Mon empire

Bleu

      Les retrouvailles avec Cynthia se sont bien passées. Elle m'a raconté son voyage au Kenya. Là-bas, elle s'est lié d'amitié avec une femme du nom de Féola. Une belle Africaine qui va se marier. Elle m'a appris qu'elle était invitée à y aller. Je suis heureuse pour elle, mais tout le long qu'elle me parlait, je ne faisais que de penser à lui. À son regard trahi qu'il m'a lancé, la peur que j'y ai lue, l'envie de me tuer sur place aussi. Différents sentiments qui sont passés dans ses yeux.

      Mon coeur ne sait pas s'il a bien fait d'aller voir la police. Une chose est sûre. Julien m'a promis de m'aider et c'est ce qu'il fait. La femme policière accroche le micro contre ma poitrine à l'aide d'un sparadrap transparent. J'espère que personne ne le verra. Julien continue de faire des tests pour voir l'efficacité de la portée de sa voix. Tout semble fonctionner. Je tente de parler et il m'annonce qu'il m'entend dans l'oreillette.

— Tu n'as qu'à dire le mot : « Bleu, » et nous arrivons, dit-il en posant sa main sur mon épaule droite.

      Cette proximité me rappelle les moments passés ensemble. J'ai été intime avec cet homme, mais je ne l'ai jamais aimé.

— Crois-tu que vous arriverez à temps pour me sauver ? risqué-je les larmes aux bords des yeux.

— Je te le promets. Personne ne te tuera. Ni toi, ni ton ami.

Il encercle mon visage de ses mains et se rapproche de moi.

      Va-t-il m'embrasser ? Oh non ! Ce serait le pompon ! J'aime Mattia, pas lui ! Je ne suis pas consentante !

      Je m'éloigne doucement de lui pour lui faire comprendre que ce n'est pas la peine. Ses mains restent en l'air un moment avant de retomber doucement le long de son corps. Je me sens gênée de faire cela, mais je suis honnête avec lui, plus de faux espoirs.

— Je ne saurais jamais ce qu'il a de plus que moi, Elena. Je respecte ton choix et merci de ne pas jouer avec moi, dit-il en me souriant. Tu peux y aller. Votre rendez-vous est dans 2 heures.

      Je le remercie et m'en vais de son bureau. Je descends les marches du Commissariat. Je dois à tout prix voir Mattia pour lui parler du plan avec la police. Il ne veut pas en entendre parler, mais je dois le faire. Je monte dans ma voiture. Je décide d'aller le voir directement chez lui. En mettant ma ceinture, je sens le micro me tirer la peau. Je gémis de douleur, me rappelant que je suis en sursis. Tout à l'heure peut être ma dernière heure et je ne veux pas la passer sans le voir. Je tourne mes clés et le moteur démarre. Je me dirige chez lui.

      Sa moto est devant sa porte. Il est là-bas. Mon coeur tambourine déjà de voir son bolide. Je sors de ma voiture et tape à sa porte de 3 coups. Il m'ouvre et semble agacé de me voir chez lui. Il ne m'invite pas à entrer. Il s'appuie contre le chambranle de la porte et m'observe de haut en bas avant de froncer les sourcils.

— Que viens-tu faire ici ?

— Je voulais te mettre au courant de ce qu'on doit faire.

— On ? Laisse-moi rire ! lâche-t-il en me poussant pour me passer devant.

      Il se dirige vers sa moto. Il met son casque avant de l'attacher. Il m'ignore complètement. Je déteste cela ! Je le suis, mais il fait comme si je n'étais pas là. Il fait vrombir sa moto. Je me positionne devant lui pour l'empêcher d'avancer. Il pose son pied par terre et ouvre sa visière. Je me plonge dans cet océan.

— Pousse-toi ! Hurle-t-il.

— Mattia ! Une fois là-bas, je n'aurai qu'à dire un mot et ils interviendront ! hurlé-je à mon tour pour qu'il m'entend.