Je posai un pied dans le domaine de Keito Silva, mes bottes écrasant doucement les gravillons du chemin. La sacoche à mon épaule pesait, comme un rappel silencieux de tout ce que j'avais laissé derrière moi. J'avais déjà vécu dans des palais, des maisons si grandes qu'on s'y perdait. Le luxe, je connaissais. Mais cet endroit... cet endroit était différent. Pas de marbre clinquant, pas de lustres en cristal. Tout ici était fait pour durer, comme si chaque pierre posée avait une histoire, une utilité précise. Une froideur impeccable, à l'image du maître des lieux.
« Renata, toujours aussi silencieuse. T'as peur de tomber sous le charme du grand Keito Silva ou quoi ? » Fernando me glissa ces mots à l'oreille, incapable de tenir sa langue.
Je ne réagis pas immédiatement, mais un sourire étira mes lèvres. Fernando savait toujours comment briser le silence, et il le faisait avec une insolence qui me plaisait. « Si tu continues à parler, Fernando, c'est toi qui va finir par te faire virer. »
Il éclata de rire, attirant le regard de Diego et Louis qui marchaient juste devant nous. Les deux semblaient habitués à ses idioties, à cette légèreté qu'il apportait même dans les situations les plus tendues.
Keito nous attendait, droit et immobile comme une statue devant l'entrée de son immense maison. Son visage, impassible, ne laissait rien transparaître. Il me fixa un instant avant de tourner les talons et d'entrer sans un mot, nous laissant le suivre. C'était typique de lui. Pas de formules de politesse inutiles, juste du pragmatisme.
À l'intérieur, la froideur se faisait encore plus sentir. Les murs étaient d'un blanc cassé, sobres, presque cliniques. Aucune décoration inutile, seulement l'essentiel. Je m'attendais à cela de la part de Keito. Chaque chose à sa place. Un royaume de glace pour un roi sans pitié.
« Bon, et maintenant quoi ? On joue à cache-cache ? » Fernando lança ça avec un sourire narquois, alors que nous traversions un long couloir. Diego et Louis l'ignorèrent, comme à leur habitude. Moi, je ne pus retenir un léger rire.
Keito, lui, ne se retourna même pas. Il était trop habitué aux conneries de Fernando pour réagir. Pourtant, je pouvais sentir la tension dans l'air, la pression qu'il imposait à tout le monde. Ce type était une montagne de glace, et peu importe combien de fois Fernando essayait de le titiller, Keito restait imperturbable.
Nous arrivâmes enfin devant une porte massive. Keito l'ouvrit et se tourna vers moi, son regard perçant me clouant sur place. « Voici ta chambre. » Sa voix était froide, autoritaire, sans une once de chaleur.
Je jetai un coup d'œil à la pièce. Rien d'extravagant, mais tout ce dont j'aurais besoin était là. Un lit simple, un bureau avec un ordinateur dernier cri, une armoire à armes bien garnie, et une douche attenante. C'était fonctionnel, et c'était exactement ce que je voulais.
« Bienvenue chez toi, princesse. » Fernando me fit un clin d'œil, s'appuyant négligemment contre le cadre de la porte.
Je l'ignorai et entrai dans la pièce, déposant ma sacoche sur le lit. Je savais déjà que cette chambre allait devenir mon refuge pour les semaines à venir. J'avais appris à me faire discrète, à observer sans être vue, et ici, je comptais bien faire la même chose.
Keito se tenait toujours là, impassible. « Demain, on commencera à t'expliquer les règles. Mais je suis certain que tu les connais déjà. » Son ton était tranchant. Il savait que j'étais au courant de tout, et je le savais aussi. Mais le fait qu'il veuille tout de même me rappeler qui était aux commandes ici ne me surprenait pas.
« Évidemment que je les connais. » Je plantai mon regard dans le sien, ne cherchant pas à cacher mon assurance. « Je suis peut-être nouvelle ici, mais j'ai grandi dans un monde pas si différent du tien. Les règles sont les mêmes, peu importe le lieu. »
YOU ARE READING
Hacker au sang royal
Teen FictionDans les rues vibrantes de Bogotá, Renata, une jeune colombienne de 16 ans au caractère bien trempé, cherche à s'imposer dans un monde dominé par le crime. Fille d'un homme influent, elle est déterminée à prouver sa valeur loin de l'image de princes...