Entre deux vies

IX

Alessandra

Mila me soutenait doucement alors que nous franchissions la porte de mon appartement. La journée avait été un tourbillon d'émotions, et je me sentais complètement épuisée, à la fois physiquement et mentalement. Mais malgré tout, une partie de moi restait en alerte, et cette partie était troublée par la proximité de Mila. Ses gestes étaient doux, attentionnés, presque trop.

— Ale, murmura-t-elle, en me dirigeant vers la salle de bain. Tu as besoin de te détendre. Laisse-moi m'occuper de toi.

Je me laissai faire, incapable de résister à l'épuisement qui m'envahissait. Je n'avais plus l'énergie de penser à Livia, à la trahison supposée ou aux questions qui me rongeaient l'esprit. Mila, quant à elle, semblait déterminée à être un soutien inébranlable. 

Sous le jet chaud de la douche, je fermai les yeux et tentai de vider mon esprit. L'eau glissait sur ma peau, emportant avec elle une partie de la tension accumulée.

En sortant de la douche, enveloppée dans une serviette chaude que Mila m'avait tendue, je pris un instant pour me regarder dans le miroir. Mon reflet me parut étranger, tout comme cette proximité avec elle. Elle me guida doucement vers ma chambre, comme si tout cela était naturel. Mais rien ne l'était plus. 

— Ça va mieux ? me demanda-t-elle en m'aidant à me sécher.

Je hochai la tête, mais un silence pesant s'installa entre nous. Je n'avais pas vraiment envie de parler, mais elle semblait ressentir le besoin de combler ce vide.

— Viens, on va se coucher, dit-elle doucement en m'accompagnant vers ma chambre.

Je me laissai tomber sur le lit, épuisée. Mila se glissa à mes côtés, et je sentis la chaleur de son corps se rapprocher du mien. Pendant un moment, elle resta silencieuse, ses bras autour de moi, offrant ce réconfort dont elle savait que j'avais besoin. Pourtant, je pouvais sentir qu'elle attendait quelque chose.

— Tu te souviens de notre première nuit ici ? demanda-t-elle d'une voix douce, presque mélancolique. Tout semblait si simple entre nous à l'époque.

Je restai silencieuse. Bien sûr que je m'en souvenais. Il y avait eu des moments où nous étions heureuses ensemble, avant que tout ne se complique. 

Mila s'approcha un peu plus, posant une main douce sur mon bras, traçant de légers cercles du bout des doigts. Son toucher éveilla quelque chose en moi, une sensation familière, mais également dangereuse.

— On pourrait tout retrouver, Ale, murmura-t-elle. Tout ce qu'on avait avant. Je suis là pour toi, je n'ai jamais cessé de l'être. Livia, par contre... Elle cache des choses, tu le sais, n'est-ce pas ?

Cette question me fit l'effet d'un coup. Parce que oui, je le savais. Ou du moins, je le craignais. Livia avait quelque chose à cacher, c'était évident. Je ne pouvais m'empêcher de douter. Mila, elle, continuait de parler doucement, m'entraînant un peu plus dans ses bras.

— Si elle t'aimait vraiment, elle ne te mentirait pas comme ça. Elle ne te cacherait rien, pas après tout ce que vous avez traversé. Moi, je t'ai toujours dit la vérité, ajouta-t-elle, sa voix devenant plus intense.

Je fermai les yeux, sentant la chaleur de son corps contre le mien. Une part de moi voulait croire ses mots, se laisser aller à cette facilité qu'elle représentait. Mais une autre part savait que ce n'était pas aussi simple.

 Livia

Je restai figée après que les paroles d'Alessandra résonnèrent encore dans l'air. Un proche de moi, quelqu'un que je connaissais, avait embauché un homme pour la suivre. Mais pourquoi ? Et surtout, qui ? Mon cœur battait à tout rompre, essayant de comprendre comment cela avait pu se produire sans que je ne me doute de rien.