Mon empire

L'homme mystérieux

La vie ne passe pas... Seulement 3 jours que Mattia est venu me voir pour la dernière fois, je crois, et 3 jours où je n'arrête pas de ruminer sur ma situation. 3 jours où j'essaye de m'imaginer avec un gros ventre et quelque chose qui me met des coups. 3 jours où je me demande comment je vais appeler ce bébé et s'il m'aimera vraiment. 3 jours où je ne fais que de pleurer et me demande si ma vie vaut la peine d'être vécue.

Vaut-elle la peine ?

J'ai perdu l'homme que j'aime. Il me déteste et ne voit en moi que le mal que je lui ai fait et, de la, à me reprocher le départ de Lino et de Claudia, je trouve cela culotté de sa part...

Je n'y suis pour rien dans tout ça !

On dirait que ma venue sur Terre est un fardeau pour tout le monde. Mes parents vont m'en vouloir quand ils vont savoir que je suis enceinte d'un type qui n'est même pas au courant et pas là. Je vais les décevoir et je crois que c'est ce qui me brise le plus le cœur.

Je ne sais pas si j'ai envie de donner un sens à ma vie. J'ai seulement 21 ans et je l'ai déjà gâché. Je n'ai plus envie de rien... Peut-être est-ce venu le moment de rejoindre ma Mamie parmi les étoiles...

Doucement, je me dirige vers ma salle de bain et ouvre mon tiroir où se trouve mon rasoir. J'ai vu que dans des films, certains se taillent les veines et partent en quelques minutes. Je me dis qu'avec un peu de chance, je pourrais partir sans souffrir.

Je maudis Mattia, je maudis cet enfant que je ne connais pas ! Je me maudis ! J'aimais la vie avant !

Je laisse couler mes larmes. La chaleur de celles-ci me réconforte un peu. Ma Lady couine à côté de moi. Je ne veux pas qu'elle me voit comme ça...

— Ne me regarde pas, ma fille. Maman est très malheureuse et elle ne peut pas continuer de vivre ainsi...

Pour me répondre, elle me met un coup de tête sur la jambe et je m'en veux de devoir l'abandonner... Je saisis mon portable et écris un SMS à Cynthia.

« Pourras-tu passer donner à manger à Lady ? Je pars pour un petit moment. Merci, je t'aime... »

J'appuie sur « envoyer » et pose mon portable sur la table.

Je retourne auprès de mon rasoir. J'enlève la lame du support et la garde entre mon pouce et l'index. Je prends une grande inspiration et la dirige vers mes veines. Ma chienne couine de tristesse. Je la pousse hors de la salle de bain avant de la caresser une dernière fois. Je veille à fermer la porte à clé pour ne pas risquer qu'elle entre.

Je ferme les yeux et pose la lame sur ma peau.

Des images de ma vie défilent.

Mattia, le Mangogo, je nous vois faire l'amour, l'embrasser, je vois son sourire, ses yeux, ses mains, son corps. Je secoue la tête tellement il me hante. Je ferme de nouveau les yeux et commence à appuyer. La douleur est bien présente. Je vais pour continuer, mais mon portable se met à sonner. Je l'attrape. C'est un numéro que je ne connais pas ? Et si c'était Mattia ? Quelque chose me dit que c'est lui. Sans attendre, je réponds.

— Allô ?

— Elena ?

— Oui, vous êtes ?

C'est une voix masculine.

— Je suis docteur Pagesse. C'est moi qui vous ai auscultée à l'hôpital. Je vous appelle pour vous parler de ce qu'on vous a dit il y a 3 jours.

— Vous parlez du bébé ? demandé-je sans comprendre.