Mon empire

Carte bleue

     
      J'entends quelqu'un frapper à la porte de ma chambre. Je suis encore dans mon lit et je n'ai vraiment pas envie de me lever. Je mets mon oreiller sur mon visage pour m'enfoncer encore plus profondément dans mon matelas. La porte s'ouvre et je reconnais la voix de mon père.

— Ma fille, tu m'as demandé de te lever à 9 heures et il est 9 heures.

— Merci, Papa...

— Je t'ai préparé un petit déjeuner, si l'envie te dit.

— Merci, Papa. J'arrive.

      Il part en refermant derrière lui. J'ai vraiment le meilleur des Pères. Il m'a même préparé à manger, comme il sait que je vais aller ce matin faire des recherches pour trouver un travail et espérer me payer le permis et une voiture, et pourquoi pas un appartement et prendre mon envol. Je prends mon courage à deux mains et me lève de mon lit. Le reflet dans le miroir n'est pas des plus beaux. Mes cheveux sont en bataille et le filet de bava sur mes lèvres, prouvent que j'ai dormi comme un bébé.

      J'entre dans ma salle de bain pour me prendre une douche et me préparer en tenue professionnelle. Pour cela, j'ai choisi un tailleur noir avec chemise blanche. C'est très commun, mais cela fait toujours son petit effet devant les patrons.On verra bien si j'ai de la chance aujourd'hui. Une fois prête, je descends les escaliers et fais bien attention de ne pas tordre une cheville dans les marches.

— Tu vas où habiller comme ça, demande mon petit frère Ethan en mordant dans sa tartine et m'observant de haut en bas. On dirait ma prof.

— Je vais chercher du travail. Figure-toi que la vie, ce n'est pas seulement les jeux vidéo et les amis.

— C'est la vie que j'ai choisie, moi.

      Oui, pour le moment, mon petit frère n'a que 12 ans, donc pour lui, c'est la belle vie et seulement le collège le saoul mais ce n'est pas le cas pour moi.

— Bon, ça suffit tous les deux. Vous n'allez pas vous prendre la tête quand même ! On est lundi et j'ai envie de passer une bonne journée !

Il pose fortement son journal contre la table.

— Désolé, Papa.

— Oui, désolé, Papa, c'est elle qui a commencé à me chercher !

— C'est bon. Elena, finit ton chocolat chaud, je t'emmène en ville déposer des CV. Je te récupère à 16 heures.

      J'avale mon bol d'une traite et vérifie que je n'ai pas de moustache de lait au dessus des lèvres avant de prendre ma veste et de suivre Papa.

                                                                             ∞ ∞ ∞

      Tout le long du trajet de la route, Papa m'a posé de nombreuses questions pour me préparer à d'éventuels entretiens. Il à l'habitude de tout ça. Il a toujours eu du mal à trouver un travail qui lui plaît. Il a bien essayé de nombreuses fois, mais rien n'y fait. Il n'aime pas la vente, n'aime pas le marketing, n'aime pas le service à la personne et n'aime pas le service en restauration.

      Avec Maman on pense que papa n'aime pas le travail tout simplement, mais pourtant, elle continue de croire qu'il trouvera ce pourquoi il est fait, pour être un mari et père formidable.

— Nous sommes arrivés. Tu as retenu tout ce que je t'ai dit ?

— Oui, Papa. Ne t'en fais pas et je dépose seulement des CV alors je ne pense pas que j'aurai de rendez-vous aujourd'hui.

— On ne sait jamais.

      Il m'embrasse sur le front et je descends de la voiture avant de lui faire signe. Devant moi, de nombreuses vitrines de magasins en tout genre : Boutiques de vêtements, qu'on reconnaît grâce aux mannequins extérieurs habillés de leur collection, des boutiques de meubles de brocante, qui sent d'ici le vieux bois et l'humidité. Il y aussi des magasins de tapis en tout genre, des restaurants et un Top Office.