Chroniques Spatiales

32. Rencontre au sommet

«Flash Infos. Nous interrompons notre diffusion pour un flash spécial. Ici Malinda Travers...
—... Et Mickaël Song. Un communiqué fédéral nous informe que des cyber-terroristes ont tenté de s'attaquer à la Silicon Planet.
— Eleusis est le principal centre de recherche en informatique et par conséquent, le contre-Amiral Hirokōji, porte-parole du gouvernement fédéral, s'est exprimé. Il a déclaré qu'aucune perte n'est à déplorer et les coupables abattus. Oui, Mickaël?
— Malinda, on me signale que l'incident est donc clos et que tout est rentré dans l'ordre. Par mesure de précaution, le gouvernement tient à informer que les contrôles de sécurité seront augmentés.
— Donc, aucune raison de s'inquiéter, la situation est parfaitement sous contrôle. Personne ne souhaite de retour à la Loi Martiale, donc nous vous invitons à la plus grande coopération...
—... Et à rester vigilant! Longue vie à l'état-major!
— Et vive la Fédération Spatiale!»

Mégalopolis était une ville-planète. La plus ancienne colonie terrestre avait crû comme un cancer, phagocytant absolument tous les espaces possibles. La terraformation fut un succès colossal sur Sigma-751 et l'espèce humaine y avait vu un signe.

Les formes de vie rencontrées, curieuses et méfiantes au début, observèrent scrupuleusement la société humaine, dans un premier temps. Puis, jugeant que cette forme de vie en valait bien une autre, les échanges avaient commencé. Il existait très peu de formes de vie à l'échelle de l'univers. Quant aux formes de vie «organisée», elles étaient encore plus rares.

On ne parlait plus de formes de vie «intelligentes», mais «organisées». La survie avait appris l'humilité, et celle-ci avait fini par enseigner le politiquement correct.

Rassembler des conditions favorables à la formation de la vie, son épanouissement et à son évolution relevait d'une sorte de jeu de hasard cosmique qui impliquait beaucoup trop de zéros après la virgule. On ne pouvait se permettre d'en ignorer une seule.

— Bon sang, c'que j'déteste c'te planète» ronchonna Jig. «Vous en avez fait un *chrindzga* géant. C'est invivable rien qu'à regarder de l'espace.
— Un quoi?
— Une sorte de clapier à lapins, Donut.

Donut regarda le capitaine, un peu méfiant et vaguement dubitatif.

— Et c'est quoi, un lapin?

Levant les yeux au plafond, Traxton abandonna Donut à sa question. Il finirait bien par trouver sa réponse tout seul, comme un grand, un jour ou l'autre. Pour l'instant, il avait d'autres préoccupations en tête.

— Ca grouille de Féd, on dirait. C'est le moment de vérifier si effectivement, on est resté incognito.
— La planète n'est pas bouclée, capitaine, l'informa Yama.
— Ils ne peuvent pas faire ça. Boucler Sigmarillon, ça reviendrait à admettre l'état d'urgence.

Plus personne ne nommait Mégalopolis par son nom d'origine. Traxton lui avait donc trouvé un petit surnom, en allusion à sa couleur d'origine.

— On va bien voir. On a réactivé le transpondeur, on est en transit régulier. Légalement, on a rien à se reprocher. Alors on y va, cap sur l'I.L.T.

— Scipio, calcule-nous vite fait un saut de repli. Juste au cas où.
— C'est devenu votre devise.
— J'apprécierai un peu de soutien, vieux.
— Et moi un peu de sécurité et de sérénité.
— Oui, bah, on a pas toujours c'qu'on veut, dans la vie. Va falloir faire sans.