XIX

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Alessandra

3 mois plus tard

Depuis que j'avais aperçu ce message sur le téléphone de Mila — "Piccola mia" — une expression qui résonnait d'une emprise propre à Stefano, je me sentais étrangère dans mon propre espace, comme si chaque repère s'effondrait sous mes pieds. J'essayais de balayer ce malaise constant, mais la trahison rôdait, chaque silence entre nous accentuait cette impression qu'un mensonge pesait dans l'air. Je notais chaque détail suspect, chaque sortie précipitée, chaque message qu'elle tentait de cacher, mais sans preuve, je restais en silence, observant.

Depuis le cours avec Livia, que je n'avais pas revue depuis, j'avais tenté de m'expliquer avec Nolan, espérant éclaircir les zones d'ombre qui m'assaillaient. Pourtant, même ses paroles réconfortantes ne parvenaient pas à apaiser mon esprit tourmenté. Chaque fois que je me retrouvais dans les bras de Mila, l'ombre de Livia semblait flotter autour de nous, omniprésente. Cette sensation me laissait épuisée, tiraillée entre le passé et le présent, entre ce que je ressentais et ce que je devais ressentir.

Un soir, en sortant avec Nolan pour essayer de me changer les idées, je l'aperçus à travers la vitre d'un bar. Mila était en pleine discussion avec un homme, un visage familier que j'aurais préféré oublier : Marco, un des associés les plus fidèles de Stefano. Un frisson parcourut mon échine. Cette rencontre ne pouvait pas être un simple hasard.

Le reste de la soirée se déroula dans une sorte de brouillard. Les mots de Nolan, ses tentatives pour m'apaiser, me semblaient lointains, comme si j'étais enfermée derrière une vitre épaisse. Une seule pensée accaparait mon esprit : il fallait que je sache. Que je découvre toute la vérité.

Lorsque je rentrai chez moi, Mila était déjà là, assise dans le salon, et releva les yeux dès que j'ouvris la porte. Je posai mes affaires, respirai profondément pour contenir l'orage intérieur, mais la colère m'échappait déjà dans chaque regard et chaque geste.

— Ale... murmura-t-elle, ses yeux scrutant mon visage comme si elle pouvait y lire le trouble.

Je m'avançai lentement, plantant mon regard dans le sien.

— Je t'ai vue avec Marco ce soir, Mila, dis-je d'un ton glacial. Veux-tu m'expliquer pourquoi tu discutes avec l'un des associés les plus proches de mon père ? Depuis combien de temps tu te coordonnes avec lui ?

Elle pâlit, son regard fuyant, une hésitation trahissant sa peur. Elle déglutit, comme si elle cherchait une échappatoire, un moyen de me convaincre de sa sincérité. Mais mon silence insistant la poussa à parler.

— Ale... écoute, ce n'est pas ce que tu crois. C'était pour te protéger. Stefano... il pense que Livia n'est pas bonne pour toi, qu'elle pourrait te faire du mal. J'ai... j'ai voulu te protéger, Ale.

Je restai un instant silencieuse, abasourdie par sa réponse. Une vague de colère froide monta en moi, et je laissai échapper un rire amer.

— Protéger ? répétai-je, le ton mordant. Vous êtes tous incroyables, avec votre besoin de me "protéger." Mais vous ne me laissez jamais choisir ! Tout le monde pense savoir ce qui est mieux pour moi, tout le monde décide dans mon dos.

Elle tenta de s'approcher de moi, mais je reculai, serrant les poings.

— Et dis-moi, Mila... tu savais pour ma mère ? murmurai-je, la gorge serrée.

Elle s'arrêta, le visage blême. Ses lèvres se mirent à trembler.

— Ale... je... je ne voulais pas que tu souffres, alors je... oui, j'ai su, mais c'était trop tard, et... Je pensais que te dire la vérité te briserait davantage.

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⏰ Dernière mise à jour : Nov 11, 2024 ⏰

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