ne peux pas abandonner. Tu dois trouver une raison de te battre. Quelque chose, n'importe quoi, qui te donne la force de tenir.

Dante leva les yeux, croisant le regard intense de Marius. Il ne savait pas où trouver cette force. Il avait l'impression d'être vide, brisé, perdu.

— Pense à ce que tu veux... ce que tu veux vraiment, dit Marius avec urgence. Pense à ce qui te donne envie de vivre... à ce qui te fait encore vibrer. Tu dois trouver quelque chose qui te garde debout, qui t'empêche de sombrer complètement.

Dante sanglotait encore, mais quelque chose en lui, une petite étincelle, refusait de s'éteindre complètement. Il serra les dents, se forçant à respirer plus profondément, à repousser le brouillard qui s'épaississait autour de son esprit. Il devait trouver quelque chose, n'importe quoi, qui lui donnerait la force de continuer.

— Je... je ne veux pas mourir ici, dit-il, sa voix soudain déterminée, presque farouche.

Il se redressa légèrement, ses yeux rougis par les larmes, mais plus clairs qu'ils ne l'avaient été depuis des jours. Il refusait de finir ici, dans cet enfer de béton et de fer. Il ne voulait pas que cet endroit soit son dernier souvenir, sa dernière vision.

Les OubliésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant