Mon empire

Premier pas

Il faut absolument que je sois la plus présentable possible pour espérer avoir le poste de mes rêves. Je décide d'oublier ce que je viens de vivre avec Mattia, ce qui, je pense, va diminuer encore plus mes chances de lui plaire. Je traverse le grand hall. Il est immense. La réception est devant un grand escalier de couleur rouge et les cages d'ascenseurs sont dorés. Des canapés de couleur rouge et dorés sont placés à côté de la réception pour faire patienter les clients. Ils ont même la possibilité de boire un café et lire un journal.

Je continue mon avancée et m'arrête devant l'accueil. Une belle femme blonde, tient les commandes. Ses cheveux sont relevés en un beau chignon sophistiqué et ses lèvres sont rouges carmin. Ce rouge lèvre lui va vraiment bien. Il s'harmonise parfaitement avec le mobilier de l'hôtel et les grands rideaux bordeaux ornés de ficelle épaisse dorée. Quand on pénètre dans cet endroit, on ressent le luxe et les richesses nous envahirent, et c'est là que je regrette de ne pas avoir eu la chance de naître dans une famille aisée.

— Excusez-moi ?

Je me retourne. J'ai l'impression que quelqu'un essaye de me parler.

— Bonjour. Que puis-je pour vous ? Me demande-t-elle toute souriante par habitude de politesse.

Je n'arrive pas à trouver les mots tellement je suis impressionnée par cette femme et, je l'avoue, j'ai peur de rater mon entrée.

— Bonjour, je voulais savoir s'il était possible de voir votre responsable, s'il vous plaît.

Elle me regarde bizarrement avant de regarder sur son ordinateur si son responsable est capable de me recevoir.

— Je vous prie de patienter quelques minutes. Monsieur DURANT ne va pas tarder à nous rejoindre.

Je prends place sur un beau canapé couleur blanc crème avec lise-rets dorés. Je m'enfonce un peu plus dans le moelleux du siège. Je n'ai pas le temps de fermer les yeux. Je ressens la présence d'un homme à côté de moi.

— Elena ?

— Oui, c'est bien, moi.

— Veuillez me suivre.

Je ne le fais pas répéter deux fois et le suis jusqu'à un bel escalier double qui passe au-dessus de l'accueil. Je devine que ce doit être son bureau qui est installé non loin de là. Il m'invite à entrer dans une pièce. C'est bien son bureau. Je prends place devant lui dans un beau fauteuil marron orné de doré. Décidément, ils aiment le doré ici.

— Vous êtes ici pour me donner votre CV ?

— Oui, c'est ça. Nous nous sommes parlés au téléphone tout à l'heure, je vous ai même dis que je n'étais pas loin de vous.

Je lui souris pour me donner une contenance et être plus agréable. Il me renvoie mon sourire en retour. C'est plutôt bon signe.

— Quelque chose m'interroge. Pourquoi avoir demandé à voir le responsable si c'était seulement pour postuler ?

Que dois-je répondre ? J'avoue que j'ai fait une grosse erreur en disant cela, mais est-ce que je dois risquer de perdre ma place ? Que dois-je faire ? Autant lui dire la vérité.

— Je suis désolée. Je me suis laissé emporter par le stress et j'ai été impressionnée par votre très belle hôtesse d'accueil. Je regrettes...

— Avez-vous de l'expérience en tant qu'hôtesse d'accueil ?

Il prend son stylo et commence à noter quelque chose sur une feuille devant lui.

— Non, pas encore, je sors des études... Si vous me laissez ma chance, je pourrais vous prouver que je suis faite pour ce métier, lui dis-je sûre de moi.

— Vous habitez loin d'ici ?

— Non, à quelques rues, je ne suis pas loin.

Il continue d'écrire sur son carnet. Ce qui me rend nerveuse.

— Parfait. Vous commencerez lundi prochain. Nelly sera votre formatrice.

Je relève la tête. Ai-je bien entendu ce qu'il vient de me dire ?

— Ma formatrice ? Répèté-je par automatisme.

— Oui, avant de vous laisser seule à l'accueil, vous apprendrez auprès de Nelly. Elle vous fera voir les rudiments de ce métier. J'espère que vous ne voyez pas d'inconvénients à cela ?

Je me rends compte enfin de ce que tout ça veut dire.

— Je suis prise ?

— C'est un essai. Pour le moment. Si tout se passe bien, vous pourrez avoir un CDD de 6 mois. Renouvelable et peut-être même finir en CDI. Votre profil m'intéresse et j'ai envie de vous donner votre première chance.

— Merci beaucoup ! Dis-je sans pouvoir cacher mon élan de joie. C'est un rêve de travailler dans votre si bel hôtel !

— Ravi de vous faire plaisir. Vous pouvez aller à l'accueil. Nelly va vous donner les documents à remplir et la liste des documents à nous rendre. Bonne journée, Elena, et à la semaine prochaine.

— Merci beaucoup ! Bonne journée à vous aussi et à lundi !

Je lui sers la main avant de sortir de son bureau. Je descends les escaliers. Je ne peux pas me retenir de pousser un cri de joie. Tous les clients de l'hôtel me regardent bizarrement. J'aurais dû être discrète... Je me dirige à l'accueil où Nelly m'attend. Son visage est fermé et elle semble me scruter de haut en bas. Me juge-t-elle ? Il ne faut pas que je me débine. Je vais lui montrer que je n'ai pas peur d'elle.

— Monsieur DURAND m'a dit que vous aviez des documents à me donner.

Elle me tend un dossier bien rempli.

— Tout est là.

— Merci. A lundi.

— Bonne journée à vous et merci d'avoir choisi notre hôtel pour votre court séjour.

Elle me sourit et reprend aussi vite son sérieux. Je sens que cette femme va me créer de nombreux problèmes.

∞ ∞ ∞

Dans la journée, Cynthia m'a appelée et j'ai décidé de lui parler et de lui annoncer la bonne nouvelle. Elle m'a conviée à fêter mon premier travail au Mangogo. Tiens donc, je me demande bien pourquoi elle veut qu'on aille au Mangogo. Ce soir, ce sera Lino et elle qui viendront me chercher. Ils ne devraient plus tarder.

Pour l'occasion, j'ai décidé de porter un sublime ensemble, rouge d'un côté et noir de l'autre, que mes parents m'ont acheté pour mon anniversaire l'année dernière. Une belle veste cintrée à manches courtes sublimée par un petit short et des talons noirs pour l'élégance.

— Quelqu'un frappe à la porte, ma chérie, crie Maman du bas.

— J'arrive, maman, c'est pour moi. Je sors ce soir pour fêter mon futur travail.

Je descends les escaliers et croise les regards fières de mes parents. Je leur souris et les prends dans mes bras.

— Nous sommes si fiers de toi. Manque plus qu'à le garder et que tu te fasses un peu d'argent de côté pour que tu puisses t'acheter tout ce que tu veux, ma fille.

— Je sais, Papa. C'est au programme. Pour le moment, je vais aller m'amuser et je rentre ce soir.

— Un petit SMS pour me dire que tout se passe bien, s'il te plaît, dit doucement ma mère.

— Promis, maman. À ce soir.

Je pars en fermant la porte derrière moi.