CHAPITRE XIV

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Hello, attention les dialogues en allemand sont importants,la traduction est mise dans les commentaires.D'ailleurs ça fait que depuis quelques chapitres que je fais ça mais il faut absolument que je prenne le temps de le faire dans les premiers chapitres.Bref ! Bonne lecture 😘


















Lundi 09 décembre 1940, Vorselanges.


























Le nez plongé dans les caisses du sous-sol de la mairie, j'effectue l'inventaire des décorations de Noël que nous avons en stock, autant dire qu'il y a de quoi faire, vu l'amas de guirlandes que j'ai déjà sortis.

Le temps file si vite, me dis-je intérieurement, et à la fois il paraît stagner sur la même fréquence comme s'il était figé indéfiniment à cause de cette guerre. On ne peut pas dire qu'il s'est passé grand-chose de spécial depuis un mois, mis à part la cérémonie du 11 novembre, j'ai bien crû que les Allemands allaient frôler l'hystérie quand, le lendemain, ils ont trouvé une couronne de fleur assortie de la croix de Lorraine sur le monument aux morts alors que cela avait été formellement interdit par l'occupant. J'ignore quel courageux a eu le cran de commettre ce geste symbolique sans se faire prendre, mais je lui tire mon chapeau.

Les Allemands mettent le préfet sous-pression pour diligenter l'enquête de répression contre le dangereux terroriste ayant osé rendre hommage aux morts (notez l'ironie...). Ils n'ont vraiment que ça à faire, ça en devient risible et je lutte contre l'envie de me moquer ouvertement d'eux devant Hans. Je me ravise à chaque fois, craignant qu'il ne le prenne mal, je ne sais jamais sur quel pied danser lorsqu'il s'agit de son travail, je ne voudrais pas le mettre en colère alors je me tais.

Du côté de la résistance, heureusement pour moi, ni Marcel, ni Marie ne m'a encore demandé de comptes par rapport à la fameuse liste. Je culpabilise tous les jours de mettre de côté cette mission, d'autant plus qu'elle représente une importance capitale pour les camarades, mais je n'y arrive pas et je ne m'y résoudrai pas. Je dois certainement être une personne immonde, faire passer ma relation avec un Allemand avant l'intérêt de la résistance, s'ils savaient...

Reste à voir s'ils goberont mon excuse qui, cela dit, tient la route. Je crains juste qu'ils décident de mettre en place une mission suicide dans le but de récupérer ce papier au sein même de la Kommandantur. Je me demande si je rencontrerai bientôt les autres membres du réseau, après tout, je suis davantage une aide auxiliaire que véritablement une résistante à part entière.

De toutes manières, rien ne sert de se faire des films, je verrai bien le moment venu puisque de toutes façons c'est comme cela que ça fonctionne.

Je peaufine le choix des décorations et replace le châle sur mes épaules avant de grimper les escaliers sinueux avec mes caisses dans les mains. Le sapin trône fièrement dans le hall de la mairie, il nous surplombe de toute sa hauteur, dressant majestueusement ses branches épineuses aux senteurs boisées. J'affectionne tant cette période, l'ambiance qu'elle véhicule comme si nous voyions le monde à travers des yeux d'enfants. On ressent l'atmosphère plus légère autour de nous, que ce soit dans le travail, dans les relations entre Vorselangeais. Même les Allemands ont l'air de se dérider ces derniers jours, étonnant n'est-ce pas ? Enfin, seulement si on met de côté cette histoire du 11 novembre.

Je laisse tomber les caisses au sol dans un fracas absolument pas discret et grimace un sourire gêné devant la mine agacée des soldats qui passent. Ces derniers finissent par secouer la tête avec amusement, visiblement contaminés eux aussi par la jovialité ambiante.

À Ceux Qui Nous Ont OffensésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant