Mon empire

Le Valentino

      Julien m'aide à sortir de la voiture. Pour l'occasion, j'ai mis ma belle robe rouge rubis à dos nu et fendue sur la jambe droite et lissé mes cheveux. Il a sorti le grand jeu lui aussi. Son costume Cravate lui va vraiment bien. Il me sourit et je lui prends la main. Il me tire à lui. Je me retrouve collée à son torse. Je plonge mes yeux dans les siens. C'est vrai qu'il est vraiment beau, je devrais être heureuse d'être avec un aussi bel homme, mais je n'y arrive pas...

      Je dois me forcer. Peut-être que j'y prendrais goût ? Je l'embrasse. Il semble surprit. D'habitude, c'est toujours lui qui fait le premier pas. Il me rend mon baiser avant de me tendre son bras. Nous avançons. Il m'a invitée à manger au Valentino. Ce nom me dit quelque chose, mais je n'arrive pas à savoir quoi.

      Le restaurant est magnifique. La devanture ressemble au carnaval de Venise, avec ses masques au mur et les rideaux qui pendent tels la Comédia Del Arte. Venise. Une ville où j'aimerai aller, un jour. Une belle hôtesse nous incite à entrer et nous montre notre table. Je m'installe face à Julien et ôte ma veste. L'endroit est magnifique. De beaux lustres prônent la pièce. De grands miroirs ornent les murs et les couleurs sont dorées et blanches. Très luxe.

— Tu aimes ? me demande-t-il en prenant place à son tour.

— C'est magnifique !

— Pas autant que toi.

Il me dévore du regard et prend la carte.

      Son compliment devrait me faire plaisir, mais à la place, je ressens une énorme gêne dans la gorge. Une serveuse vient vers nous et note nos commandes. Lui, choisit un plat de spaghettis bolognaises aux truffes et moi, je choisi un saumon secret. Je ne sais pas ce que c'est, mais j'adore le saumon ! Il me tend la main. Je pose la mienne. Son contact est chaud et doux. Il caresse le dessus.

— L'endroit vous plaît, j'espère.

Cette voix.

Elle me rappelle celle de Mattia.

      Je tourne doucement mon visage vers l'homme qui vient d'arriver vers nous.

Il est là devant moi. Plus beau que jamais. Sa chemise noire ouverte sur son torse met en avant son teint bronzé. Son Jean bleu lui va à ravir. Je me demande s'il m'a reconnue lui aussi ? Je retire ma main de celle de Julien. Mon geste ne passe pas inaperçu à ses yeux. Il m'interroge du regard avant de lui répondre.

— Oui, ma femme et moi trouvons cet endroit sublime, n'est-ce pas, chérie ?

      Il me sourit. Tout me laisse à croire qu'il a deviné qui il était. Ont-ils des photos de lui dans la police ? Sait-il à quoi ressemble Mattia ? D'après son air serein et calme, je ne pense pas qu'il a deviné. Je décide de répondre. Julien m'attend.

— Euh... Oui, c'est très beau. Oui.

Mattia me regarde en souriant et hoche la tête.

— Ravie que cela vous plaise. Qu'avez-vous choisi ?

      Je me demande pourquoi il veut savoir cela ? J'ai du mal à le reconnaître... Il est tellement serein. Professionnel... Rien à voir avec celui qu'il était avant... L'ancien me manque...

— Pour moi, pâtes bolognaises, et pour ma femme, ce sera autre chose.

      Je déteste cette façon qu'il a de m'appeler sa femme. Je ne suis pas sa femme. Cela fait seulement 1 mois que nous sommes ensemble, et avant toutes choses, il faudrait que nous ayons des mois de relations, voire des années, pour m'appeler ainsi. Alors pourquoi le fait-il ?