Que se passerait t'il si les créatures surnaturelles ne pouvaient ressentir que l'exaltation du sang et les plaisirs de la chair ? Ce serait le chaos.
Après tout, un homme se sent t'il coupable d'écraser une fourmi ? Alors pourquoi un vampire se se...
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Le soleil brillait dans le ciel en ce noble printemps de 1516. Les oiseaux gassouillaient dans le ciel et le vent soufflait sur la cime des arbres. Les prairies étaient si vertes que les animaux gambadaient dans l'herbe. Un doux parfum de fleurs annonciateurs du printemps flottait dans l'air.
C'était agréable, d'une légèreté qui n'avait d'égal que les doux rayons du soleil.
Nikolay souriait, le regard posait sur les récits politiques de François 1 er et les guerres qu'ils déclenchaient en Italie pour repousser les frontières. En tant que vampire, il aimait passer du temps à analyser les désirs humains et leur capacité à manipuler les leurs pour une cause qui leur semblait juste.
Le temps était écoulé, voilà maintenant plus d'un millénaires qu'il arpentait la terre. Il ne voyait plus la vie humaine de la même manière. Plus les années passées, plus il perdait la valeur de la vie humaine lorsque le gout de leur sang faisait frissonner ses papilles.
Après tout, les humains ne se souciaient pas de leur nourriture, alors pourquoi lui devait se soucier de la sienne.
Il n'était plus humain depuis bien longtemps, si bien qu'il en avait perdu la notion.
Il leva les yeux de son livre en entendant le doux rire de sa sœur parvenir à ses oreilles. Elle s'amusait à danser dans les draps en étendant le linge. Son doux parfum parvenait à ses narines.
Elle sentait aussi bon que le lilas qui fleurissait aux printemps.
Eleonora Blackwood.
C'était ce petit bout de femme chose qui le ramenait à son humanité.
Elle était comme une fleur d'une grâce et d'une beauté délicate. Elle connaissait qu'empathie et pardon ce qui lui avait parfois valu de se faire manipuler. Elle était la seule vampire qu'il connaissait qui ne cherchait pas à tuer et qui ne ressentait aucun désir sanglant.
Non, elle avait dû y le ressentir, mais elle préférait souffrir de douleurs pires que la mort plutôt que succomber à tuer.
Eleonora l'avait hait pour avoir écopée de sa malédiction mais la grande compréhension de sa sœur lui avait permis d'obtenir son pardon. Se nourrir de sang humain était pour elle une infamie, si bien qu'elle faisait promettre à son frère de varier les donneurs pour que jamais elle n'ait un mort sur la conscience.
Et elle en échange restait à ses côtés, lui prouvant une nouvelle fois, qu'il haïssait la solitude.
-"Nikolay regarde ce que j'ai trouvé pour faire mousser la lessive", rit t'elle en ramenant dans son panier en osier quelques plants de lavande qu'elle avait ramassé.
Un sourire aux lèvres, elle les écrasa pour les faire mijoter. Pour Nikolay, chaque sourire était un rayon de soleil et il se devait de la protéger. Il connaissait les humains, il savait à quel point ils désiraient le pouvoir et qu'ils détestaient ce qu'il ne comprenait pas.
Elle tourna alors les yeux vers lui.
-"Nikolay, je suis désolée de te déranger dans ta lecture, mais demain c'est mon anniversaire. Ça fait plusieurs siècles que je n'ai vu personne. J'aime beaucoup vivre dans ce coin reculé, mais le village est à des kilomètres et je n'y suis jamais allée. Je voudrais aller voir l'allée des lilas, on dit que c'est la plus belle de toute la France", clama Eleonora hésitante, la voix fébrile.
Elle essayait de parler avec des pincettes car elle savait que dès qu'elle essayait de convaincre son frère de sortir, il se mettait dans une rage noire. Elle avait l'impression même si elle était contente d'être à ses côtés, de vivre comme sa prisonnière.
Elle était vielle comme le monde et pourtant elle ne connaissait rien à la vie. Elle mangeait le sang que lui rapportait son frère, et n'avait jamais connu la ville. Elle restait cloitrée avec ses livres, imaginant à travers eux la beauté de l'extérieur.
Sa naïveté avait été entretenu et elle en avait marre. Marre d'être cette petite créature fragile qu'il faut surveiller. Marre d'être réprimandée comme si elle était la moins apte à survivre.
Comme le répétait si bien son frère, ils faisaient parti des prédateurs, alors pourquoi agir comme une proie ?
-"Je te l'ai déjà dit Eleonora, nous sommes des vampires, il est dangereux pour nous de sortir. Si on découvre notre identité, la nourriture se retournerait contre les prédateurs. Il est hors de questions que je te laisses y aller. Je te ramènerais un cadeau", s'emporta Nikolay en refermant brusquement son livre.
Eleonora sursauta mais ne tient pas tête à son frère, se contentant de se retourner en sentant les larmes monter à ses yeux. Elle n'aimait pas les conflits, pire que ça, elle les fuyait en s'enfermant dans sa chambre.
Mais à force de laisser le lilas dans le noir, il finit par se flétrir.
Elle s'isolait, mangeait à peine ne trouvant plus de goûts à ce long calvaire ennuyeux. Elle voulait sortir presque comme une envie vitale et viscérale de découvrir le monde. Elle en avait marre de se laisser faner, elle voulait s'épanouir à nouveau.
On désire souvent ce que l'on ne peut avoir, et Eleonora ne faisait pas exception.
Alors le soir de son anniversaire, elle fit le mur. Attrapant son panier en osier et revêtissant une tenue, elle courut jusqu'à la ville d'une vitesse surhumaine. Après tout, il la couvait trop, c'était bien elle aussi une vampire, et elle était plus forte que tout homme qui se mettait sur son chemin.
A peine arrivée, qu'elle en eut le souffle coupé, les lilas entourés de bougies étaient disposés dans la rue grimpant sur les murs et les façades. L'atmosphère était festives, les gens chantaient se tenant par la main au bord de la taverne.
Ils regardaient le ciel, brillant d'un milliers d'étoiles. C'était d'une beauté à couper le souffle. Eleonora dansa toute la nuit sous la chaleur du soir, parlant aux passants et se liant d'amitié avec les villageois.
En seulement une nuit, elle avait l'impression de vivre. Et devant cette allée de lilas somptueuse, elle avait l'impression de fleurir à nouveau.
Puis ce fut une habitude. Eleonara sortait les voir chaque nuit quand Nikolay était trop occupé pour penser qu'elle puisse faire une telle folie. Elle taisait son secret et dansait, vivait les potins jusqu'à ce que tout le village la connaisse.
Mais elle, seule un villageois l'intéressait. Un jeune homme charmant et séduisant qui s'avait la faire virevolter. Il aimait la poésie et la danse, parlant sans cesse avec cette authenticité qu'elle aimait tant. Elle se mit à adorer l'écouter, elle pouvait y passer des heures tant sa voix la berçait.