7.

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Alors qu'ils continuaient de laver les bols, un garde fit soudainement irruption dans la cuisine, portant un grand plateau rempli d'assiettes sales, de verres ébréchés, et de couverts usés. Il le déposa brusquement sur la table avec un fracas métallique, faisant sursauter Dante. L'odeur aigre des restes de nourriture s'éleva dans l'air, mêlée à celle du métal rouillé.

Dante fixa le plateau un instant, ses yeux se posant sur les couteaux. Des couteaux, petits et usés, mais pourtant des armes potentielles. Son esprit tourbillonnait avec des idées, des plans embryonnaires de résistance. Il pensa un instant à en prendre un, mais rapidement, son cœur s'emballa. Le souvenir des événements du matin lui revint en mémoire, et il comprit que c'était trop risqué. Où pourrait-il cacher un couteau ici, dans ce lieu où chaque mouvement, chaque geste était scruté ?

Paul, à ses côtés, remarqua son regard insistant sur les couteaux et secoua la tête doucement, ses lèvres se tordant dans une expression d'avertissement.

— C'est Doloris puis isolement pendant un mois, murmura-t-il à voix basse, ses mots à peine audibles sous le bruit de l'eau qui coulait. Max... il a déjà essayé. Il avait trouvé une planque dans la salle de bain. Maintenant... ils nous remettent à poil quand on a fini la vaisselle pour s'assurer qu'on prend rien.

Dante déglutit, sentant la gravité des paroles de Paul peser sur lui. L'idée d'être soumis à nouveau au Doloris et de finir isolé dans une cellule moisie le terrifiait. Son regard se détourna du plateau, et il continua de laver les bols, ses mains tremblantes.

— Max ? demanda-t-il, cherchant à comprendre qui était ce garçon qui avait essayé de se rebeller.

Paul s'assombrit, ses traits se durcissant, ses yeux se voilant d'une tristesse résignée.

— Il est pas revenu hier... répondit-il sombrement.

Dante sentit une boule se former dans sa gorge. Il se souvenait du garçon qui avait été traîné vers les cellules, son bras pendant mollement à ses côtés.

— C'est lui ? murmura-t-il, un nœud de crainte se resserrant dans son estomac. Ils... ils l'ont mis dans une des cellules, je l'ai vu. Ils lui ont fait un truc à son bras.

Paul grogna, son visage crispé par la frustration et l'impuissance.

— Ils ont remarqué qu'il pouvait plus le bouger, dit-il, son ton plein d'amertume. Le traitement... les injections ça te bousille. Dès qu'ils ont vu qu'il était plus utile pour leur "traitement", ils ont décidé de l'isoler. Un bras inutile... pour eux, c'est comme un de moins.

Dante sentit une vague de colère monter en lui, une colère contre l'injustice, contre la cruauté des gardes, contre cet endroit qui dévorait les enfants un par un. Il réalisa que même une tentative d'évasion ou de résistance avait ses propres dangers, des risques qui pouvaient coûter cher. Pourtant, quelque part au fond de lui, cette colère alimentait aussi une petite flamme de rébellion, un désir de se battre, même s'il savait que le coût serait élevé.

Il hocha la tête lentement, continuant de laver les assiettes, son esprit cherchant des moyens, des solutions, mais surtout, se concentrant sur la prochaine étape de survie.

— On doit être prudents, souffla Paul, jetant un regard rapide vers la porte pour s'assurer que personne ne les écoutait. Ils nous regardent... toujours. Ne montre jamais que tu es malade. Jamais.

Dante acquiesça, absorbant chaque mot comme une vérité nouvelle, se promettant de rester vigilant, de ne jamais baisser sa garde. Parce qu'ici, chaque instant comptait.

Après une heure de vaisselle, Dante commençait à sentir la fatigue s'installer dans ses bras et ses épaules. Ses mains étaient rouges, ses doigts engourdis par le froid de l'eau savonneuse, et il luttait pour continuer à frotter chaque assiette, chaque verre, sans laisser de traces. Il savait que toute négligence pourrait lui coûter cher.

Les OubliésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant