Âmes Étoilées Tome II

30-Retrouvailles Amères

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Centuries - Fall Out Boy

Naëlion

Le vent soulevait des nuages de poussière et de cendres au-dessus du champ de bataille, portant avec lui l'odeur âcre du sang et de la chair brûlée. Naëlion, le Prince de Sables, se tenait droit sur une hauteur rocheuse, le regard fixé sur les lignes ennemies qui ondulaient comme une mer d'ombres. En contrebas, ses derniers guerriers s'arc-boutaient contre la marée obscure, les lames frappant avec une détermination féroce.

Il avait perdu trop d'hommes à la frontière de Corintha. Les Kafirs, sa fidèle cavalerie, s'étaient brisés sur l'avance impitoyable du Roi Obscur. Et maintenant, le Sud de l'Evalera reposait entre ses mains et celles du commandant Sirius, dernier rempart avant l'anéantissement total du Sud. Il aurait dû ressentir le poids de la fatigue, mais seul un feu glacé l'animait : il ne pouvait pas se permettre de plier. Pas après tant de sacrifices. Pas alors qu'il voyait encore, dans l'obscurité de son esprit hanté, les visages de ses hommes tombés. Et elle. Lorelye.

Le fracas du combat l'en arracha. Son esprit, acéré comme une lame, s'affûta sur la seule pensée qui comptait encore : la victoire. Il ordonna une feinte. Ses troupes en première ligne simulèrent un repli désespéré, incitant les guerriers obscurs à s'engouffrer avidement dans la brèche. Naëlion attendit le moment précis où la masse ennemie dépassa le point de non-retour. D'un geste, il fit signe à ses flancs de refermer le piège. Les lanciers fondirent sur les côtés, enfermant les guerriers dans un couloir de mort. Ceux qui tentaient de fuir se heurtaient aux piques dressées dans leur dos, leurs cris se noyant dans le tumulte de la bataille.

Le sol se couvrait de cadavres. Les Kafirs survivants, galvanisés par la tactique de leur Prince, frappaient avec la force du désespoir, transformant leur désespoir en rage. L'ennemi pliait, reculait...

Jusqu'à ce que la marée se renverse.

Des tambours résonnèrent sur l'autre versant. Un grondement monta, sourd, terrible. Et ils surgirent.

Une vague infinie de guerriers obscurs, noirs comme la nuit, se déversa sur le champ de bataille. Une légion inhumaine, insatiable.

Naëlion comprit en un instant que le combat était en train de lui échapper. Son stratagème n'était plus qu'un feu de paille face à cet ouragan de ténèbres.

Ses hommes tombaient, un à un. Il pouvait presque entendre leurs voix s'éteindre dans l'abîme. Il brandit son épée, fendant l'air dans un arc brillant, découpant chair et armure. Mais pour chaque ennemi abattu, trois prenaient sa place.

Son cœur battait à tout rompre.

Et dans ce chaos, une pensée demeurait, lancinante.

Lorelye.

Naëlion se tenait droit, la foudre semblant danser autour de lui, le vent s'engouffrant dans ses vêtements comme une cape vivante. Ses yeux d'ambre brillaient d'une lueur presque surnaturelle alors qu'il avançait, chacun de ses pas résonnant comme un tambour de guerre.

Autour de lui, ses hommes, les Kafirs, en transe guerrière, scandaient son nom dans un tumulte assourdissant :

— Prince des Sables ! Leur fer brillait, leur rage enflammait l'air lui-même. Mais Naëlion ne voyait qu'une chose : l'homme qui lui faisait face.

Un général du Roi Obscur. Un humain, mais pas n'importe lequel. Il était bardé d'acier, son regard sombre et insondable, les cris de possédés et de soldats humains résonnant en écho :

— Général ! Général !

Naëlion sourit. Un sourire sans joie, empreint d'une ironie mordante. Il leva son épée, la pointant vers les cieux orageux, et tonna :