CHAPITRE 23 : LE JEU DES MASQUES

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L’aube se levait doucement, baignant le manoir d’Alexandre dans une lumière pâle, presque spectrale. La nuit avait été longue, trop longue, et chaque seconde passée avait pesé sur les épaules de ceux qui y étaient restés éveillés, surveillant l’évolution du plan. Nathan, imperturbable, était toujours devant les écrans, les yeux rouges de fatigue mais sans jamais montrer de signe de faiblesse. À ses côtés, Alexandre ne parvenait pas à rester immobile, ses pensées toutes tournées vers Léna.

Les minutes s'égrenaient lentement, et même après avoir neutralisé les premiers assaillants, Alexandre sentait que la tension ne faisait que croître. Nathan, lui, semblait maître de la situation, contrôlant chaque étape du plan avec une précision qui déstabilisait même ses alliés. Pourtant, Alexandre ne pouvait se débarrasser de cette sensation d’urgence qui lui nouait l’estomac.

— Ils ne vont pas en rester là, souffla Alexandre, brisant le silence tendu. Ce n’était qu’une diversion, tu le sais aussi bien que moi.

Nathan hocha la tête sans détourner les yeux de l’écran.

— Je le sais. C’est pour cela que je suis en train d’analyser leurs communications. Ils ont dû penser que leur échec était dû à un manque de préparation. Mais c’est justement là où ils se trompent.

Alexandre se pencha en avant, les poings appuyés sur la table de contrôle.

— Je veux savoir où ils sont, où ils frappent ensuite, et surtout... comment on peut mettre un terme à cette mascarade une bonne fois pour toutes. Je refuse que Léna soit en danger une seconde de plus à cause de nous.

Nathan tapa quelques commandes sur le clavier devant lui, affichant une série de données complexes. Des noms, des visages, des communications interceptées, tout passait sous ses yeux. Il plissa légèrement les paupières.

— On y arrive, Alexandre. On est tout près. Ils ont commencé à paniquer, c’est pour ça qu’ils envoient de plus petites équipes. Ils craignent de révéler trop vite leurs positions ou leurs forces.

Lucas, qui jusque-là était resté silencieux, assis sur le canapé près de la cheminée éteinte, se leva enfin. L’inquiétude qui crispait ses traits était inhabituelle chez lui. Lucas n’était pas du genre à laisser ses émotions transparaître. Pourtant, cette fois, quelque chose en lui semblait sur le point de se fissurer.

— Il n'y a qu'une seule façon de mettre fin à tout ça, déclara-t-il d'une voix rauque. On doit les attaquer avant qu’ils ne reviennent. Prendre l’avantage, les surprendre. Si on attend trop, ils trouveront une faille dans notre plan.

Alexandre tourna la tête vers lui, ses yeux sombres se plissant légèrement.

— Tu veux dire qu'on devrait attaquer leur QG directement ? C'est risqué. Très risqué. Nous ne savons même pas exactement où ils sont retranchés.

Lucas hocha la tête, s’avançant vers eux, un air déterminé sur le visage.

— Nous avons une idée. Nathan a intercepté plusieurs communications, on sait à peu près où ils se trouvent. Si on frappe vite et fort, on pourra les déstabiliser avant qu’ils ne s’organisent davantage. C’est notre meilleure chance.

Nathan, toujours concentré sur ses écrans, ne fit aucun commentaire pendant un instant. Puis, finalement, il se tourna vers eux, les bras croisés.

— Lucas n’a pas tort. Attendre plus longtemps leur donnera simplement le temps de regrouper leurs forces. Mais une attaque directe pourrait aussi compromettre la sécurité de Léna. Tout dépend de la manière dont nous décidons de mener cette offensive.

Clara, qui était restée en retrait, plongée dans la lecture des rapports, leva les yeux. Elle avait un don pour déceler les failles dans les plans, pour voir les détails que les autres manquaient parfois.

— Si nous les attaquons maintenant, il faut s'assurer que Léna soit protégée, dit-elle d'une voix calme mais ferme. Nous devons être sûrs qu’ils ne tentent pas une dernière manœuvre désespérée pour la récupérer. Elle est toujours leur cible prioritaire, ne l’oublions pas.

Alexandre se redressa, sentant une colère froide s'élever en lui.

— Je ne veux plus qu’elle soit une cible, grogna-t-il. Nous devons la déplacer, la cacher mieux qu’elle ne l’a jamais été. Loin de tout ça.

Nathan hocha la tête.

— C’est prévu. Mais d’abord, nous devons nous assurer qu'ils ne suivent pas nos mouvements. Ils nous surveillent probablement de près, même s’ils n’osent plus envoyer de gros groupes depuis leur dernier échec. Je propose un déplacement en plusieurs étapes, avec des leurres. Clara, tu t'en occupes.

Clara acquiesça, déjà en train de réfléchir aux détails du plan de déplacement. Elle savait qu’une erreur, même minime, pouvait coûter cher.

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Pendant ce temps, à plusieurs kilomètres de là, Léna commençait à se réveiller. La lumière tamisée de la petite pièce où elle se trouvait ne l’aidait pas à retrouver ses repères. Elle cligna des yeux, tentant de chasser le brouillard de sa conscience, et une vague de douleur traversa sa tête.

Léna se redressa lentement, massant ses tempes, confuse. Elle se souvenait vaguement d’avoir été attaquée, puis tout était flou. Où était-elle ? Qui l’avait amenée ici ? Ses pensées tourbillonnaient, mais elle n’eut pas le temps de chercher des réponses. La porte de la pièce s’ouvrit brusquement, et une silhouette familière entra.

C’était le médecin, un homme aux cheveux grisonnants que Léna reconnaissait à peine, mais dont la présence se voulait rassurante.

— Ne vous inquiétez pas, Mademoiselle, dit-il d’une voix apaisante. Vous êtes en sécurité maintenant.

Léna fronça les sourcils, tentant de comprendre.

— En sécurité ? Où suis-je ? Que se passe-t-il ?

Le médecin posa une main légère sur son épaule pour la calmer.

— Vous avez été blessée, mais vous êtes entre de bonnes mains. Vos amis vous protègent. Nous avons dû vous déplacer pour garantir votre sécurité.

Léna hocha doucement la tête, encore trop désorientée pour poser davantage de questions. Pourtant, au fond d’elle, une angoisse sourde s’éveillait. Si elle était en sécurité, pourquoi sentait-elle une telle tension autour d'elle ?

Elle ferma les yeux un instant, essayant de se souvenir des derniers événements. Elle se rappelait la voiture, les coups, la douleur... Puis, cette sensation oppressante, celle de quelqu'un qui la traquait, qui la voulait à tout prix. Elle ne pouvait échapper à l’idée qu’elle n’était qu’un pion dans un jeu beaucoup plus grand qu’elle ne l’avait imaginé.

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Dans le manoir, Nathan ordonna enfin la mise en place de l’attaque. Il avait localisé un lieu, une cachette probable de l'organisation ennemie, où leurs communications convergeaient. Le plan était simple : frapper rapidement, semer la confusion et découvrir enfin qui tirait les ficelles de ce vaste complot. Alexandre et Lucas s’équipèrent en silence, chacun conscient de l’importance de la mission à venir.

Alexandre, pourtant, ne pouvait détacher ses pensées de Léna. Même en sachant qu’elle était sous bonne garde, une part de lui craignait pour elle. Chaque décision qu’il prenait désormais, chaque coup qu’il portait à ses ennemis, il le faisait en pensant à elle.

Lorsque les derniers détails furent réglés, l’équipe se mit en route. Le silence régnait dans les véhicules qui les transportaient vers leur cible. Chaque homme, chaque femme savait que l’affrontement qui les attendait pourrait tout changer. Ils étaient sur le point de démasquer l’ennemi, mais à quel prix ?

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Léna, de son côté, était désormais seule dans sa pièce. Le médecin était parti après avoir assuré qu’elle se reposait. Mais son instinct lui criait que quelque chose ne tournait pas rond. Elle se leva lentement, bien qu'encore faible, et se dirigea vers la porte. Elle n’était pas verrouillée. Prudemment, elle sortit, jetant des coups d’œil dans les couloirs déserts. Elle ne savait pas ce qu'elle cherchait, mais elle savait qu'elle ne pouvait rester là, passive, alors que tout semblait s'effondrer autour d'elle.

Léna n'avait aucune idée que, dehors, un combat décisif se préparait.

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