12. Retour vers la case départ

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«Le vote concernant la rallonge budgétaire semble être en passe d'être validée, en tout cas la décision est entérinée du côté de l'Etat Major, n'est-ce-pas, Malinda?
—Tout à fait, Mickaël, et c'est une excellente nouvelle qui vient soulager les inquiétudes des consortium en lice pour l'appel d'offre. De la technologie, du progrès et bien sûr de l'emploi malgré le manque récurrent de métaux. Le Haut Commandement s'est d'ailleurs déclaré confiant sur la question avec la découverte de nouvelles ressources exploitables. Bien entendu, le concours des citoyens est toujours attendu pour le recyclage.
—Citoyen et non-citoyen, est-il besoin de le rappeler.
—Mickaël, une information vient de nous parvenir de la part du bureau de presse de l'armée fédérale. D'après le communiqué de presse, une attaque terroriste se serait produite au domicile de l'éminent Pr Tobias Rijn-Daël. Un rapport sans doute avec l'appel d'offre et les recherches du scientifique.
—Nous tenons à rassurer les civils, aucune victime n'est à déplorer et la situation est parfaitement sous contrôle. Une nouvelle fois, une nouvelle preuve de la sécurité et de l'efficacité de l'armée fédérale. Une enquête est bien sûr en cours.
—Pas d'éruption solaire aujourd'hui, mais une page sport, av–»

Yamato éteignit l'écran. Le capitaine semblait avoir cessé d'écouter à la mention de «terrorisme».

— A quel point on est dans la merde, selon vous?
— J'dirais à peu près jusqu'au nez. On peut encore respirer, pas vrai? remarqua judicieusement Jig.
— Ouais, mais ça pue.

Traxton poussa un soupir d'exaspération pour tenter de masquer son inquiétude. Blink était en train de se reposer et de recevoir quelques compléments nutritifs. Après tout le mal qu'ils s'étaient donné pour la sauver, il eut été bien dommage qu'elle mourût d'une insuffisance rénale. Yamato se raidit en prenant une pose très assurée.

— Capitaine, vous avez fait ce qu'il fallait, et nous n'avons tué personne.
— Ouais, bah va dire ça aux uniformes, je suis sûr qu'ils nous donnerons le bon Dieu sans confession. Et je fais bien évidemment allusion à une exécution sommaire.»

La gynoïde ne saisissait guère ce genre d'expressions.

— Ne soyez pas amer, Capitaine. Le robot a raison. Il suffit de faire profil bas quelques semaines, le temps que l'agitation retombe.
— C'est pas ça qui va nous aider à gagner notre croute, Scipio. Et t'es jamais le dernier pour le rappeler.

Tout le monde se tut. La mauvaise humeur du capitaine n'était que le reflet d'une situation désastreuse et le constat en était bien pire. Ils étaient bloqués pour un moment à cause de toute cette histoire et ce moment allait leur coûter très cher et ce, sans aucune garantie d'amélioration ultérieure.

Et pour ne rien arranger, il avait tenter d'examiner en détail la clef que lui avait donné Amani Diok'kro. Et comme on pouvait s'y attendre...

— Comment ça, vide?
— Rien du tout, capitaine. Une succession de données sans queue ni tête. Elle nous a berné avec un leurre. Ce truc est aussi inutile que le déphaseur de l'astér–
— J'ai dit que je voulais plus en entendre parler, là!
— Que devons nous faire la concernant, Capitaine? demanda Yama avec naturel.
— Absolument rien. On ne peut même pas la faire chanter ou la vendre aux autorités. On est foutus.

Cette femme était en réalité rusée, habile et sournoise. Traxton s'en voulait terriblement de s'être laissé prendre à son petit numéro de séduction et son petit couplet sur son innocence. Il gribouillait déjà depuis dix bonnes minutes sur la palette graphique de Blink à coup de stylet rageur quand celle-ci sortit de l'infirmerie en s'appuyant tant bien que mal sur les parois.

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