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Livia

Le bar était calme, les derniers clients étaient partis. Eliot, comme à son habitude, s'appuyait contre le bar, un sourire en coin et un verre à la main.

— Alors, tu comptes me dire ce qui t'obsède, ou je dois deviner ? demanda-t-il, ses yeux pétillants d'amusement.

Je soupirai, jouant nerveusement avec le bord de mon verre. J'hésitais. Je sentais que j'avais besoin de son avis. Je levai enfin les yeux vers lui.

— C'est Alessandra. Celle dont je t'ai déjà parlé. Mademoiselle Baldini. Tu te souviens ?

— Comment oublier ? La même fille qui a protégé Nolan, non ? Elle m'avait impressionné ce soir-là, admit il en hochant la tête. Qu'est-ce qu'elle a fait cette fois ?

Je pris une gorgée de mon verre avant de me lancer.

— Elle... m'a touchée. Pas de manière déplacée, mais c'était déstabilisant. Et je crois qu'elle sait parfaitement ce qu'elle fait. Elle a détourné toute la conversation en flirtant, en se cachant derrière ça pour ne pas parler de ce qui s'est vraiment passé l'autre nuit.

Eliot arqua un sourcil, toujours amusé, mais je pouvais voir qu'il prenait la situation au sérieux.

— Et ça t'a déstabilisée ? demanda-t-il, avec un air curieux.

Je fermai les yeux un instant, cherchant à comprendre mes propres réactions.

— Oui, enfin, je ne devrais pas être affectée comme ça. Je suis sa prof, et elle est étudiante. Cette situation ne devrait même pas m'atteindre. Mais quand elle m'a touchée, c'était différent. 

Je vis Eliot m'observer en silence, un sourire presque imperceptible sur son visage.

— Tu sais ce que je pense, Liv ? Ça ressemble à une fuite. Elle joue avec toi parce que c'est plus simple pour elle que d'affronter ce qui se passe réellement. C'est sa manière d'éviter de te montrer qui elle est vraiment.

Je fronçai les sourcils. Ce qu'il disait faisait écho à quelque chose que je n'avais pas voulu admettre.

— Une fuite ? Tu penses qu'elle se cache derrière ce jeu ?

— Bien sûr, répondit il en haussant les épaules. Regarde les faits. Elle te cherche en flirtant, en te provocant, mais elle n'a jamais vraiment abordé ce qui s'est passé cette nuit-là. C'est une façade, Liv. 

Je restai silencieuse, absorbant ses paroles. Peut-être qu'Eliot avait raison. Peut-être qu'Alessandra utilisait le flirt comme une armure, pour ne pas montrer sa véritable vulnérabilité.

— Mais tu sais ce qui est encore plus compliqué ? reprit il avec un sourire. C'est que toi aussi, tu n'es pas indifférente. Et si elle te déstabilise autant, c'est peut-être parce que quelque part, tu apprécies le jeu. Sinon, tu aurais coupé court dès le début, non ?

Je baissai les yeux, incapable de le contredire. C'était vrai. Une partie de moi était fascinée par elle. Alessandra avait cette manière de me troubler, de jouer avec mes émotions, et bien que je devrais maintenir mes distances, je n'en avais pas envie. 

— Ça se voit, continua Eliot en riant doucement. Tu as l'air totalement accrochée. Mais fais gaffe, Livia. Si elle fuit quelque chose, c'est à toi de décider si tu veux vraiment creuser ou non. Parce que si tu te décides à la suivre, tu dois être prête à mettre les deux pieds dans ce qui pourrait bien être un cauchemar. Son cauchemar.

Je relevai les yeux vers lui, plus sérieuse cette fois.

— Un cauchemar ?

Eliot hocha la tête, s'approchant un peu plus de moi.

Entre deux viesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant