IV

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Alessandra

La nuit était tombée depuis longtemps, mais la sensation persistante du regard de Livia sur moi refusait de disparaître. Cette scène au bar tournait en boucle dans mon esprit. Pourquoi était-elle venue, alors que Nolan m'avait laissée en plan ?

Je marchais dans les rues sombres, tentant de comprendre ce que je ressentais. Ce qui me troublait, c'était cette impression de domination. Livia, tout comme lui, semblait vouloir contrôler la situation, jouer avec les émotions des autres.

À chaque parole, à chaque démonstration d'autorité, il me rappelait combien j'étais insignifiante sans lui. Et cette sensation réapparaissait, avec Livia cette fois. Nolan, lui aussi, m'avait déçue en me cachant la vérité, tout comme mon père manipulait la réalité pour garder l'emprise.

Une boule se forma dans ma gorge. Mon souffle devint court. Je ne veux plus de ça. La colère montait, mais, en dessous, quelque chose de plus profond : la peur. Je l'avais fuie pendant des années, mais elle revenait toujours, comme une ombre collée à mes pas. Je ne peux pas le laisser me contrôler encore.

Je tombai à genoux sur le trottoir, luttant pour retrouver une respiration régulière. Mais c'était impossible. Chaque inspiration devenait plus difficile, comme si le poids de ces souvenirs me clouait sur place. J'étais à nouveau prisonnière, non pas de lui, mais de ce qu'il avait laissé derrière.


Livia

Le bar s'était vidé, mais je n'arrivais pas à me détendre. Elle m'avait défiée, mais au-delà de cette colère brûlante, il y avait autre chose chez elle, quelque chose de plus profond, de plus vulnérable. Ce n'était pas seulement une étudiante arrogante. Elle portait quelque chose de lourd, et malgré moi, je voulais comprendre ce qu'elle cachait derrière cette façade.

Je sortis une cigarette de ma poche et l'allumai, espérant que ce moment de répit m'aiderait à clarifier mes pensées.

Je tirai une bouffée de ma cigarette. Soudain, quelque chose attira mon attention au loin. C'était elle, Mademoiselle Baldini. Assise sur le trottoir, les bras enroulés autour de ses genoux. Je crus d'abord qu'elle essayait juste de se calmer, mais en m'approchant, je compris que c'était bien plus grave. Elle semblait perdue, dépassée par ce qui se passait en elle. Son souffle était saccadé, presque douloureux, comme si elle luttait pour ne pas sombrer.

Je m'avançai prudemment vers elle. Sans réfléchir, mes lèvres prononcèrent son nom doucement, presque comme une question.

— Alessandra ?

Pas de réponse. Elle ne me voyait même pas. Je restai à quelques pas d'elle, hésitant à m'approcher davantage. Quelque chose en moi me disait que je devais la laisser, mais en même temps, je ne pouvais pas ignorer la détresse évidente dans ses traits. Mon instinct me poussait à la rejoindre, mais je me retins de la toucher.

— Alessandra, tu m'entends ?

Toujours aucune réaction. La panique semblait la submerger. Je me sentais presque paralysée face à cette vulnérabilité inattendue.

Je m'accroupis doucement à côté d'elle, gardant une distance. Mon cœur battait plus fort à mesure que je l'observais, hésitant. Je ne devais pas la toucher, pas sans qu'elle me voie.

Entre deux viesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant