21. Fraude et servitude

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Nass revint vers le comte, l'Inquisiteur sur les talons. Très contrarié d'avoir été privé de sa proie, il se contentait d'ignorer Siméon. Ils étaient privés de précieuses informations potentielles. Quand il revint vers Pol, celui-ci était déjà débout et semblait indemne. Et il n'était pas seul.

«—Monseigneur! Le Créateur soit loué, vous n'avez rien!»

Ignorant le moine, le mercenaire jeta un regard de biais à l'Inquisiteur en chef.

«—On ne pas en dire autant du bougre qu'il a grillé sur place. Je ne savais pas que les Inquisiteurs visaient aussi bien, commenta t-il, insidieux.
—Le Créateur guide ma main face à l'hérésie, soldat, rétorqua t-il. Tâchez de vous en souvenir.»

Le second prélat hésitait sur la conduite à suivre. Il jugea préférable de rompre le silence qui planait depuis trop longtemps.

«—Je me présente, je suis le Chantre Adalbert. Je suis enchanté de vous informer que M. de Barcueil est parfaitement sain et sauf.»

Adalbert tendit la main vers Nass. Il resta immobile en toisant le moine, avant de hocher sèchement la tête. Pol était désolé pour ce moine si gentil qui semblait tout penaud.

«—Que s'est-il passé, Barcueil? aboya Siméon.

Le jeune se redressa fièrement pour regarder avec morgue l'Inquisiteur. Il était couvert de poussière, sa manche déchirée pendouillait et il aurait bien eu besoin d'une douche. Ce qui nuisait considérablement à l'obtention de l'effet recherché.

«—Trois fois rien, monseigneur. Juste une tentative de meurtre sur un légat impérial dans la villa ducale. Personne ne sais d'où est venu ce type et d'après ce que j'ai compris, on ne le saura jamais. C'est bien cela, Nass?»

L'alien répondit d'un sec hochement de tête affirmatif et croisa les bras. Siméon ne put réprimer un rictus mesquin.

«—Ce soldat est responsable de votre sécurité, Barcueil. Mais bref, vous vous trompez sur un point. Nous savons qui est votre agresseur. Son tatouage nous apprend qu'il s'agit d'un forçat évadé.
—C'est-à-dire?»

Ne jugeant pas utile de répondre à une question aussi triviale, il se tourna vers le chantre. Il lui colla l'arme saisie sur le cadavre dans les mains.

«—Adalbert, veuillez informer notre légat impérial. Il a bien besoin qu'on le mette à la page. Messieurs, si vous voulez bien m'excusez, j'ai beaucoup de travail.»

L'Inquisiteur partit d'un pas lest et disparut bien vite dans le couloir.

«—Veuillez lui pardonner, plaida Adalbert, il est très stressé avec l'arrivée du Torquemada et le tribunal itinérant.
—C'est lui qui l'a convoqué!
—A son corps défendant, je dois dire. Il n'a pas eu le choix, c'est un cas d'hérésie.
—Vous êtes sérieux?»

Le jeune moine au crâne soigneusement rasé opina du chef, l'air inquiet. Pol nota qu'il avait également les sourcils rasés, ce qui lui donnait l'apparence d'une tête de mort.

 Pol nota qu'il avait également les sourcils rasés, ce qui lui donnait l'apparence d'une tête de mort

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