Le néant

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Cela fait plusieurs jours, semaines, mois que je n'ai pas de nouvelles de Mattia. Je lui ai envoyé de nombreux SMS sans jamais avoir de réponse... J'ai hésité plusieurs fois à aller le voir directement chez Carlo, mais quelque chose m'en empêchait, et c'est sans parler du mec qui me fait peur. Je ne sais pas quoi faire... Sans lui, je suis comme perdue... Comme une pauvre fille en attente de quelque chose, mais elle ne sait même pas ce à quoi elle s'attend... Si, elle le sait, elle attend un homme en particulier... Qui ne viendra jamais...

Depuis que je le connais, tout me lasse. Mon travail que j'adorais tant commence à m'ennuyer. Je vais donner à Ruben ma lettre de démission. Je ne devrais pas, mais je n'ai plus aucun plaisir. Les clients sont désagréables au plus haut point et faire toute la journée les mêmes choses commence à me rendre folle. Le même lieu, le même endroit, les mêmes collègues, le même patron. La même vie... Jusqu'à la fin ?

Je n'ai plus plaisir à rien. Depuis que je n'ai plus de ses nouvelles. Je suis vide. Je ne me maquille plus, je ne sors plus, je ne m'habille plus. Pour guise de vêtements, je porte un vieux T-shirt noir et un jean bleu. Mes cheveux sont en vrac sur mes épaules et mon visage a perdu toute sa lumière... D'après Cynthia, je suis en dépendance affective avec lui. Peut-être que je le suis vraiment. Peut-être que je dépends complètement de lui. Qu'il est mon monde, ma vie, mon tout.

Je le connais seulement depuis quelques mois et déjà, il a pris toute la place dans mon quotidien. Il ne quitte jamais mes pensées, ne quitte jamais mon cœur. Julien a bien essayé de me le faire oublier, mais il a utilisé la mauvaise méthode. Les menaces et les photos n'ont fait qu'accroître mon amour pour Mattia. Rien que son prénom, je fond comme glace au soleil. Mattia.

Cet homme est tout ce que jamais je n'aurai espéré. Une beauté et un charme sans pareils, et surtout ce visage. Ses yeux clairs, sa bouche sensuelle et mon Dieu, comment il me fait l'amour. Cet homme, je le veux pour toujours. Il me suffit de fermer les yeux pour que je le vois. Il me manque tellement...

— Vous n'avez toujours pas parlé. Pourquoi êtes-vous là ?

Je soulève ma tête.

Le psychologue me regarde avec un air niais de celui qu'on donne à un enfant de 10 ans. S'il savait ce que je pense de lui, il serait sûrement en train de s'énerver et me jetterait son carnet à la figure. Pourquoi je suis là ? Je ne le sais même pas moi-même... Ce n'était pas de ma volonté de venir ici, mais ma mère a insisté pour que je sois là.

— Vous voyez, elle n'est plus la même, docteur ! Je m'inquiète, ma fille est déprimée toutes ses journées !

J'entends ma mère se mettre à pleurer. J'en ai le cœur brisé. Je n'ai pourtant aucune envie de la prendre dans mes bras ou même de lui dire que je vais bien. Est-ce que je vais bien ? Je ne le sais même pas moi-même.

— Votre fille a eu un traumatisme, quelque chose ?

— Je ne sais pas, docteur ! S'il vous plaît, aidez-la !

Ma mère en rajoute de trop, comme bien souvent. Si je leur expliquais ce que je ressens, que Mattia me manque à en mourir, on me prendrait pour une folle et me dirait une phrase du genre « Mais tu es jeune, des hommes, tu en aimeras d'autres ! Souris ! La vie est belle !» Et je n'ai pas du tout envie d'entendre cela.

— Elena, pouvez-vous me parler. Qu'est-ce qui vous arrive ?

Je souffle un grand coup et des larmes ruissellent au bord de mes yeux. Mes lèvres se mettent à trembler. Je devine que je vais m'effondrer si je parle.

Mon empireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant