Mon empire

Retour à la vie normale...

      Le retour au travail s'est fait comme sur des roulettes. Ruben a été très heureux de me revoir. Nelly n'a eu aucune réaction quand je suis revenue : c'est comme si je n'étais jamais parti. J'ai retrouvé mon bel hôtel et mon travail d'hôtesse. Revoir des gens autres que Mattia et ses amis me fait un bien fou. Déjà 4 mois que j'ai retrouvé ma vie normale.

      Je suis retournée vivre chez moi et retrouver ma chambre et ma famille me fait du bien. Cynthia est toujours avec Lino. Je suis heureuse pour elle. Jamais je n'aurai pensé qu'un jour elle tomberait amoureuse et voilà qu'elle aime le meilleur ami de Mattia. Quelle ironie... De mon côté, c'est le néant. Je n'ai eu que quelques aventures d'un soir pour me faire du bien.

Des gars rencontrés par hasard dans des soirées ou dans les endroits du quotidien. Mon physique plaît toujours autant et je vois que j'ai toujours coeur à mater un beau gosse quand j'en vois, mais aucun dans mon coeur. Le seul prénom qui y règne est le sien... Combien de temps vais-je devoir encore attendre pour l'oublier et rencontrer quelqu'un d'autre ? Je n'ai eu aucune nouvelle de Mattia.

     Il me manque parfois, mais je me dis que c'est peut-être le destin. Chaque jour qui passe, je regarde, le soir, la télé en quête d'un braquage qui pourrait se passer . Je me demande si Mattia va vraiment le faire. En tout cas, je préfère oublier tout cela. C'est du passé. Aujourd'hui, je dois retrouver le Commissaire TORELLI. J'ai un peu la boule au ventre. Je n'arrive pas à franchir les portes.

      Je dois dire qu'aller voir la police alors que j'ai été hors la loi, dans le sens où j'ai quitté mon domicile de protection sans autorisation, ne m'enchante pas du tout... Je me demande quelle va être la réaction de cet homme. Vais-je me faire embarquer aujourd'hui et aller en prison ? Je pousse les portes du commissariat et me dirige à l'accueil.

      Une femme en uniforme m'accueille avec un air blasé. Je signale que j'ai rendez-vous avec le commissaire. On m'invite à patienter, puis enfin je le vois. Un homme d'une trentaine d'années, je dirais, plutôt bel homme. Il me sourit et m'invite à entrer. Son bureau contient des photos d'un petit garçon. Sûrement son fils. Je m'installe sur un fauteuil face à son bureau.

      À côté de lui se trouve un homme. Il est très beau. Il me sourit. Sur l'étagère, côté droit, se trouve une cafetière et des gobelets ainsi que des dossiers éparpillés sur les tiroirs déjà ouverts.

— Comment allez-vous ?

— Je vais bien, merci.

— Un café ? Me propose-t-il en s'en servant un.

— Non, merci. Je n'ai pas soif.

      Il repose sa cafetière et prend place sur son siège qui à l'air bien plus confortable que le mien.

— Je voulais vous voir pour savoir où vous en étiez dans votre vie. Demande-t-il en croisant les bras.

      Je jette un regard au bel homme. Il me fait un demi sourire et je sens mon corps frissonner. Son regard et son sourire le rendent magnifique que j'en perds mes mots. Je bredouille comme une enfant.

— Hum... Je... Tout va bien.

Je lui souris pour affirmer ce que je dis.

— Parfait. Pourquoi avoir fui la maison de protection ? Commence t'il de but en blanc.

      Il s'installe plus confortablement dans son fauteuil en attente de mes réponses. Je regarde aussi vite le jeune homme à côté de lui. Le Commissaire suit mon regard.

— C'est le Lieutenant . Il est là pour savoir lui aussi ce qui vous a pris de quitter les lieux sans autorisations.

— Vous avez quel âge, vous ? Demandé-je sans filtre au commissaire.