Adieu

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      Nous courrons jusqu'à perdre haleine. La nuit est sombre. Les étoiles nous éclairent un peu, mais le froid est mordant. Comment se fait-il que le jour brûle et la nuit glace ? Je continue de courir quand mes jambes me lâchent et je tombe sur le sable. Nous ne savons même pas où nous allons. Inutile de se dépêcher. Mattia se retourne et vient vers moi.

— Allez, lève-toi ! Nous devons trouver un endroit !

— Quel endroit ? Nous sommes perdus dans le sable ! J'ai froid ! Mes pieds me font mal et j'ai peur ! hurlé-je avant de pleurer.

Il s'approche de moi dangereusement.

— Qu'est-ce que tu fais ? Mattia ! Tu me fais peur !

      Sans me le demander, il me porte sur son dos. Je m'accroche à ses épaules. Il gémit de douleur lorsque je touche celle qui est blessée.

— Fait attention, un peu !

— Désolé, j'ai peur de tomber... !

— On va trouver un endroit et après, je pourrais réfléchir à une solution.

      Nous marchons et marchons pendant je ne sais combien de temps. Sur plusieurs fois, il s'arrête pour me remonter sur son dos. Je sais qu'il souffre. Je ne suis pas un poids plume. Il grimace de douleur chaque fois qu'il marche. Je le remercie du fond du coeur pour m'avoir portée sur lui. Il prouve qu'il tient à moi, non ?

      Mon regard balaye le sable. Rien, que des grains marron foncés par la nuit. La lune et les étoiles nous éclairent le chemin, mais je ne vois aucun endroit. Mes lèvres me font mal à force d'avoir soif. Je regarde sur la droite et remarque une tâche sombre dans la nuit. Je tape sur son autre épaule.

— Mattia ! Je crois qu'il y a quelque chose là-bas !

Je me tortille dans tous les sens pour qu'il me lâche.

      Un regain d'énergie me gagne d'un seul coup quand je crois reconnaître une tente. Il tombe au sol lorsque je réussis à descendre. Il est trop épuisé. Je cours vers la tâche et j'avais raison. C'est bien une tente. Il y a un sol et une bouteille d'eau se trouve à côté d'une paillasse de fortune à base de chiffon. Je retourne auprès de lui et le force à se lever.

— Laisse-moi..., souffle-t-il allongé sur le dos. Je suis épuisé... J'ai mal partout...

— Mattia ! C'est une tente ! Il y a de l'eau ! Viens avec moi !

Je le tire par le bras, mais il ne bouge pas.

— Allez ! Viens !

      Il se lève avec mal et me suit enfin. Je ne lui lâche pas la main. J'entre dans la tente et il me suit. Je le regarde avec fierté.

— Tu vois, j'avais raison, dis-je en bombant ma poitrine.

— Formidable, grimace-t-il de douleur tandis qu'il s'allonge sur le lit de fortune.

— Bois, Mattia.

Je lui fais boire au goulot, mais il se redresse vivement lui arrachant un cri de douleur.

— Je ne suis pas un enfant, je peux boire tout seul ! grogne-t-il en m'arrachant la bouteille des mains.

      Il en prend une gorgée et me la tend à mon tour. Je l'imite et la repose. Il se rallonge. Le froid de la nuit me fait grelotter. Je mets mon abaya pour me tenir chaud. Cela fonctionne un peu, mais pas vraiment.

— Un régime ne serait pas trop, lâche-t-il d'un seul coup.

— Pardon ?

— J'ai hyper mal au dos. Je ne pensais pas que tu étais aussi lourde !

Mon empireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant